quelquefois inhumainement, exclues de certaines fonctions ou de certains métiers ? Un état social est amené à protéger la faiblesse le jour où il a gaspillé la force ; c'est l'heure initiale des déclins, des chutes et des disparitions.

Au temps où écrivait Taine, il y avait encore quelques pays continentaux, quelques petits pays où les hommes pouvaient disposer librement de leur vie. Demain, il n'y en aura plus un seul, et Taine aura eu raison : quand tous les Belges seront soldats, il n'y aura plus aucun avantage (c'était bien le seul) à être Belge ; et il ne me semble pas excessif d'affirmer qu'en cas de guerre il y aura sans doute moins d'insécurité sous le drapeau français qu'entre les pattes du lion belge. Car la Belgique est en train de s'enivrer à l'outre malpropre du militarisme, et la Hollande, déjà intoxiquée, acclame, d'un accord presque unanime, la formule du servage moderne : "Le service militaire égal pour tous !" En ce vieux pays de liberté, seul le parti catholique a protesté, non sans un certain dégoût ; il a pris pour texte de ses polémiques ces mots qui sont un principe : "Nul ne doit être soldat par force." Les autres ont des arguments dont le plus curieux est que la réforme aurait pour conséquence de relever le niveau intellectuel et moral des troupes : il est plus probable qu'elle ne réussira, en Hollande, comme partout ailleurs, qu'à abrutir la nation, en inculquant