SOMMAIRE

Remy de Gourmont : Du Style, ou de l'Ecriture.
A.-Ferdinand Herold : Les Bacchantes, (morceaux lyriques).
H.-G. Wells (Achille Laurent, trad.) : Une Orchidée extraordinaire, conte.
Jules de Gaultier : De Kant à Nietzsche : Introduction. I. L'Instinct vital, Platon, le Judaïsme.
Fernand Caussy : D'un Hiver tiède, poèmes .
Jean de Tinan : Aimienne ou le Détournement de Mineure, roman (fin).

REVUE DU MOIS
Remy de Gourmont : Epilogues.

Lettres devinées : III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X et XI. A M. de Vogüé, de l'Académie française.

Pierre Quillard : Les Poèmes.
Rachilde : Les Romans.
Louis Dumur : Théâtre.
Robert de Souza : Littérature.
Henri Mazel : Science sociale.
Albert Prieur : Sciences.
R. de Bury : Bilbiophilie, Histoire de l'Art.

[Môrias Egkômion]. Stultiae Laus. Des. Erasmi Rot. Declamatio. Recognavit et adnotavit. I. B. Kan. Erasm. Gymn. Rect. Emer. Insertae sunt figurae holbeinianae; Hagae-Com. apud Martinum Nijhofff, CICICCCCXCVIII. Une Bibliographie des "Petites Revues" (Revue Bilblio-iconographie, mars).

Jacques Brieu : Esotérisme et Spiritisme.
L. Bélugou : Chronique universitaire.
Rachilde : Notices Bibliographiques : Figures contemporaines.
Charles-Henri Hirsch : Les Revues.
R. de Bury : Les Journaux.

Sur quelques vers de M. François Coppée (Bulletin de la Presse, 2 mars), et le « Plagiarisme. » — Henry Houssaye à Waterloo (Echo de Paris, 16 mars). — Pensées de William Blake ( Le Fil d'Ariane, mars). — Les amours d'un chien et d'une louve (Temps, 27 mars).— Memento.

A.-Ferdinand Herold : Les Théâtres.
Pierre de Bréville : Musique.
André Fontainas : Art moderne.
Yvanohé Rambosson : Publications d'art.
Georges Eekhoud : Chronique de Bruxelles.
Henry-D. Davray : Lettres anglaises.
Luciano Zuccoli : Lettres italiennes.
Philéas Lebesgue : Lettres portugaises.
Zinaïda Wenguerow : Lettres russes.
Macrobe : Variétés : A propos de « La Philosophie du cliché ».
Mercure : Publications récentes.

Echos.


VARIÉTÉS

A propos de la « Philosophie du Cliché (1) ». — Un passage de cette étude, où il est question des images incohérentes, m'a fait souvenir d'un cahier de notes où j'avais recueilli jadis, en vue d'un travail tout différent, quelques phrases particulièrement bizarres. Les unes sont des lapsus échappés à de bons écrivains ; les autres semblent bien représentatives de certains faux talents « second Empire ». En voici un choix qui peut intéresser, ou du moins amuser les lecteurs du Mercure de France.

Le bruit du galop de son cheval, qui retentit sur le pavé de la pelouse, diminua rapidement. — BALZAC.

Comment, par quel filon mystérieux, cet homme a-t-il pu pénétrer jusqu'au pied du trône ? C'est ce que j'ignore. — GEORGES BELL.

Il essuyait par moments son front sur lequel le temps avait coulé en sueurs, tandis qu'il avait glissé sur le mien en tièdes haleines et en songes légers. — J.-M. DARGAUD.

Les plus grands esprits tourmentés par des inspirations nouvelles, écloses au souffle nouveau du temps, hésitaient à les enfermer dans les cadres consacrés. — OCTAVE FEUILLET.

A gauche de ce temple, s'élève un édifice à trois étages percé de fenêtres irrégulières, revêtu de beaux bas-reliefs, et unique en son genre, car il est le seul semblable qu'on rencontre en Egypte. — MAXIME DU CAMP.

Je la vis sortir de sa loge et s'envelopper elle-même dans un manteau doublé de la fourrure d'une hermine précoce. — JULES JANIN.

Monsieur, je vous requiers de me suivre à l'instant, ou j'assume sur vous une grande responsabilité. — ARSÈNE HOUSSAYE.

Maintenant l'ancien palais des rois maures servait de villa de retraite et bientôt peut-être de tombeau à une jeune femme qui dormait sur son lit de douleur. — SCRIBE.

Poitiers, son berceau natal. — GOZLAN.

Ils s'étaient empressés de mettre à sa disposition les trois cent soixante-cinq chambres, car on dit que cet édifice avait autant d'appartements que de jours dans l'année. — SCRIBE.

Si ce roman a une morale, quoiqu'il n'en affecte d'aucune sorte, c'est que d'une courtisane ou née pour l'être on ne saurait tirer ni une épouse, ni une mère. — CUVILIER-FLEURY.

Meure du globe entier la structure mouvante
Plutôt que de manger mon pain dans l'épouvante !
JULES LACROIX.

Je sais de quels arguments vous avez coutume de soutenir vos effrayants vertiges ! — O. FEUILLET.

Un cri de désespoir, un cri surhumain et corrosif comme un tamtam ! — MÉRY.

De rapides réflexions se pressaient dans son esprit et venaient successivement s'écrire sur son front où se succédaient de vives physionomies d'impatience et de colère. — FRED. SOULIÉ.

Deviez-vous pas mieux soigner d'un œil austère,
L'honneur dont vous étiez le seul dépositaire ?

... Nous vivons environnés de mers
Et loin du continent et de tout l'univers.

Et dévouée à tous, je donne à ma patrie
Le lieu qu'aurait un seul à mon idolâtrie.

Plus vous vous amassez de hontes à contraindre,
Plus en se dévorant la vengeance est à craindre. PONSARD.

Et souvent mes cheveux s'agitaient comme si chacun d'eux fût vivant. — JULES LACROIX.

Le pépin du mécontentement n'allait pas tarder à pousser dans son cœur. —— CHAMPFLEURY.

Cela fait, il lui dit : Nous allons allumer chacun son fourneau et faire cuire chacun sa livre de viande. — FÉLIX MORNAND .

... De nos moutons, c'est assez nous distraire,
O grand législateur ! Revenons à mon frère

....Soyez témoin pour elle
Bois pleins d'ombre et de mousse où rit la tourterelle !

Une fois enrichi, son appétit d'argent
N'aura-t-il pas grandi, comme on dit, en mangeant ?

A des conseils tardifs, pourquoi me mettre en butte ?

—Vous avez à causer ; ma malle me réclame.
—Bon voyage, Monsieur, mon respect à Madame.

Il est doux de sauver un homme qui se noie,
... Je me fais recevoir
De la société des naufrages, ce soir.

—Je n'ai donc nul espoir de faire mon chemin ?
?Dame! si vous n'avez pour salut d'autre planche
Que moi...
—Votre amitié branlerait-elle au manche ?

Depuis un bien longtemps, je te cherche et révère.

—Et ne comprenant pas que ce cœur incertain
Avait bien plus besoin d'être allumé qu'éteint
Elle s'est empressée à grand renfort de pompes...
—Tu te trompes, Mathilde, oh ! certes, tu te trompes !
EMILE AUGIER.

On ne peut rien ajouter de plaisant après ces quelques vers, à peine choisis entre dix mille autres, aussi mauvais quoique pas toujours aussi drôles, du célèbre cacographe.

Je me bornerai donc pour finir à souhaiter qu'on grave sur le socle de sa statue ce demi-vers exquis :

Ma malle me réclame. EMILE AUGIER.

Et ayant lu, on s'en irait rêveur, quoique dise un autre académicien, presque aussi illustre :

Non, cela, c'est trop beau pour pouvoir arriver ;
Ne me fais pas rêver, ne me fais pas rêver
!

Il n'est pas mort : il aura, lui aussi, son heure de gloire.

MACROBE.

(1) La Philosophie du Cliché, par Remy de Gourmont (Mercure de France, n° 109).