Cantique de la nuit obscure de l'âme. Coll. Bernard Bois

175


M. REMY

 DE GOURMONT

(Paris)

13 Mars.

I. Je ne vois pas bien en quoi telles nations, France, Italie, etc., jugées d'après leurs représentants élus, sont plus chrétiennes que la Turquie ou la Chine. Le monde entier n'est qu'une nébuleuse d'intérêts matériels ou de vanité. Y a-t-il jamais eu de solidarité chrétienne ? L'histoire de l'Europe répond. En théorie, on peut désirer ; en rêve, on peut rêver.

II. A tout prix, c'est trop. Mais la paix est la condition même de toute civilisation, surtout chrétienne.

III. Un État est une force ou un concert de forces. Un Etat ne se réalise que dans et par la force. Voit-on un Etat charitable, un État résigné, un État qui se dépouille pour autrui, un État qui accepte une défaite comme une pénitence ? L'idée d'État est incompatible avec l'idée de morale, qui est l'idée de charité.

-

M. JEAN 

GRAVE

Rédacteur en chef des « Temps Nouveaux »

(Paris)

14 Mars.

I. « Nations chrétiennes » ne signifie absolument rien pour moi ; à l'heure actuelle, il n'y a, sur toute la terre, que deux classes d'hommes : les exploités et les exploiteurs, les oppresseurs et les opprimés. Et si les opprimés ne sont pas solidaires entre eux, à quelque coin de la terre qu'ils appartiennent, cela tient à leur ignorance ; leur intérêt bien entendu le leur conseille.

II. Je crois qu'aucune considération politique ne doit arrêter [...]

186

[document communiqué par Bernard Bois]