LXXVII N°278 16 janvier 1909 |
PAUL LOUIS : Crise d'Orient REVUE DE LA QUINZAINE REMY DE GOURMONT : Epilogues : Dialogues des Amateurs : LXXVII. Messine Echo LES ROMANS Remy de Gourmont : Couleurs, « Mercure de France », 3.5o. Fernand Kolney : L'Amour dans cinq mille ans, chez l'auteur, 3.5o. Charles Derennes : La Guenille, Michaud, 3.5o. Albert Boissière : Un crime a été commis, Pierre Lafitte, 3.5o. Gilbert de Voisins : Les Moments perdus de John Shag, Bernard Grasset, 3.5o. Valentine Gibert : L'Image virtuelle, Librairie universelle, 3.5o. Célestin Pontier : Les Pourpres, Bernard Grasset, 3.5o. Jean Bertheroy : Conflit d'âme, Ambert, 3.5o. Amédée Rouguès : Le jeune Rouvre, Ollendorff, 3.5o. Brenn : Les Rebelles, Pages libres 2 fr. Léonce de Larmandie : Un coup d'état au XXe siècle, L'Édition, 3.5o. Paul Bourget : Les Détours du cœur, Plon, 3.5o. Jules Renard : Ragotte, Arthème Fayard, 3.5o. Couleurs, par Remy de Gourmont. Du temps de Pharamond et au siècle de la réclame littéraire, ou de pauvres diables d'arbres sont forcés de porter d'illustres pseudonymes, l'amour eut toujours le même geste, un geste laid. Dans un décor de pierres monumentales, dans les vertes perspectives d'une forêt, en culotte de soie, en mollets nus, l'amour eut toujours l'aspect d'un singe, qu'il fût ou non déguisé courtoisement. Cela devrait mortifier la pauvre humanité. Remy de Gourmont dit : couleurs, comme un malin dirait : couleuvres, et sous une couverture plumes de paon il nous fait avaler cette odieuse pilule de chair, la même éternellement, remède à prendre par le haut ou par le bas, bon à dégoûter toute autre race que la race animale. L'amour n'est tolérable, en peinture ou en littérature, qu'avant le renversement du pot de crème... Vraiment, en contemplant cette belle image de Willette, j'ai compris pourquoi d'honnêtes gens préfèrent encore tous les vices à la banalité du geste de la reproduction. Je les préférerais, moi, sans aucun vêtement, ces deux petits êtres à la fois si factices et si mal fichus ; mais ils sont habillés de cette célèbre fumée de pipe qui remplace à la fois le tailleur et la nature dans les ateliers de Montmartre; ils sont Louis XV... comme une fontaine Wallace ; ils sont lourds, terriblement lourds, pis que lourds, gras, et chose plus extraordinaire, presque originale, ils n'ont à eux deux qu'une seule main, une main épaule-de-mouton, farouche, monstrueux symbole de l'union qui fait la paillardise, sinon la force de leur silhouette compliquée. Il y a dans ce livre, sous cette couverture indiscrète, des perles. On en trouve souvent entre les plis intérieurs, bleuâtres et irisés des grosses huîtres qui ont aussi des stries noires sur leurs coquilles fermées, tels des rubans de velours, genre de plus en plus Louis XV des fontaines publiques. Ces perles ne sont pas d'un orient très pur sous le rapport de la morale, mais elles sont au moins d'un meilleur style que celui de Montmartre. Vraiment Remy de Gourmont pourrait se passer d'un pavillon. Couleurs sur couleurs, c'est une faute d'héraldisme, sinon de goût, et cette main, si malencontreusement indicatrice, cette main épaisse, a un peu trop l'air d'écrire le mot sur la chose. p. 301-302. LITTÉRATURE Ad. Van Bever et Paul Léautaud : Poètes d'Aujourd'hui. Morceaux choisis, accompagnés de Notices biographiques et d'un Essai de Bibliographie. Nouvelle édition,corrigée et augmentée, 2 vol. in-18, 3.5o chac., « Mercure de France ». Martin-Mamy : Païens d'Aujourd'hui. Première série. 1 vol. in-8, 3.5o, Albin Michel. La Poésie symboliste. Nos Maîtres et nos Morts, par P.-N. Roinard. Les Survivants, par V.-E. Michelet. La Phalange nouvelle, par G. Apollinaire, 1 vol. in-18, 3.5o, « L'Edition ». Etienne Belot : Notes sur le Symbolisme, 1 vol. in-16, 1.5o, L. Linard. A propos des Articles de Paris de Georges Nor-mandy. Cette nouvelle édition des Poètes d'aujourd'hui, que nous donnent MM. van Bever et Paul Léautaud, est une refonte complète de cet ouvrage, qui s'est augmenté d'un second tome. L'œuvre des poètes déjà mentionnés dans la première édition y est étudiée d'une façon plus méthodique, plus définitive; les choix y sont plus abondants, et leur importance graduée sur l'importance des auteurs. Les notices consacrées à chacun de ces poètes sont parfaites et d'une grande justesse de critique : elles sont respectueuses des grands talents et savent atténuer, par une imperceptible ironie, la gloire peut-être un peu hâtive accordée par l'opinion à quelques-uns de ces porte-lyres. J'insiste : ces notices font de cet ouvrage un livre de critique important, que ceux qui s'occuperont de la poésie contemporaine ne pourront désormais ignorer. D'ailleurs, la méthode de composition de la première édition a été conservée, avec ses richesses de renseignements biographiques, biblio et iconographique. On nous l'a beaucoup empruntée, cette méthode, disent les éditeurs, dans leur introduction, « pour des ouvrage » analogues au nôtre et que son succès semble bien avoir surtout inspirés ». Quelques poètes nouveaux ont été introduits, intronisés, dans ce nouveau recueil ; quelques-uns oubliés jadis, volontairement, parce que leur œuvre de prosateur les désignait surtout à l'admiration; d'autres, nés depuis à la gloire. Voici, quelques-uns de ces noms, désormais consacrés : Lucie Delarue-Mardrus, Emile Despax, Fernand Gregh, Gérard d'Houville, Léo Larguier, Maurice Magre, Albert Mockel, comtesse Mathieu de Noailles, P.-N. RoinarJ. Henry Spiess, etc. Que signifient ces noms nouveaux, au point de vue de l'évolution delà poésie ? Peut-être une rétrogradation vers la sagesse parnassienne. Le grand maître de ces poètes est Victor Hugo, semble-t-il : ce sont des poètes éloquents, plutôt qu'intime, et qui paraissent avoir oublié l'art poétique de Verlaine. Je ne critique pas le fait, je le constate, un peu affligé seulement de remarquer que l'influence de Hugo, cet orateur poétique, se fasse encore sentir sur notre poésie actuelle. Les éditeurs de cet ouvrage nous avouent encore qu'ils s'attendent à quelques objections « tant sur le choix des poèmes que sur le choix des noms ». Sans doute, quelques jeunes poètes, dont les noms viennent sous la plume, auraient pu trouver leur place dans cette anthologie, mais qu'ils attendent avec patience : je leur dirai en secret qu'ils ont beaucoup plus de talent que la plupart des nouveaux venus, dans ce recueil. p. 306-307. LES REVUES La Revue hebdomadaire : Victorien Sardou conteur. La Rénovation esthétique et les Chimères : poèmes de Mme Marie Huot et de M. X. Thylda. La Revue : les hommes classés en bromides et sulfites. Revue bleue : un essai de M. Alfred Fouillée sur « la propriété ». Memento. LES JOURNAUX En l'honneur de Julien (Le Temps, 27 déc.). La réforme de l'orthographe et les imprimeurs (Bibliographie de la France, 18 déc.). ÉCHOS Une lettre de M. Camille Mauclair. L'Anniversaire de la mort de Paul Verlaine. Sur les origines de l'Angelus. L'Exposition annuelle de l'Association des Artistes de Paris. L'Art à Monte-Carlo. Un poète Toulousain-Franco-Russe. Publications du Mercure de France. Le Sottisier universel. § Publications du Mercure de France. ..................................................................................................................................................................... Le GYNECEE, Recueil de Dessins inédits de Rouveyre, 1907-1909, précédés d'une glose par Remy de Gourmont. Album in-8 carré de 200 pages. Exemplaires sur simili-japon, 20 fr. ; sur vergé d'Arches, 4° fr. § Le Sottisier universel. LES ENFANTS SEULS [titre]. La jeune Renée Marcel, trente-sept ans, qui se trouvait seule dans le logement de ses parents, 22, cité Guénot, a mis le feu accidentellement à sa jupe et a été grièvement brûlée. Le Journal, 31 décembre. Des bandes de malfaiteurs se sont organisées, venant on ne sait d'où, fouillant les ruines, achevant les cadavres, etc. Le Temps, 4 janvier. Le tremblement de terre a emporté toute la population, morte ou vivante, à la mer. Le Temps, 4 janvier. L'autobus, poussé par ses voyageurs, les chevaux ne pouvant suffire à leur tâche. Les Sports, 2 janvier. Pendant plusieurs mois, il a fallu croix et bannière pour reconnaître quelle était, des quatre statues du Pont des Arts, celle qui avait Pradier pour auteur. L'Eclair, 17 décembre. |