E. Herpin : Les Tiroirs de Chateaubriand
André Rouveyre : Visages : LXI. Le Chevalier Greco et J. Joseph-Renaud
François Porché : La Neige et l'Enfant, poésie
Raymond Schwab : Maeterlinck, le Sage des jours ordinaires
Marcel Coulon : Moréas « dévoilé » (fin)
Julien Ochsé : Poésies
Legrand-Chabrier : Le Centenaire d'un livre
Louis Roussel : La Prononciation du latin
Albert Erlande : Il Giorgione, roman (suite)

REVUE DE LA QUINZAINE
Remy de Gourmont : Epilogues : Lettres d'un Satyre (VI)
Pierre Quillard : Les Poèmes
Rachilde : Les Romans
Jean de Gourmont : Littérature
Edmond Barthèlemy : Histoire
Georges Palante : Philosophie
Gaston Danville : Psychologie
Charles Merki : Archéologie, Voyages
Henri Mazel : Science sociale
José Théry : Questions juridiques
Charles-Henri Hirsch : Les Revues
R. de Bury : Les Journaux
André Fontainas : Les Théâtres
Auguste Marguillier : Musées et Collections
Henry-D. Davray : Lettres anglaises
Jacques Daurelle : La Curiosité
Mercure : Publications récentes, 442. Echos


LITTERATURE

Stendhal : Journal d'Italie, publié par Paul Arbelet, 1 vol. in-18, 3 fr. 50, Calmann-Lévy. — Jules Bertaut : La Jeune fille dans la Littérature Française, 1 vol. in-18, 3 fr. 50, Louis Michaud. — André Spire : J'ai trois robes distinguées, 1 vol. in-12, 2 fr. 50, « Les Cahiers du Centre ». — Edmond Faral : Les Jongleurs en France, au Moyen Age, 1 vol. in-8°, 7 fr. 50, Champion. — Anthologie de la Littérature japonaise, des origines au XXe siècle, par Michel Revou, 1 vol. in-16, 3 fr. 50, Delagrave.


PHILOSOPHIE

Eucken : Les Grands courants de la pensée contemporaine ; 1 vol. in-8, 10 fr., Alcan. — Seillière : La Philosophie de l'Impérialisme, 1 vol. in-16, 2,50, Alcan.


LES REVUES

La Revue : M. Charles Géniaux parle des rebouteurs, de leurs moyens, de leurs méfaits, et propose un remède pour les combattre. — Graecia : un beau poème de Mme Judith Gautier. — La Nouvelle Revue : prose du général de Gallifet. — La Revue hebdomadaire : M. Maurice Donnay sur le jargon des précieuses. — Vox : son but, le style de ses rédacteurs. — Memento.

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MEMENTO. — La Revue de Paris (15 février) : M. Romain Rolland : « Tolstoï. » — M. Norbert Lalié : « Les Rats et la Peste. » — M. André Maurel : « Un Pèlerinage en l'honneur de P.-L. Courier. »

La Grande Revue (10 février) : M. Eugène Montfort : « A Naples. » — M. F, Caussy : « La Mission diplomatique de Voltaire . » — M. M. H. Coulon et R. de Chavagnes : « Pour la libération du Mariage dans l'armée. »

La Vogue française (15 février) : numéro consacré à M. Maurice Magre, avec un choix de ses poèmes, une étude de M. Emile Zavie, un portrait gravé sur bois par M. André Mare.

Les Guêpes (février) : de M. J.-M, Bernard : « En marge de deux livres de Han Ryner. »

La Revue (15 février) : M. Camille Mauclair : « Le Livret d'opéra. » — M. P. Stapfer : « La Crise du Français. »

Athena (10 février) : M. G. de Narfon : « Les Droits du journaliste catholique. »

Revue bleue (11 février) : M. Paul Flat : « M. H. Bernstein. » — M. J. Lux : « Humour anglais. »

Revue des Poètes (10 février) : Poèmes de M. M.-F. Plessis, J.-E. Poirier, Mlle M.-L. Vignon, R. Georgin, N. Nouet.

L'Amitié de France (février-mars-avril) : De beaux vers de M. Louis le Cardonnel : Prœconium paschale. — Une forte étude de M. L. Guillot sur l'œuvre de ce poète. — Une page exquise de M. Francis Jammes sur les Odes de M. Paul Claudel.

La Revue du mois (10 février) : M. P. Langevin: « Un célèbre physicien français : V. Regnault. » — Colonel Spero : « La Démocratie armée. »

La Revue critique des idées et des livres (10 février) : M. F. Herluison : « Maurice Barrès et le problème de l’ordre. » — M. H. Clouard : « L'œuvre d'Henri de Régnier. » — M. P. Gilbert : « Le Sémitisme au théâtre. »


LES JOURNAUX

Le Problème (La Dépêche, 26 février) — Le Chevalier Destouches (L'Intermédiaire, 20 février).

M. René Albert Fleury a questionné quelques-uns de ses contemporains sur la question de la survie — étrange survivance, en effet — ou plutôt sur ce point particulier : Est-ce que le néant, si vous en aviez la certitude, ne gâterait pas, jusqu'à leur ôter même toute saveur, les plaisirs terrestres ? La Renaissance contemporaine a publié les réponses obtenues par M. Fleury et la Dépêche en a relevé quelques-unes, avec commentaires de M. de Gourmont, qui semble avoir été frappé par celle de M. J.-H. Rosny et par celle de M. F. Le Dantec, toutes les deux d'une évidente sincérité d'expression. Voici la principale question de M. Fleury, celle qui résume toutes les autres : « La raison ne doit-elle pas admettre que si la mort est néant, abolition de la conscience et de la mémoire, la vie terrestre perd toute sa valeur ? »

Après quelques objections M. R. de Gourmont ajoutait :

Tout le monde sait, du moins à un certain âge, que les amours les plus ferventes ne sont pas éternelles et cela ne nous empêche d'aimer toujours avec la même confiance, le même aveuglement. On peut même dire que c'est parce que les choses sont fugitives que nous les aimons. Nous aimons les fleurs qui vont se faner, le soleil qui va disparaître, les lumières qui vont s'éteindre. L'éternité des choses nous donnerait un étrange rassasiement ou une étrange indifférence. Que M. Fleury relise dans les Voyages de Gulliver l'histoire des hommes immortels et il verra quelle horreur s'attache à la durée infinie des hommes. Mais je ne veux pas insister davantage parce que quelques-uns des correspondants de M. Fleury semblent partager son sentiment et que je veux respecter leur pensée. La réponse de M. Rosny, par exemple, ne laisse pas d'être, à ce point de vue-là, assez troublante : « Pour mon compte, depuis bien des années, la mort pourrit toute joie. Et plus j'avance en âge, plus il me paraît inutile d'être né. » Mais Rosny est trop philosophe pour ériger en règle universelle une impression personnelle et il ajoute : « Pour tous ceux, et ils sont légion, qui entrevoient à peine la mort et qui n'y songent presque jamais, la vie peut être délicieuse. Le pessimisme et l'optimisme ne dépendent pas d'un argument, ils dépendent de la quantité d'illusion et de la puissance de prévision des individus. Tant que les hommes seront construits pour l'optimisme, aucune raison, bonne ou mauvaise, ne les convertira pratiquement au pessimisme. » On n'en retiendra pas moins le sincère aveu par quoi débute la lettre. Il y a des esprits qui ne pensent qu'à vivre ; il faut bien reconnaître qu'il en est d'autres que la préoccupation de la mort ne quitte guère et leur vie en est toute gâtée.

Il en est tout différemment de M. Le Dantec. L'idée de la mort le réjouit quoiqu'il aime assez les plaisirs de la vie. Sa réponse me plaît beaucoup, je l'avoue. Si tous les hommes pouvaient être ainsi, le « problème » n'existerait pas : « Carpe diem ! C'est une vieille formule qui est toujours bonne. J'ai assisté hier à un concert délicieux pendant lequel J'ai éprouvé de grandes joies. Je ne me souviens plus aujourd'hui d'un seul des motifs mélodiques qui m'ont bercé. Et cependant je recommencerai samedi prochain, si rien ne m'en empêche. Je ne suis donc pas de votre avis, quand vous dites : « On juge les choses sur leur fin ; l'issue de la vie est le néant, donc la vie ne vaut rien. » Vous en demandez trop ; vous êtes trop exigeant. Pour ma part, je ne suis pas fâché de penser que je mourrai un jour complètement. Je n'aimerais pas un concert qui n'aurait pas de fin. Ma vie a de la valeur pour moi pendant que je vis. Je vous abandonne le reste. » N'est elle pas charmante, cette lettre, qui répond sur un ton enjoué au questionnaire presque désespéré de M. FIeury ? Quel sage que M. Le Dantec et comme sa pensée est limpide ! Il faut la méditer et s'en imprégner. Je la recommande à M. Rosny : « Je n'aimerais pas un concert qui n'aurait pas de fin. »

Plus loin :

Aussi bien il faut s'en tenir, pour résoudre le « problème », aux données immédiates de l'observation, c'est-à-dire de la science la plus élémentaire. Tout ce qui vit meurt, et meurt entièrement. On ne voit pas pourquoi l'homme échapperait à cette condition même de l'être. Il ne se distingue des autres mammifères par aucun organe spécial. Sans doute, son cerveau est un peu plus développé, et la pensée, qui en est la sécrétion, comme disait Taine, est un peu plus active et plus complexe, mais un cerveau d'homme et un cerveau de mouton sont faits de la même matière exactement, matière que la mort de l'individu dissout et rend, par conséquent, impropre à la fonction qu'il remplissait. La pensée n'est pas quelque chose qui se promène dans les airs, c'est le produit d'un organe. Plus de cerveau, plus de pensée. La pensée est liée à l'intégrité et au bon fonctionnement du cerveau, au point qu'une simple piqûre dans la matière cérébrale ou sa plus bénigne inflammation abolisse ou restreigne considérablement le mouvement psychique.

A la suite de cet article, M. de Gourmont a reçu une belle réplique de M. Fleury, qu'il nous communique en nous priant de la publier. Ne faisant pas de prosélytisme, ce qui est bien loin de son caractère, il tient à ce que, dans ce débat, le dernier mot reste à celui qui l'a provoqué :

Condom.

Cher Monsieur,

Votre article m'a rendu allègre, parce qu'il lance avec une force accrue par la valeur de votre nom et l'importance du journal où il a paru, la question à laquelle MM. Bergson, Barrès et Faguet répondirent en bêlant. Laissez-moi donc vous remercier vite et bien et discuter encore avec vous. Vos critiques m'ont affermi dans ma conviction. De même les objections dont nous frappons le catholicisme sont pour les croyants des motifs plus forts de croire. Je corresponds avec Paul Claudel, qui est consul de France à Prague, ami de Francis Jarnmes, qui me recommanda, et fervent chrétien. Dans une lettre toute récente j'ai rassemblé toutes les raisons anciennes, et nouvelles, communes et personnelles, de rejeter les deux testaments et ce qu'on en tira. Or, je ne l'ébranlerai pas plus, ce croyant qui pourtant est un esprit supérieur, que vous ne m'avez ébranlé. Mais il est doux de controverser. C'est un jeu et j'adore jouer au tennis. (Nous en avons un ici et j'en suis l'une des « âmes ». Je ne manque pas, vous le voyez, de distractions.)

Donc je persiste à penser que la vie, bornée à la mort, est dénuée d'importance et de prix. Vous dites : « M. F... semble nous donner le choix entre le néant et la vie éternelle, comme si notre opinion pouvait être de quelque poids sur le destin ? » Il n'en est pas tout à fait ainsi : je parle et surtout je pense non à l'objectif, mais au subjectif. Mon idée est exactement la suivante : « Si vous ne croyez pas à un au-delà conscient, vous ne pouvez trouver aucune valeur à la vie présente et vous devez estimer équivalents tous les contraires. » Et mon idée est telle parce que précisément j'ignore, moi, s'il y a, oui ou non, une survie. Je souhaite qu'il y en ait une : je n'en sais rien. Mais il y a des gens qui savent qu'il n'y en a pas. C'est à ceux-là que je demande d'être logiques et de retirer tout sens et toute portée « à l'éclair qui brille, fugitif, entre deux nuits éternelles ». A quoi sert d'aimer, s'il faut oublier ? chante la chanson. A quoi sert de vivre s'il faut oublier, devrait avouer, comme Rosny, comme Leconte de Lisle, comme Mauclair, M. Le Dantec, dont la pensée est « un peu trop limpide ».

Vous dites : « En quoi, si la mort, ce qui est bien probable, est la fin certaine de la vie, devient-il indifférent d'être, durant cette vie, heureux ou malheureux ? Les hommes ne pensent pas ainsi ».... Certes. Mais les hommes ne réfléchissent pas. La plupart ne songent jamais à la mort. Elle les surprend toujours. L'instinct seul les mène et il est indéniable que l'instinct prend à la vie un plaisir souverain. Chez quelques-uns même la vision intermittente de la tombe exaspère cette volupté. Mais — et je crois vous avoir fait déjà cette remarque — le charme de la vie n'est pas la valeur de la vie. Personnellement, vivre me passionne ; je suis polyphile à un degré extrême, mais quand le néant m'occupe et me persuade, ma polyphilie m'apparaît une vanité absolue, tout en gardant pour ma sensibilité une saveur délicieuse. Le problème que j'ai posé n'intéresse pas notre affectivité. Il est purement logique, intellectuel, abstrait, mathématique. Pour le résoudre il ne faut pas dire : la vie m'enivre, donc elle vaut ; il faut chercher à savoir si ce qui s'anéantit vaut, si ce qui s'anéantit « est » véritablement, puisque la valeur implique l'être. Le consentement universel de nos instincts doit être ici tenu pour négligeable.

Vous dites : « L'éternité des choses nous donnerait rassasiement et indifférence. » Oui, si elle était monotone, et si nous étions faibles, non si elle avait la variété et nous l'énergie nécessaire pour la vivre. Baudelaire, quelque part dans ses œuvres posthumes, appelle les matérialistes des peureux ou des paresseux et c'est, je crois, très juste. Réclamer la vie éternelle — active et non béate — exiger de la nature plus peut-être qu'elle ne nous accorde, est le fait d'esprits et de cœurs qui ne sont pas las et qui se sentent des forces en surcroît. Certains vieillards s'en vont « saturés» et fatigués, mais de la vie terrestre, non de toute autre forme d'existence. Devenir des Faust inter-planétaires ne leur serait probablement pas désagréable.

Vous dites : « La vie présente, nous n'avons que cela. » Ne serait-il pas plus juste de dire : « La vie présente, nous ne « sommes » que cela ». Nous ne possédons pas notre vie, elle ne nous possède pas. Il n'y a pas de distinction possible entre elle et nous. Elle n'est pas à droite, nous à gauche. Elle et nous sommes un. Or cet « un » est peu et à vrai dire n'est rien. Donc la vie et nous ne sommes rien, même si nous nous agrandissons par l'action — action d'une heure — et par le rêve — aussitôt éteint. Notre vie et nous ne sommes rien, parce que tout ce qui naît est déjà comme mort, si la mort est la mort.

Vous dites : « Ce qui vit meurt entièrement. » Et vous exécutez très rapidement tout spiritualisme. A discuter votre méthode d'exécution, je sortirais de ma question qui n'est pas de la réalité de la survie, mais de la valeur de la vie dans l'hypothèse de la non-survie. Et comme je vous ai déjà suffisamment importuné, je veux m'arrêter ici et vous assurer, cher Monsieur, que je suis votre très sincèrement reconnaissant et dévoué

R.-A. FLEURY.

N.-B. — Entre votre réponse et celle de Le Dantec il a une nuance. Le néant, selon vous, donne à la vie un goût plus vif. Pour Le Dantec, il — ou plutôt l'idée que nous en avons — reste sans action : la vie est ce qu'elle est, elle a le goût qu'elle a. N'en cherchons pas plus long.

Le Dantec d'ailleurs a une grande agilité d'esprit et une grande variété. Il a écrit dans l'Athéisme, p. 101 : « L'Athée logique ne peut prendre aucun intérêt, à la vie. » Il ajoute il est vrai : « C'est à mon avis trop de sagesse », mais l'aveu du « désintéressement » rationnel de l'athée — du néantiste (1) — n'en est pas moins formel et bon à retenir.

Je crois, tout de même, que cette polémique aura donné à M. René-Albert Fleury un plaisir supérieur à celui du tennis.

(1) Néantiste, car rien n'empêche un athée d'admettre la survie.

§

Je trouve dans l'Intermédiaire une notice, ou plutôt les éléments bibliographiques d'une notice sur le chevalier Destouches, le héros du roman de Barbey d'Aurevilly :

Jacques Destouches, connu sous le nom du chevalier Destouches, naquit à Granville (Manche) le 9 février 1780 ; il est mort à Caen le 18 mai 1858.

Destouches, condamné à mort, le 22 nivôse an VII, par le Tribunal Criminel de la Manche, comme accusé d'avoir trahi le parti républicain et entretenu une correspondance avec les princes, fut enlevé de la prison de Coutances par un groupe de chouans.

Destouches passa à Jersey, puis se rendit en Angleterre. Devenu fou en 1806, il fut enfermé en Angleterre ; en 1833 il rentra dans sa famille, près de Granville, mais peu après on dut l'interner à l'asile d'aliénés du Bon-Sauveur, à Caen, où il mourut longtemps après.

La correspondance de Barbey d'Aurevilly prouve le soin qu'apportait le romancier : Lettres à Trébutien. Paris, Blaizot, 1908, 2 vol. in-8°, aux dates suivantes : 17 et 21 juillet, 19 et 23 septembre 1850 ; 26 mai, 31 octobre, 22 novembre 1851 ; 18 février, 3 mars, 25 novembre, 10, 15, 21 décembre 1852 ; 14 mars 1853 ; 7 novembre 1854 ; 17 janvier, 12 février, 14 mars, 20-21 juin, 21-22 septembre 1855.

Il écrit à ce sujet à tous ceux qui d'après lui et son ami Trébutien peuvent lui donner des renseignements : Au comte de Beaurepaire et à Le Héricher, à Avranches, au père de son ami René, à Lemarchand, avocat à Vire, à Boudier de La Valeinerie, l'un de ceux qui procédèrent à l'enlèvement. Aux renseignements qui lui parviennent de ces sources il ajoute ceux qu'il tient de son père, dont l'un des amis, Juste Lebreton, était, dit-il, au nombre de ceux qui procédèrent à l'enlèvement. (Lettre du 20 mars 1852) Ajoutons que Barbey visita Destouches au Bon-Sauveur de Caen, en septembre 1856. (Mémorandum, Caen, 1806, p. 66.)

Parmi les ouvrages alors publiés le romancier normand consulta certainement l'Histoire de la chouanerie, de Séguin (Vire, Adam, 1844, t. II, p. 326) et il est probable que l'érudition éclairée de son ami Trébutien lui fit connaître les ouvrages de Beauchamp et de Muret ; mais, dans son roman, rien ne prouve qu'il ait connu les Mémoires de Billard.

MM. de Beaurepaire et Le Héricher, qui l'un et l'autre se sont occupé de l'enlèvement de Destouches, communiquèrent certainement des matériaux à Barbey, pour son roman, car l'un et l'autre ont parlé de cet événement (Cf. Le Héricher, Avranchin. monumental et historique, t. III (Souvenirs historiques, Destouches, pp.111-115), Avranches, 1845-46, 3 vol. in-8°.)

E. de Beaurepaire : Le Chevalier Destouches, son procès et son enlèvement, Caen, Le Blanc-Hardel, 1878, in-12. (Etude très complète, qui, on le voit, ne fut publiée que longtemps après le roman.)

En 1864, l'année même où le Chevalier Destouches paraissait en librairie, M. Quénault. consacrait un chapitre de ses Recherches historiques et archéologiques sur la Basse-Normandie, le Vivarais et le pays Chartrain, Coutances, Salette, 1864, in-12 pp. 61 à 136, à l'enlèvement de Destouches. Pour cette étude M. Quénault a consulté le dossier de Destouches au greffe de Coutances, et, dans sa préface, il écrit : « Ce volume contient... le récit de l'enlèvement de Destouches... (qui a servi de sujet à un roman de Barbey d'Aurevilly).. « L'ambiguïté de cette indication pourrait permettre de supposer que M. Quénault avait correspondu avec l'illustre romancier à ce sujet. Cependant nous ne le pensons pas, rien jusqu'ici n'ayant établi que M. Quénault ait été à aucun moment l'un des correspondants de Barbey. Seule, croyons-nous, Mlle Read pourrait renseigner sur ce détail de documentation littéraire.

Depuis la publication du roman, dans le Nain Jaune, au cours de l'été de 1863, et en librairie, au commencement de l'année 1864, d'importantes et très intéressantes études ont été consacrées à ce petit événement de la chouannerie normande.

De la Sicotière y consacre quelques pages dans Louis de Frotté et les insurrections normandes, Paris, Plon, 3 vol. in-8°, t. II, pages 251-258 et 757-708. Sarot a donné le récit détaillé du procès de Destouches dans son étude sur les Tribunaux répressifs de la Manche pendant la Révolution, Coutances, Salettes, in-8°, t. III, pp. 179 et suiv. Méniger en parle dans ses Chroniques du Vieux Granville, pages 444 et suiv.

Voir aussi sur ce sujet : Abbé Deschamps du Manoir, Journal d'Avranches, n[uméros] des 4 janvier 1863, 3 et 17 avril 1864.

Mémoires de Michelot Moulin, publiés par Neuville pour la Société d'histoire contemporaine, 1893, in-8°.

Outre le dossier du procès de Destouches consulté par MM. Quénaut, Sarot, de Beaurepaire, au greffe de Coutances, des documents manuscrits relatifs à cet événement ont été acquis en vente publique à Bayeux, il y a quelques années, par M. Benêt, alors archiviste du département du Calvados, pour les archives dép. du Calvados.

Sur la documentation du romancier normand, cf. Eug. Grêlé : J. Barbey, sa vie et son œuvre, Caen, Jouan, 1902-1904, 2 vol. in-8.

R. DE BURY.


ECHOS

Une lettre de M. Pierre Lasserre. — Le Monument Jean Moréas. — Le Monument Villiers de l'Isle-Adam.— Prix littéraires. — Une protestation de lea famille de Stéphane Mallarmé. — L'Affaire Bernstein. — Tancrède. — Une Exposition de Pastellistes anglais du XVIIIe siècle. — Aux Indépendants. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.