Paul Louis : Les Origines du Capitalisme antique
André Rouveyre : Visages : LIV. Octave Mirbeau
Léon Tolstoï (J.-W. Bienstock, trad.): Trois journées à la campagne
Marguerite Gillot : Poèmes
Henriette Charasson : Les Origines de la Sentimentalité moderne. II. Un bâtard du romantisme : Jean de Tinan
Pierre-Paul Plan : Une Réimpression ignorée du Pantagruel de Dresde
Louis Pergaud : L'Exécution du Traître

REVUE DE LA QUINZAINE

Remy de Gourmont : Epilogues : Recherche de la paternité. L'eau. Les Maris
Pierre Quillard : Les Poèmes
Jean de Gourmont : Littérature
Georges Polti : Littérature dramatique
Edmond Barthèlemy : Histoire
Jules de Gaultier : Philosophie
Georges Bohn : Le Mouvement scientifique
Henri Mazel : Science sociale
Charles Merky : Archéologie, Voyages
José Théry : Questions juridiques
Ch.-Henry Hirsch : Les Revues
R. de Bury : Les Journaux
Paul Souchon : Chronique du Midi
Georges Eekhoud : Chronique de Bruxelles
Henri Albert : Lettres allemandes
Démétrius Astériotis : Lettres néo-grecques
Michel Mutermilch : Lettres polonaises
Mercure : Publications récentes

Echos


LITTERATURE

Jacques Reboul : Un grand Précurseur des Romantiques : Ramond (1755-1827), 1 vol. in-8°, 4 fr. Edition de « la Revue des Lettres et des Arts », Nice. — Œuvres choisies de Maurice et Eugénie de Guérin, avec une introduction et des notes, par Ernest Gaubert, 1 vol. in-18, 3. 5o, Nouvelle Librairie Nationale. — A. Prat : Eugénie de Guérin, 1 plaq. in-8°, Edition de « la Quinzaine». — Anthologie des Prosateurs Français contemporains. Tome I : les Romanciers, par Georges Pellissier, 1 vol. in-16, 3.5o, Delagrave.


LES REVUES

Pan : un poème de M. Pierre Tournier : « Hypnos ». — Au seuil de la vie, revue nouvelle pour les adolescents. — La Nouvelle revue française : lettres de Charles-Louis Philippe à M. Henri Vandeputte. — Nouvelle Revue : les ancêtres d'Alfred de Musset. — Le Divan : deux poèmes de M. P.-G. Toulet. — Memento.

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MEMENTO. — La Revue (1er novembre ). — Lettres inédites de Voltaire. — La Mort de l'éternel féminin, par M. Jean Finot. — Les Morts vivants, par le Dr Max Nordau.

Le Feu (1er novembre). — « Renée Vivien », par M. Martin-Mamy.

La Revue hebdomadaire (29 octobre). — M. A. Le Braz : Un ami de Lamennais : Célestin Macé de la Villéon.

Le Correspondant (25 octobre). — Hubert Robert à Rome, par M. Pierre de Nolhac.

La Revue de Paris (1er novembre) donne l’Alluvion, pièce en 4 actes, d'Emile Pouvillon. — De X... Brest, port transatlantique.

La Nouvelle Revue Française (1er novembre). — M. André Gide : Baudelaire et M. Emile Faguet. — Mme de Noailles : Poème. — M. A. Spire : Le Voyageur et la Forêt.

La Phalange (3 octobre) : poèmes de MM. J.-A. Nau, A. Spire, R. Chalupt, J. Royère, etc. — « Les Conditions de la gloire », par M. Jean Florence. — « Le Couperet », nouvelle de M. Valéry Larbaud.

La Grande Revue (20 octobre) commence un roman de M. Charles Géniaux ; « les Bourgeois. »

Revue catholique et royaliste (20 octobre). — M. A. de Bersaucourt : « Les Variantes de Villiers de l’Isle-Adam. »

Revue du Temps présent (2 novembre) : des notes de voyage de M. Alfred Mortier : « L'art à Munich. » — Poèmes d'Angleterre, de M. Paul Roba. — « Binet-Vamer »,par M. Martin-Mamy.

Revue bleue (5 novembre). — Fragments inédits de Sully-Prudhomme.


LES JOURNAUX

Tolstoï (Le Matin, 17 novembre). — Fleurs et cathédrales (Paris-Journal, 16 novembre). — Critique universitaire (La Dépêche, la novembre). — Chronique Stendhalienne.

Le premier journal qui m'apprend la mort de Tolstoï (1) est le Matin et son appréciation ne diffère sans doute guère de toutes celles qui vont suivre. C'était un grand écrivain, mais je n'ai jamais senti son style ; un grand penseur, mais sa pensée n'a jamais pénétré en moi. Je suis le moins .apte des hommes à porter un jugement sur ce saint Paul des derniers jours, mort au cours d'un accès de folie sénile. Il a fondé une sorte de religion, une secte qui prétendait réaliser vraiment la doctrine de l'évangile, et il s'était senti, à la veille de sa mort, invinciblement poussé vers ses obscurs disciples. Il voulait partir pour le Canada où, chassés de Russie, ils avaient réussi à fonder une sorte de société primitive et misérable. Quelle sympathie éprouver pour de telles gens, et l'homme qui les incita marchait-il dans le sens de la civilisation ? Ceux même qui admirent Tolstoï ne le croient pas. et, abandonnant le mystique, se rejettent sur ce qu'il y avait en lui de supérieur comme écrivain. La gloire européenne, universelle même, est cependant venue de là, de ses prêcheries évangéliques, et c'est là-dessus qu'il faut épiloguer pour savoir s'il la méritait près des esprits sérieux ou s'il n'était qu'un cinquième évangéliste, c'est-à-dire un homme avec qui les conversations ne sont pas possibles, un infortuné petit-fils de Dieu. Tolstoï fut un ferment pour toutes les âmes mal lavées du christianisme. Il fit bouillonner en elles tout ce qui demeurait de la vieille crédulité. Tolstoï Leur appartient. Pour les hommes qui se sont surmontés, et dépouillés, le tolstoïsme est vain. L'homme était pourtant, dans son asiatisme exalté, une sorte de spectacle émouvant, parce qu'on sentait que rien de bas ne se remuait en lui. Il y a toujours là un réconfort, même pour les plus hostiles, même pour les indifférents.

§

De Rodin, dans Paris-Journal, ces paroles sur le rôle des fleurs dans les cathédrales :

Mais, par leurs simples formes, les fleurs ont donné aux artistes du moyen âge la Cathédrale — architecture et décoration.

Quelle leçon perpétuelle d'architecture, à notre tour, nous recevrions d'elles, si nous savions voir !

Les hommes du douzième siècle, du treizième, du quatorzième ont su voir. Ils ont remarqué, par exemple, le clocheton qui se forme à l'endroit où deux feuilles s'attachent, les rainures de la tige, ce modèle de la colonne, et toute cette beauté des lignes et des couleurs florales, intarissable source où le génie humain pourrait puiser à jamais.

Pendant que le peintre-verrier prenait ses tons, la sculpture prenait ses harmonieux refends.

Leur œuvre, maintenant, est discutée ; les vivants ne comprennent pas la puissance de cette âme du moyen âge, qui posséda, comme l'âme égyptienne, la vertu collective. Ils ne comprennent pas plus la beauté de la Cathédrale qu'ils ne comprennent la beauté des fleurs.

Il suffirait, pourtant, pour comprendre, d'aller dans les champs et d'ouvrir son cœur à la nature. Partout, dans les plus modestes sentiers rustiques comme dans les vastes champs de fleurs de Verrières, d'innombrables expressions décoratives, toutes différentes, toutes merveilleuses, sont à la disposition de l'artiste. Au cours d'une promenade, sur n'importe quelle route, nous rejoignons l'universelle nature et toutes les routes dans la campagne, traversent le paradis.

Pour moi, je goûte un plaisir toujours nouveau à lâcher de comprendre ces formes et ces couleurs où je retrouve le chapiteau et le vitrail gothique, et parfois même le sens approfondi de mes propres pensées, de mes propres sentiments.

Pendant que les autres courent, en faisant leur bruit et leur poussière, j'étudie.

§

M. Camille Mauclair continue, dans la Dépêche, ses critiques de la critique universitaire :

Au temps où j'étais collégien, la littérature s'arrêtait, pour mes professeurs de rhétorique, à 1700, on disait à peine deux mots de Voltaire et de Rousseau, et parler de Victor Hugo semblait fort osé. Depuis, je crois que les professeurs se sont modernisés ; mais il faut, lire ce que certains d'entre eux disent de Flaubert, de Baudelaire, de Gautier ou des Goncourt dans des manuels à extraits qu'on se risque maintenant à confier à la jeunesse. Cela est d'une circonspection misérable et d'une pauvre naïveté. Et quant à ceux qui, en dehors de leurs classes, s'essaient à parler de ce qui se publie aujourd'hui, ils sont bizarrement partagés entre leur respect sacramentel pour-les règles du grand siècle et leur désir de paraître « dans le train ». Leur air désinvolte déguise mal leur embarras. Ils sont mal renseignés d'ailleurs ; car une époque comme la nôtre, avec sa mêlée de tempéraments et de théories, exige, pour être comprise et analysée, toute l'attention et tout le temps de ceux qui y sont eux-mêmes producteurs et théoriciens.

En réalité, ils veulent toujours juger. C'est leur manie. L'Université leur a inculqué, indélébilement, l'idée que la critique est faite pour juger les créations. Or, on ne juge pas : on comprend et on aime, et le reste est pédanterie. Il y a chez les professeurs qui se font critiques non seulement la certitude de leur supériorité de méthodes, mais encore la secrète jalousie du poète ou du styliste qui invente et qui crée, alors qu'eux-mêmes ne se sentent capables d'aucune œuvre d'imagination. Ils croient aussi être seuls à savoir parce qu'ils ont des diplômes et que leur vie s'écoule dans les endroits faits exprès pour apprendre ; leur stupeur est comique lorsqu'un homme non diplômé prouve qu'il sait le latin, la physique ou l'histoire aussi bien qu'eux. Car les professeurs appartiennent essentiellement à la classe bourgeoise, ce qui est fort honorable, mais depuis Henry Monnier cette classe n'a pas changé, on y croit toujours qu'un poète est un bohème sans discipline et sans labeur, on y garde toujours l'antipathie de l'artiste, comme d'un irrégulier. Est irrégulier quiconque n'a pas l'estampille officielle, le droit d'Etat de savoir et d'influer. Les professeurs sont des réguliers.

Et alors, s'ils sont à même d'apprécier sainement tout ce qui est contrôlable par la documentation, les œuvres d'histoire littéraire, les mémoires, les essais, les recherches philologiques ou historiques, ils sont totalement dénués d'autorité et de compréhension lorsqu'il s'agit d'une création de sensibilité, et, régulièrement, ils disent gravement des sottises. Les exemples rempliraient un numéro entier de ce journal ! Presque immanquablement ils admirent ce qui est dépourvu de véritable personnalité, cela tient à la constitution même de leur esprit. L'éloge d'un critique universitaire est, pour un artiste, un critérium certain : il sait que l'œuvre louée doit être médiocre, et c'est vrai presque toujours. Tandis que la critique faite par des créateurs et des artistes, la critique de Gautier, de Banville, de Saint-Victor, de Baudelaire, de Barbey d'Aurevilly reste la plus féconde et la plus juste, parce qu'elle est vivante, passionnée, et faite par des hommes se mesurant eux-mêmes avec les difficultés de la création. Cela ne se remplace pas : l'irrégularité s'appelle ici originalité.

§

M. Ad. Paupe nous communique la note suivante :

Stendhal n'a jamais autant préoccupé les esprits qu'à notre époque, aussi bien en France qu'à l'étranger. Il y a en ce moment, à ma connaissance, sept ouvrages en préparation sur l'auteur de Rouge et Noir, sans compter ceux que j'ignore et les rééditions de ses œuvres ! Ce sont les suivants :

— Miss Doris Gunnell et Emile Henriot : Stendhal critique et journaliste. Traduction de ses articles de critique littéraire publiés en Angleterre (2 volumes). — Alphonse Séché et Jules Bertaut : Stendhal anecdotique et pittoresque, avec illustrations inédites. — Henri Martineau : La Physiologie de Stendhal. — Jules Deschamps : Stendhal et Napoléon. Thèse de doctorat es-lettres à l'Université de Liège. — Casimir Stryienski : Soirées du Stendhal Club 3e série. — Adolphe Paupe : Autour de Stendhal, Etude bibliographique. Suite de l'Histoire de ses œuvres. Et enfin, un troisième ouvrage de M. Jean Mélia, dont la fécondité est remarquable…

Le vœu d'Henri Beyle n'est-il pas amplement exaucé ?

Et M. Paupe est content.


ÉCHOS

Société anonyme du Mercure de France. Assemblée générale ordinaire annuelle. — Mort de Léon Tolstoï. — Tolstoï et Jean-Jacques Rousseau. — Une lettre de M. Jean Marnold.— Une lettre de M. Louis Thomas. — L'affaire Germain Nouveau. — Procès-verbaux. — Une lettre de M. Georges Izambard, — Ordonnance sur les mariages.— Le Minotaure. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.