Petite chronique des Lettres (27 septembre 1905) |
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[...] M. Rémy de Gourmont de Gourmont ne veut pas nous parler de lui ni de ses projets personnels, il se contente de nous signaler la sélection qu'il prépare des « plus belles pages de Rivarol ». Dans les quelques lignes dont il commente son projet, ce maître écrivain l'un des esprits les plus fins et les plus érudits de ce temps nous dit des choses ironiques et charmantes, et qui font regretter qu'il soit si bref et réponde si peu... En ne trouvant pas dans le Figaro d'aujourd'hui la suite de vos curieuses chroniques sur notre prochain automne (ou hiver) littéraire, je suis pris de remords de n'avoir pas encore répondu à votre invitation. Je vous écrit de l'entour d'une gare par où je reviens et par où je vais repartir. Mes projets de littérature personnelle, laissons : je me décide souvent à la dernière heure. Mais je voudrais que le monde entier fût instruit de ceci : qu'il va paraître, par mes soins, une édition des Plus belles pages de Rivarol. Ce volume, fait en grande partie de feuilles si rares qu'elles se peuvent dire inédites, donnera enfin (je l'espère) la vraie physionomie de celui qui fut et l'homme peut-ètre le plus spirituel qui fut jamais, et le suprême et éloquent défenseur de la vieille monarchie expirante : Montesquieu,Voltaire et Bonald, en un seul. Mais un Bonald incroyant et un Voltaire qui aurait posé le sentiment en principe philosophique, et un Montesquieu qui, au lieu de dire que l'état de république ne se soutient que par la vertu, a cru (à tort, vous le savez) qu'elle est le champ fécond et naturel de toutes les sottises politiques, Si cet ouvrage contredit le présent sentiment populaire, veuillez croire mon cher confrère, que je n'y suis pour rien, et que je le regrette. Note des Amateurs : R. de Bury se fera l'écho de cette chronique dans le Mercure de France du 15 octobre, p. 610-611. Ph.-Emmanuel Glaser. |