N° 582 33e Année Tome CLVIII 15 Septembre 1922 |
ECHOS Les journées Remy de Gourmont. Le sixième centenaire des Jeux-Floraux. Mort d'Edouard Guerber. Un abbé de Gourmont. J.-H. Fabre et Remy de Gourmont. Ephémérides de l'affaire du Journal des Goncourt. Toujours le cas de M. N. Jorga. A propos de la mort du Dr Huot. Les vers d'Henry Becque. Le cours du mark depuis huit ans. Le Vitrex. Nouvelles de Russie. Concours d'Art de la VIIIe Olympiade. Le centenaire d'Erckmann. Encore un plagiat. Les journées Remy de Gourmont à Coutances. C'est le 23 et le 24 septembre qu'auront lieu à Coutances les fêtes en l'honneur de Remy de Gourmont. Elles sont organisées par le comité Remy de Gourmont et la municipalité de Coutances, qui a à sa tête comme maire le docteur Leconte. Le 16, sera jouée, sur la scène du petit théâtre de la ville, l'Ombre d'une femme, comédie en un acte que Remy de Gourmont destinait à la Comédie-Française. Elle sera interprétée par M. Jacquin et Mlle Devillers, que M. Gémier, directeur de l'Odéon, a obligeamment mis à la disposition du comité. Il y aura des récitations de poèmes et de prose du maître. M. Louis Dumur fera une conférence sur son œuvre. Le 17 aura lieu l'inauguration du buste de l'écrivain, œuvre de Mme Suzanne de Gourmont, dans le jardin public de Coutances, qui est attenant à la maison de la famille de Gourmont. Le Dr Leconte et la municipalité, assistés du petit groupe d'artistes coutançais que préside M. Joseph Quesnel, ont, en outre, organisé à cette occasion une fête populaire. Des délégations d'étudiants des universités de Caen et de Rouen participeront à la commémoration du grand écrivain normand. La Société des Gens de Lettres sera représentée par M. Eugène Le Mouel. § Un abbé de Gourmont. Située sur la limite des deux départements de l'Yonne et de la Nièvre, la commune rurale de Domecy-sur-Cure fait partie du canton de Vézelay et de l'arrondissement d'Avallon (Yonne). Elle comptait 951 habitants en 1846 ; elle n'en a plus que 589. À 11 km. au sud de Vézelay, Domecy eut aussi son abbaye de Bénédictins, mais moins importante que celle de Vézelay, et qui fut fondée plus tard, au XIIe siècle. Dans les documents originaux du moyen âge, elle figure sous le nom de Saint-Martin de Chore : Sancti Martini de Chora abbatia. De sa fondation à 1790, on a pu retrouver, avec quelques lacunes, les noms des 27 abbés qui s'y succédèrent. Le 27e et dernier fut, de 1753 à 1790, Robert-Marien de Gourmont-Laval, prêtre du diocèse de Coutances, bachelier en droit, grand archidiacre de l'évêché de Dijon, chancelier de l'Université de cette ville, vicaire général de l'archevêché d'Auch. Par acte en date du 26 juin 1758, il reconnut devoir, chaque année, au chapitre de Vézelay, 30 minots d'avoine et 120 livres en argent. Depuis longtemps, d'ailleurs, il n'y avait plus de moines à l'abbaye de Cure ; elle n'était plus qu'un bénéfice octroyé à quelque dignitaire de l'Eglise, qui pratiquait, comme la plupart des nobles, l'absentéisme, et n'avait d'autre charge que d'entretenir, sur les revenus de son bénéfice, les terres et les bâtiments de son abbaye. Le fermage de ces revenus est de 900 livres par an en 1549, 840 en 1618,de 1.500 en 1627, de 1.800 en 1673, de 1.600 en 1716, et de 1.800 depuis 1724 jusqu'en 1790. En réalité, Robert-Marien de Gourmont-Laval tirait de son abbaye les revenus suivants : Pour les chenevières, terres, près et vignes....875 livres De ses dignités ecclésiastiques et des droits attribués « à icelles », il tirait : Comme 1er archidiacre de l'église cathédrale de Dijon... 600 livres Même avant la Révolution, même en faisant cadeau aux pauvres des 10 sols et 8 deniers, 13.220 livres, disons 10.000, retranchés les frais qui pouvaient incomber au bénéficiaire de l'abbaye, représentaient une somme dont un sage pouvait se contenter. Robert-Marien de Gourmont-Laval en fut-il un au même titre que Remy de Gourmont ? Et d'abord, et surtout, quel est leur degré de parenté ? Aux érudits en généalogie de nous le dire. HENRI BACHELIN. § J.-H. Fabre et Remy de Gourmont. Beauvais, 26 août 1922. Mon cher Directeur, Dans la Ve série, je crois, des Souvenirs Entomologiques, J.-H. Fabre lave la Cigale des reproches de paresse et parasitisme où la fable de La Fontaine conduirait les malveillants. Et, de cette erreur judiciaire réparée, l'avaricieuse Fourmi ne sort pas indemne. M. Victor Cornetz, l'excellent myrmécologue algérien, venge-t-il sur « l'Ermite de Sérignan » ses chères clientes ? Son parallèle entre Fabre et Gourmont, au Mercure du 15 août, aurait, sans cela, de quoi surprendre... Les pages de Gourmont sur Le sens topographique des fourmis (Prom. Phil., Ire série) et le chapitre de Fabre intitulé Les fourmis rousses (Souv. Ent. 2° série), que compare M. Cornetz, ne se rencontrent pas quant à leur point de départ et ne sont pas opposables, il me semble, dans leur conclusion. L'hypothèse de Gourmont, à savoir que, pour les fourmis, le monde doit être plan, ne choque aucune des constatations et déductions du grand naturaliste. Bien plus, je la jugerai, plutôt, d'ordre fabrien. En outre, on ne voit pas comment M. Cornetz rattache l'observation de Gourmont au problème de l'instinct tel que Fabre l'a posé de la première à la dernière page de son œuvre, et tel que Gourmont le pose au chapitre XIX de Physique de l'Amour, ouvrage tout nourri de Fabre, Reste l'affirmation que Fabre considère les actes psychiques des insectes comme immuables ! Où donc M. Bouvier, professeur au Muséum, que M. Cornetz cite comme affirmateur de cette affirmation, a-t-il lu les Souvenirs Entomologiques ? L'article de votre distingué collaborateur me surprend d'autant plus qu'en des ouvrages qu'il me fit l'honneur de m'envoyer j'avais cru saisir l'influence de la méthode fabrienne, méthode à laquelle il est d'ailleurs impossible qu'un naturaliste, fût-il myrmécologue, ne soit pas soumis. A moins, il est vrai, que la très supérieure méthode du commandant Ferton... Veuillez agréer, etc. MARCEL COULON. |