Nota bene : ces épilogues ont été publiés dans le Mercure de France d'avril 1898. Le texte que nous donnons en regard est celui qui figure dans le premier recueil des épilogues : Epilogues - réflexions sur la vie - 1895-1898, Mercure de France, 1903. A noter que le 101e ("Le jugement de Château-Thierry") ne figure pas dans notre manuscrit.

Epilogue autographe de Gourmont.

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La Contagion du militarisme. - M. Taine, qui était une grande intelligence, fut un des hommes du siècle qui eurent l'air d'émettre les idées les plus fausses, les jugements les plus hasardés. Son esprit si pénétrant, armé comme d'une pointe d'acier, entrait dans les questions et !es labourait à la manière de ces insectes qui creusent en lacets tout l'aubier d'un chêne ; alors il racontait tout ce qu'il avait vu dans son exploration : il n'avait pas tout vu, mais parfois il avait tout deviné. Je me souviens d'avoir été fort scandalisé en lisant dans un de ses écrits qu'il y avait un immense avantage pour l'individu moderne à faire partie d'une des grandes nations européennes : il m'avait semblé qu'il oubliait qu'en retour de la protection qu'elles offrent à leurs membres, les grandes nations leur imposent des sacrifices et leur demandent des services que rien ne peut compenser. Elles leur impo-