Jean Royère |
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A côté de Roinard, à la Closerie, se tenait le Provençal Jean Royère, directeur de la Phalange, théoricien du mallarmisme, du symbolisme, du musicisme... La Phalange a laissé un nom digne de mémoire. A côté de Barrès, de Régnier et des Symbolistes de la première génération, à côté de ceux de la seconde, tels que Claudel, Paul Fort et Jammes, Apollinaire, Fargue, Romains. Vildrac et Duhamel y collaborèrent. « Ma poésie est obscure comme un lys », a dit Royère, et cette formule a été souvent attribuée à son maître Mallarmé qu'il n'a pas connu. Il fut un directeur de revue très intelligent et très éclectique. Sa pédanterie, son manque d'humour rebutaient certains bons esprits, mais on ne peut lui refuser d'avoir joué un rôle important dans le mouvement poétique entre 1906 et 1914, et Apollinaire disait volontiers qu'il le considérait comme un vrai poète. Il avait été professeur en Roumanie. Je l'ai connu fonctionnaire au service des Eaux, quai de la Rapée. Sa calvitie, sa moustache, son profil de médaille, le faisaient ressembler à Léon Dierx jeune. Il ressemble aujourd'hui à Léon Dierx vieux. Après l'autre guerre, il devint le collaborateur et le conseiller du fastueux Armand Godoy et, dès lors, son influence déclina. Louis de Gonzague Frick, qui l'avait décoré du titre de « chevalier de Poésie », ne fut jamais de son obédience ; ils sympathisaient néanmoins dans le culte de Mallarmé, [....] (André Billy, Le Pont des Saints-Pères, Librairie Arthème Fayard, 1947, pp. 150-151) |