PAUL LÉAUTAUD...................p. 385...Petit cours de langue française.
AMÉDÉE BÉJOT....................p. 390...Cas concrets.
JEAN-JACQUES MORVAN......p. 399...Heures blanches en marge de quelques nuits, poèmes.
OCTAVE NADAL.....................p. 405...Poétique et poésie des « Chimères ».
CHR.-D. GRABBE...................p. 416...Don Juan et Faust, Tragédie (I).
Adaptation de Michel Arnaud
HUBERT JUIN.........................p. 443... L'élégie vêtue d'osier, poème.
PIERRE GUÉGUEN.................p. 448...Florilège de l'Abbé Delille.
LADISLAS DORMANDI............p. 476... Les retraités, nouvelle.

MERCVRIALE

PIERRE MAC ORLAN, de l'Académie Goncourt : Chronique sur ondes courtes, p. 488. — GAÉTAN PICON : Lettres, p. 491. — PHILIPPE CHABANEIX : Poésie, p. 498. — DUSSANE : Théâtre, p. 503. — JEAN QUEVAL : Cinéma, p. 507. — RENÉ DUMESNIL : Musique, p. 509. — YVES FLORENNE : Disques, p. 514. — J.-F. ANGELLOZ : Lettres germaniques, p. 516. — RENÉ LYR : Belgique, p. 523. — JACQUES VALLETTE : Lettres anglo-saxonnes, p. 532. — PAUL ZUMTHOR : Lettres helvétiques, p. 538. — NINO FRANK : Italie, p. 543. — ROBERT LAULAN : Institut et Sociétés Savantes, p. 545. — JACQUES LEVRON : Sociétés Savantes de Province, p. 549. — A. MABILLE DE PONCHEVILLE : Variétés, p. 554.

GAZETTE

Mort de Marcel Roland. — [...].

Anniversaire de la mort d'Alfred Vallette. — [...].

Anniversaire de la mort de Remy de Gourmont. — Il y a quarante ans déjà (le 27 septembre 1915) disparaissait Remy de Gourmont (dont l'anniversaire fut rappelé vingt ans plus tard, dans un numéro spécial du Mercure, l-X-1935). Louis Dumur, qui fut avec lui un des fondateurs du Mercure, a souligné le rôle de ce grand critique, dans des pages dont nous donnons quelques extraits :

Lorsque, dans l'automne de 1889, le petit groupe qui se proposait de fonder le Mercure de France songea à s'augmenter préalablement de quelques collaborateurs, tandis que l'un allait chercher Jules Renard, que l'autre invitait Julien Leclercq, qu'un troisième s'assurait Albert Samain, le regretté Louis Denise, qui cataloguait à la Bibliothèque Nationale, nous dit : « Il y a à la Bibliothèque un homme extraordinaire, qui sait tout. Il a déjà publié dix volumes et cent articles sur tous les sujets. — Ce n'est pas un érudit qu'il nous faut ni un polygraphe, mais un écrivain qui soit des nôtres. — Il ne demande qu'à être des nôtres, affirma Denise, il est plein d'admiration pour Mallarmé et ne jure que par Villiers de l'Isle-Adam. Il écrit en ce moment un roman qui sera une révélation. — Amenez votre phénomène. » Ce phénomène était Remy de Gourmont.

(...) Le rôle de Gourmont fut capital ; son incomparable érudition d'une part, son intelligence critique de l'autre, rendirent à la cause symboliste les plus importants services. La connaissance des époque et des littératures où la symbolique prédomina devait être d'un précieux secours aux jeunes écrivains en quête d'images rares. Gourmont s'employa à leur ouvrir ces arcanes. Il y consacra un livre, Le latin mystique, magistrale étude sur les poètes de l'antiphonaire et la symbolique au moyen âge.

(...) Les nombreux portraits d'écrivains de ses deux Livres des Masques peuvent être considérés comme les premiers jalons d'une histoire de la période symboliste.

(...) Dans l'Esthétique de la langue française, il étudie la déformation des mots et les propriétés métaphoriques qu'ils acquièrent sous l'action de l'idée. Dans la Culture des idées, il s'attache à élucider les mystères du style et de la création subconsciente. Cette méthode de dissociation lui plaît ; elle seule permet de reconnaître ce que dissimule une idée faite. Car les idées sont trompeuses comme les mots. C'est le cas de la plupart des idées morales, comme le démontre impitoyablement le Chemin de velours, lucide et spirituelle décomposition de l'attitude de Pascal en regard de la morale des jésuites.

(...) En même temps, Gourmont se prend d'un intérêt marqué pour les diverses contingences de la vie publique. Comme Anatole France, auquel on peut si souvent le comparer, il s'amuse au spectacle mobile de l'histoire contemporaine. Elle stimule le jeu de jonchets de ses idées, dont elle lui fournit mille figurines. Le Mercure pour cet exercice lui tient lieu de plateau et il y jette, de mois en mois, ses fameux Epilogues, qui des années durant feront la joie, le délice, l'ébaudissement de milliers de lecteurs.

(...) Dans la collection de pages choisies qu'il dirigeait [au Mercure] et qui, sous le titre significatif « les plus belles pages » se présentait sur un plan nouveau n'ayant rien de commun avec les considérations morales et scolaires courantes, il produisait, à côté de Stendhal et de Gérard de Nerval, Musset, Vigny, Restif, Rivarol, Chamfort, Diderot, Saint-Simon, Saint-Evremond, Retz, Cyrano, Tristan. Un travail de déplacement analogue se produisait dans nombre de nos esprits, et en cela comme toujours Gourmont nous révélait notre propre transformation.

Paul Léautaud, qu'une commune admiration pour Stendhal rapprocha de Remy de Gourmont, le nomme souvent dans son Journal, en particulier en 1906. Notamment :

Lundi 5 novembre. — (...) Gourmont a décidément un penchant pour moi. A quoi cela tient-il ? Je me le demande encore plus que pour Schwob, tout en sentant, encore plus qu'avec Schwob, le prix, l'honneur — je peux bien écrire ce mot sans sourire — d'une pareille amitié. Il n'y a pas d'écrivain de la valeur de Gourmont à notre époque. Depuis que j'ai lu sa Nuit au Luxembourg, je veux lui écrire et j'ai peur de rater ma lettre.

Un point important dans mes relations si amicales avec Gourmont. C'est que je garde, c'est qu'il me laisse toute ma liberté de jugement, d'appréciation, de discussion. C'est la marque d'un grand esprit, et libre.


POESIE

AMOUR ET POESIE D'APOLLINAIRE par André Rouveyre (Editions du Seuil) ; [...] L'audacieux dessinateur de Carcasses Divines, du Gynécée et de Visages des Contemporains, admirateur toujours fervent de Jean Moréas et de Rémy de Gourmont, nous offre maintenant sous le titre d'Amour et Poésie d'Apollinaire un complément tout ensemble solide et raffiné de ses études précédentes. Ce livre de deux cent cinquante pages bien remplies débute par une reproduction du curieux film, exécuté dans une sorte de guérite en planches, qui représente les deux amis conversant et riant pendant la journée du 1er août 1914 [...].

Philippe Chabaneix.

p. 498.