il va expulser des bords de la Seine la littérature en plein vent que l'on tolère comme une concession nécessaire au goût perverti de la triste rive gauche. Ce fut le dernier rêve de M. Haussmann, "célèbre par les travaux d'embellissement qu'il a fait exécuter dans la capitale", de nettoyer une bonne fois les parapets. Il supputait que les livres exposés là gâtaient la sévère beauté des ingénieux moellons étagés tout le long du fleuve avec un art ignoré de l'antiquité la plus reculée ; ces murs ne sont ni cyclopéens, ni romains, ni gothiques ; ils sont modernes : ils ne sont pas comme le Pont-Neuf, ornés d'extraordinaires mascarons, ils sont nus ; c'est cette touchante nudité que M. Haussmann voulait respectée. Son rêve va enfin s'accomplir, mais hélas ! pour combien de temps ? Il est à craindre qu'après le bouleversement les quais ne reprennent assez vite cet air coutumier de bibliothèque champêtre que nulle puissance administrative ne pourra détruire, tant qu'il y aura des malheureux enclins à préférer la compagnie des livres à la compagnie des hommes.

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Le Rebouteux malgré lui. - Un jeune médecin ne gagnait pas sa vie, passait inconnu, sans clientèle. Il changea de méthode, dissimula son titre, opéra