Mercure de France n° 334 Tome XCI 16 mai 1911 |
René Lauret : L'Ame romantique de Théophile Gautier REVUE DE LA QUINZAINE LITTÉRATURE Frédéric Lachèvre : Disciples et Successeurs de Théophile de Viau, I vol in-8, Champion Emile Gebhardt : Souvenirs d'un vieil Athénien, I vol. in-18 3 fr. 50, Bloud. Marcel Boulanger : Opinions choisies, I vol. in-18, 3 fr 5o Dorbon aîné Au Temps d'Adrien, par Nozière, I vol. in-8, Dorbon aîné. Francis Carco : Instincts, I vol. in-12, I fr. 25, « Union française d'édition ». LES REVUES « Les Amis de Paris » : groupement ; un serment des écoliers américains. La Revue : une maladie mystérieuse décrite par le Dr de Neuville. Le Correspondant : pommes de terre nouvelles hors de saison et fourrures artificielles. La Revue hebdomadaire : un mariage princier à Kapurthala. Pan : Apollon accueille mal les mauvais poètes. Memento. ................................................................................................................................................................ MEMENTO. La Revue Scandinave (mars). Réponses à une enquête sur « le Prix Nobel ». M. K. Madsen : Un artiste danois à Paris vers 1812. M. G. Le Cardonnel : la suite d'une étude sur l'œuvre de M. Henri de Régnier. M. J. Lanquist : « La Lutte autour de Strindberg. » Mme J. Auxerre : « De la Rebelle aux Affranchis. » Le Printemps des Lettres (n°1, avril) est dirigé, cette année, par deux dames qui l'ont fait éclore: Mme L. Haas du Rieux. Haas du Rieux et Mme José de Charmoy. Mme Aurel y donne un chapitre : Le Style, c’est l’amour, qui figurera dans son prochain livre : Le Couple, essai animé. M. Camille Mauclair publie Trois Lieder. M. de Max parle de « la Question des décors ». M. Mario Meunier traduit le Banquet de Platon. M. Lucien Rolmer est le critique lyrique de ce recueil. M. Jean Bouchor y écrit « en marge des revues et des journaux ». Son article, qui est une réponse à M. Jacques Boulenger à propos de « l'existence d'un dandy », se termine par cette belle phrase : « Nous estimons donc que Sir Hawlett mange mal, que, par conséquent, il se tient mal à table mais nous l'attendons, néanmoins, avec curiosité dans d'autres nécessités de la vie, car l'être dans sa fonction, quelle qu'elle soit (interrogez Flaubert), est beau et c'est un spectacle digne d'admiration qu'un Anglais à Portsmouth, en face de la mer qui plie sous les cuirassés de l'Union Jack, entamant largement un roastbeef, en présence du soleil couchant. » La Nouvelle Revue (15 avril). M. M.-P. Gaffarel et le marquis de Duranty : « La Peste de 1720 à Marseille. » « L'Offrande au Mystère », la suite du roman de M. Pierre Fons. La Revue (15 avril) publie un admirable roman de Lafcadio Hearn : Chita. Les Rubriques nouvelles (10 avril). Poèmes de MM. Nicolas Beauduin, Louis Mandin, etc. Le Rythme (n° l). Réponse à une enquête sur « l'Amateur ». M. R. Dévignes : « Histoire du Gosse et de l'épée. » « Paroles. Après-midi », par M. Gromaire. La Revue critique (10 avril). « Le Procès de la démocratie », par M. Ed. Berth. Revue bleue (15 avril). « En prison », nouvelle russe, par Œgine. Pan (mars-avril), « Images », par *** « Des Soirs », poèmes de M. Louis Payen. « Paul Adam », par M. Scheffer. La Revue de Paris (15 avril). Poèmes inédits de François Coppée. « Les Deux Sam », étude sur le match Mc Vea-Langford, par M. Georges Rozet. LES JOURNAUX George Sand botaniste (Chronique médicale, 15 avril) M. de Pourceaugnac et la police (L'Intermédiaire, 20 avril). La Fondation du Temps (L'Opinion, 29 avril). Disciple de Jean-Jacques, il fallait que George Sand fût botaniste. Cela lui aurait manqué. Aussi vient-on de lui découvrir cette vertu. On sait de reste que la botanique à la Rousseau est une vertu. Cela rend meilleur. Je suis certain qu'en cherchant bien on découvrirait que Charles-Louis Philippe fut botaniste à la Rousseau. Cela compléterait la figure de cet homme sensible. Herboriser, il faut avoir l'âme pure. Et George Sand se vantait d'avoir l'âme pure : « Prosper, disait-elle un soir à Mérimée, avant de coucher avec lui, tu verras, mon âme n'est pas corrompue ! » C'est qu'elle avait étudié dans sa jeunesse la Botanique de ma fille, de Jules Néraud, et remué la poussière d'un herbier que lui avait légué Deschantres, « son vieux précepteur ». Cela nous est raconté par M. H. Duval dans un intéressant article de la Chronique médicale : George Sand a herborisé non seulement dans l'Indre, aux environs de Nohant et en Auvergne, mais encore en Bretagne, en Normandie, en Provence, dans les Pyrénées et même en Italie. Elle cite, en 1868, une quinzaine de plantes, presque toutes communes des environs de Nohant. « Sur les sommets herbus de l'Auvergne, remarque-t-elle, il y a des jardins de gentianes et de statices d'une beauté inouïe et d'un parfum exquis. » Dans la région des dolmens : Campanula hederacea L. , Lysimachia nemorum L., Oxalis acetosella L. Elle signale plusieurs stations dans les Pyrénées, à Gèdres, sur la croupe du Cambasque, près de Cauterets, mais sans mentionner ses récoltes. On lit dans une de ses lettres à Flaubert : Le jour où tu m'as conduite à l'abbaye de Saint-Georges j'ai trouvé la Scrofularia borealis, plante très rare en France. J'étais enchantée ; il y avait beaucoup de... à l'endroit où je l'ai cueillie. Such is life ! Cette prétendue Scrofularia borealis serait, suivant M. le Dr Ant. Magin, la Scrofularia vernalis L., petite plante adventice et même naturalisée aux environs de Paris. Mais c'est la Provence qui lui fournit les plus abondantes récoltes. Elle y fit un premier séjour en 1861 (Corresp., IV, 230, 259, 267, 270) et en rapporta un roman, Tamaris, tout rempli de paysages botaniques. Certaines descriptions sont de vrais catalogues : Les cistes blancs à fleurs roses, les ornithogales d'Arabie, les gentianes jaunes, les scilles péruviennes, les anémones stellaires, les jasmins d'Italie, les chèvrefeuilles de Tartarie et de Portugal croissaient pêle-mêle à l'état rustique, indigènes ou non, sur la colline de Tamaris, devenue un bouquet de fleurs, en dépit de l'ombrage des grands pins... Les collines étaient embaumées par les siméthides délicates, par les buissons de cytise épineux et de coronille-jonc et par les tapis de coris rose, cette jolie plante méridionale qui ressemble au thym, mais qui sent la primevère, souche de sa famille... Des lins charmants de toutes couleurs, des géraniums rustiques, des liserons mauves d'une rare beauté, de gigantesques euphorbes, de luxuriantes saponaires ocymoïdes, des silènes galliques de toutes les variétés et des papilionacées à l'infini s'emparaient de toutes les roches, de toutes les grèves, de tous les champs et de tous les fossés... Au printemps de 1868, elle parcourut le littoral, de Marseille à Menton : Voilà le Bec-de-l'Aigle, le beau rocher de la Ciotat, le Brusc et les îles des Embiez, la colline de Sixfours, toutes stations amies, dont je connais le dessus et le dessous, dont les plantes sont dans mon herbier... Elle signale à Tamaris le Brachypodium ramosum, « une céréale sauvage, n'est-ce pas ? ou tout au moins une triticée, la sœur bâtarde, ou, qui sait, l'ancêtre ignoré de monseigneur froment, puisque cet orgueilleux végétal qui tient tant de place et joue un si grand rôle sur la terre ne peut plus nommer ses pères ni faire connaître sa patrie... ». Toujours à Tamaris : Une vingtaine de légumineuses charmantes apprêtent leur joli feuillage, qui se couronnera dans six semaines de fleurettes mignonnes et plus tard de petites gousses bizarrement taillées : Hippocrepis ciliata, Melilotus sulcata, Trifolium stellatum, et une douzaine de Lotus plus jolis les uns que les autres. Le psoralée bitumineux a passé l'hiver sans quitter ses feuilles, qui sentent le port de mer ; la santoline neutralise son odeur acre par un parfum balsamique qui sent un peu trop la pharmacie. Les amandiers en fleur répandent un parfum plus suave et plus fin. Les smilax étalent leur verdure toujours sombre à côté des lavandes toujours pâles. Les cistes et les lentisques commencent à fleurir. Le C. albidus surtout étale çà et là sa belle corolle rose, si fragile et si finement plissée une heure auparavant. On la voit se déplier et s'ouvrir. Les petites anémones lilas, violettes, rosées purpurines ou blanches étoilent le gazon, le liseron althœoïdes commence à ramper et les orchis-insectes à tirer leur petit labelle rosé ou verdâtre. De Tamaris elle gagne Cannes, puis visite l'Esterel. A la monotonie des oliviers succèdent de nouvelles essences. A l'île Sainte-Marguerite, elle note quelques observations : La Passerina hirsuta tapisse le rivage du côté ouest. Elle est en fleurs blanches et jaunes. On me dit qu'elle ne croît que là dans toute la Provence. Par exemple elle abonde au Brusc, dans les petites anses qui déchiquettent le littoral, mais toujours tournée vers l'occident. Est-ce un hasard ou une habitude ? Je croyais trouver ici plus de plantes spéciales. Le sol que j'ai pu explorer en courant me semble très pauvre ; pas l'ombre d'un tartouraise, pas de medicago marina, pas d'astragale tragacantha... Arrêtons-nous, et reconnaissons que George Sand avait acquis en botanique, comme le dit M. H. Duval, « de sérieuses connaissances » et qu'elle en tira, dans quelques-uns de ses romans, un parti assez agréable. § En l'an VIII, le général Lefebvre, gouverneur de Paris alla voir jouer M. de Pourceaugnac et, prototype du colonel Ramollot, il n'y vit qu'une chose, c'est qu'on y présentait un militaire (sans doute l'Exempt, III, V) se laissant corrompre à force d'argent, trouvant « qu'on ne lui en donne jamais assez ». Donc, ayant refléchi, il écrivit à Fouché, ministre de la Police, l'incroyable lettre que donne l'Intermédiaire [suite sur Gallica]. R. DE BURY. ÉCHOS L'inauguration du monument de Paul Verlaine. Un buste de Paul Verlaine. Une réplique de M. Henri Guilbeaux à M. Georges Brandès. Une lettre de M. Paul Fremeaux. Une lettre de M. Léon Séché à propos d' « Emilie David ». Mort d'Aristide Delannoy. Le retour des cendres de Gustave Courbet. Erratum. Publications du Mercure de France. Le Sottisier universel. L'inauguration du monument de Paul Verlaine est fixée au dimanche 28 mai, dix heures et demie. Les détails de la cérémonie ne sont pas tous arrêtés au moment où nous mettons sous presse, et nous devons nous borner à des indications générales. Des tribunes couvertes seront dressées dans la grande allée parallèle à la rue du Luxembourg en face du monument, au milieu d'une enceinte réservée aux personnes munies de cartes d'invitation. Rappelons à ce propos que les cartes distribuées lors de la dernière réunion commémorative, en janvier, donnent droit à l'entrée dans l'enceinte réservée. M. Léon Dierx, président du comité, prendra la parole pour un hommage à Verlaine, puis M. Edmond Lepelletier, vice-président, pour la remise du monument au Sénat, dont le jardin du Luxembourg est la propriété ; plusieurs discours seront ensuite prononcés. C'est le premier acte de la « Journée Paul Verlaine », qui en comporte trois. Le deuxième consiste en une « Matinée Paul Verlaine » à l'Odéon, M. Antoine ayant désiré participer aux fêtes de l'inauguration en donnant cette représentation, dont la recette sera versée dans la caisse du Comité. Le spectacle, qui commencera à deux heures et demie, comprendra une conférence de Jean Richepin ; les Uns et les Autres, des poésies de Paul Verlaine dites par de grands artistes qui ont offert gracieusement leur concours ; des mélodies de Gabriel Fauré, Claude Debussy, Reynaldo Hahn sur des œuvres du poète, accompagnées probablement par leurs auteurs ; un à-propos en un acte d'Ernest Raynaud, qui se terminera par le couronnement du buste de Paul Verlaine. Le soir, à sept heures, banquet présidé par Léon Dierx au Palais d'Orléans, 198 et 200, avenue du Maine, dans une vaste salle pouvant recevoir cinq cents convives. Le prix du dîner est fixé à 5 francs. Les adhésions sont reçues dès maintenant au Mercure de France, où l'on pourra, dans le courant de la semaine précédant l'inauguration, se procurer des renseignements détaillés et précis sur le programme de la journée. § Un buste de Paul Verlaine. M. de Niederhausern-Rodo fait fondre, en bronze allié d'argent, douze épreuves à cire perdue de son petit buste de Paul Verlaine, numérotées. Ces épreuves seront retouchées par l'artiste. Prix de l'exemplaire : 500 francs. Les demandes sont reçues au Mercure de France. |