Mercure n°714 39e Année T. CCII 15 Mars 1928 |
REVUE DE LA QUINZAINE Une lettre de M. André Gide. Œdipe et le Sphinx ; 3 actes de Joséphin Péladan, chez les comédiens de la Croix-Nivert. En bordée ; 3 actes de MM. Pierre Vever et André Heuzé, à la Scala.
Edmond Barthèlemy : Histoire, 662. Jean de Gourmont (Le Journal, 23 février). Mosaïque italienne (Candide, 23 février). Anniversaires normaliens (Nouvelles Littéraires, 25 février). A propos de Sapho (Action Française, 25 février). Le Vagabond des Etoiles (Radio-Magazine, 19 février). Un quart d'heure avec M.Thomas Raucat (Candide, 23 février). Mémento. Auguste Marguillier : Musées et Collections, 699. Echos, 759. Mort de Paul Escoube. Ephémérides de l'affaire du Journal et de la Correspondance des Goncourt. Un pastiche du Journal des Goncourt par M. Charles Maurras. Yves Guyot et la publication de l'Assommoir. Un billet de M. André Maurois. A propos d'étiage. Errata. Le Sottisier universel. Table des Sommaires du Tome CCII, 767. La rubrique les Journaux, du Mercure de France, a paru depuis l'origine sous la signature de R. de Bury, pseudonyme de Remy de Gourmont d'abord, repris après sa mort par son frère, Jean de Gourmont, qui vient d'être enlevé prématurément, à l'âge de 51 ans, à l'amour des siens et à l'affection de ses amis. Dans la page littéraire du Journal, Georges Le Cardonnel consacre à notre ami disparu un excellent et très juste article que je regrette, faute de place, de ne pouvoir citer ici dans son entier : Jean de Gourmont, qui vient de mourir, était le frère de Remy de Gourmont. Il est né en 1877 au Mesnil-Villeman (Manche). Son premier ouvrage fut une étude sur Jean Moréas qui parut en 1905 dans la collection les Célébrités d'aujourd'hui. Il la terminait par ces mots : « Jean Moréas est un sage ; il est celui qui, n'attendant rien de personne, ne cherche son bonheur qu'en lui-même. » Ce jugement pourrait s'appliquer, sans y changer un mot, à Jean de Gourmont, dont la vie trop courte fut tout entière remplie par un amour sincère et désintéressé des lettres. Après avoir passé en revue les divers ouvrages de Jean de Gourmont, M. G. Le Cardonnel poursuit : Mais c'est dans sa collaboration de plus de vingt années au Mercure de France qu'il donna le principal de son effort, en tenant régulièrement la rubrique Littérature, dans laquelle il étudiait tous les ouvrages, à proprement parler littéraires, qui n'étaient ni des recueils de poèmes, ni des romans : œuvre critique où s'affirmait un esprit ingénieux, compréhensif, où se reconnaissait un disciple immédiat de Remy de Gourmont. Jean de Gourmont, (dont l'admiration pour son aîné ne se démentit jamais, fut à la fois, si l'on peut dire, le frère et le fils de son esprit. Personne, depuis la mort de Remy de Gourmont, ne servit mieux sa gloire. pp. 693-694 Mort de Paul Escoube. Paul Escoube est mort le 18 février, à Toulouse, après sept ans d'une maladie qui fut un martyre et ne lui permit pas même de trouver un apaisement dans ses travaux littéraires, qu'il dut abandonner. Il est mort exactement vingt-quatre heures avant Jean de Gourmont, frère de celui dont l'uvre et la personnalité l'avaient préoccupé, presque obsédé, durant sa courte vie active. « Nul aussi bien qu'Escoube, écrit M. Paul Hue dans un très bon article de la Dépêche de Toulouse, n'a compris et pénétré cet esprit complexe et si déconcertant. Nul n'en a parlé avec tant de sympathie, d'admiration, d'intelligence ». Il laisse un Remy de Gourmont et son uvre, puis La Femme et le Sentiment de l'amour chez Remy de Gourmont, et cette figure revient encore dans son ouvrage qui a pour titre : Préférences, où il étudie, avec ses remarquables facultés de pénétration et sa lucidité coutumière, Charles Guérin, Remy de Gourmont, Stéphane Mallarmé, Jules Laforgue et Paul Verlaine. Peu d'écrivains de Paris l'ont connu. Il était né à Carbonne (Haute-Garonne) en 1881, et avait fait ses études au collège de Saint-Gaudens, puis à Toulouse et à Paris. Son droit terminé, il était entré dans l'administration préfectorale, conseiller de préfecture à Rodez, sous-préfet de Lavaur sous les ordres de M. Bouju, qui était alors préfet du Tarn. En dernier lieu, il avait été nommé au Conseil régional de préfecture à Toulouse. Il y fréquentait un petit cercle d'amis : « Le Vent d'Antan », où se réunissaient autour du procureur général Granié, Marc Lafargue, Tristan Derême, le sculpteur Parayre, le peintre Gaudion, Touny-Lérys, le critique d'art Pierre Lespinasse. Paul Fort, de passage, s'y montra. Ce petit groupe revit aujourd'hui sous un autre nom : « Les Vingt», et a pour président notre collaborateur le docteur Voivenel. Escoube devait toujours y paraître : la maladie ne le lui a jamais permis. A. V. pp. 759-760 |