Remy et Natalis, par Michel Tison.


Natalis tendrement aimée, Natalis perdue et retrouvée, Natalis qui m'a rassuré, Natalis jamais oubliée.


Notice

1° Edition originale :

Lettres à l'Amazone, in-12, avec un frontispice gravé sur bois par P.-Eug. Vibert, « Les Maîtres du livre », Georges Crès et Cie, 116, boulevard Saint-Germain, Paris, 1914. Primitivement, ces lettres sont parues comme épilogues dans le Mercure de France : « Enfin, j'ai commencé mes Epilogues en une forme nouvelle. Cela m'ennuie d'écrire, mais pas de vous écrire, alors je leur donne la forme de lettres à une amie imaginaire pour les autres, et vraie pour vous, pour moi, pour nous. Vous lirez la première dimanche [1911] » (Lettres intimes à l'Amazone).

Lettres intimes à l'Amazone, in-4° couronne, dans un emboîtage, avec 52 lithographies et 2 bois, dont un frontispice, d'André Rouveyre, et une suite en sanguine brochée à part (avec une Notice sur les dessins,par l'illustrateur), sur papier héliotrope pour les lithographies et sur papier d'Auvergne pour les bois. La Centaine, Paris, 1926. D'autres titres avaient été prévus, comme en témoigne cette page des premières épreuves.

Avis de souscription (Mercure de France, 15 décembre 1925)

2° Autres éditions :

Lettres à l'Amazone, avec un frontispice et la reproduction en fac-similé d'une lettre de l'auteur. Vol. in-18, 3. 50 (13 japon à 20 fr. ; 12 chine à 18 fr. ; 82 hollande à 15 fr.) [signalé dans le Mercure de France du 1er décembre 1917, p. 576).

Lettres à l'Amazone, bois originaux de Paul Baudier, fac-similé d'autographe et préface, André Plicque, Paris, s. d. (1923)

Lettres intimes à l'Amazone, Paris, Mercure de France, 1927 [signalé dans le Mercure de France du 1er juillet 1927, p. 256).

Lettres intimes à l'Amazone, 310 pages, 120 x 185 mm. Collection Littérature générale (1960), Mercure de France . ISBN 2715203853

Lettres à l'Amazone, suivi de Lettres intimes à l'Amazone, préface de Jean Chalon, 276 pages, 140 x 205 mm. Collection bleue (1988), Mercure de France. ISBN 2715215002. 149,00 FF

Letters to the Amazone, traduction & introduction de Richard Aldington, Chatto and Windus, Londres, 1931

3° Recensement des exemplaires :

Lettres à l'Amazone : n° 65 (Coutances)

Lettres intimes à l'Amazone (Tirage limité à 100 exemplaires sur Japon impérial) :

Echos

Lundi [2 juin 1913].

Mon cher ami,

J'ai eu mille ennuis avec une folle qui prétendait se reconnaître dans les « Lettres à l'Amazone » et qui m'a persécuté au point que j'ai dû faire intervenir la police. Mais elle a été relâchée par un commissaire timoré et qui n'a vu que de l'exaltation dans ses propos incohérents. Je crois donc qu'il vaut mieux suspendre les Lettres, au moins cette fois-ci. Je suis d'ailleurs assez déprimé par cette histoire et il me semble toujours que cet être infernal va venir carillonner à ma porte. Cette folle est une nommée L... G... N'est-elle pas allée vous trouver ? Elle parle du Mercure comme sa propriété, à elle et à moi ; elle parle de moi comme de son amant, me tutoie, enfin extravagance complète, car je ne lui ai jamais parlé que pour lui prendre ou lui refuser des articles féministes à la Revue des Idées. Je me souviens maintenant qu'elle avait un air un peu singulier. Que ne l'aie-je écoulée en ce temps-là !

Dès que je pourrai, j'irai me reposer à la campagne.

A vous

REMY DE GOURMONT.

(lettre à Alfred Vallette)


Ma rencontre avec M. de Gourmont, sans correspondance rétrospective, sans lien d'exigences, nous laissa libres de nous revoir ou de ne pas nous revoir. Et nos lettres furent inspirées par notre première rencontre et non terminées par elle.

On a pu lire aux éditions du Mercure les deux cent vingt-deux Lettres intimes à l'Amazone, qui détaillent les cinq dernières années de sa vie et l'amitié qui les accompagna. Ces lettres servent de préface, de commentaire et de conclusion aux Lettres à l'Amazone (Natalie Barney, Aventures de l'esprit).


J'ai peu vu Gourmont depuis 1914 jusqu'à sa mort en 15 : deux ou trois fois. La dernière il me remit un exemplaire des Lettres à l'Amazone de chez Crès : à A. R. militaire de 2e classe. Ce livre m'a été soustrait par un médecin-major à qui je l'avais confié à l'armée (A. Rouveyre, Souvenirs de mon commerce).


Eh ! bien, comment l'homme qui a écrit les Epilogues, cet esprit délié, méfiant, sarcastique, méprisant, a-t-il pu écrire toutes les niaiseries sentimentales des Lettres à l'Amazone ? Des lettres de collégien ! C'était là sa vraie nature, au fond (P. Léautaud, Journal littéraire).


Comme Roger Martin du Gard avait raison d'affirmer, dans ses Mémorables, que « Miss Natalie Clifford Barney, sur Remy de Gourmont, eut un pouvoir presque hypnotique, pour ne pas dire surnaturel ». Ce « presque » est de trop et, j'en témoigne, Natalie exerçait sur ceux qui l'approchaient un pouvoir absolument hypnotique. Et dire qu'elle ne cessait de me répéter : « Ne devenez pas un ours à écrire comme ce pauvre Gourmont. » C'est pourtant ce que je suis devenu, un ours à écrire ! (J. Chalon, L'Ami des arbres, Plon)


Lundi 3 Décembre [1917]. — On vient de publier au Mercure les Lettres à l'Amazone, de Gourmont, parues d'abord chez Crès. On a mis à ce volume un frontispice qui ne dit pas grand'chose à qui n'est pas renseigné. C'est la façade d'un temple à l'amitié, qui se trouve, paraît-il, dans la maison où loge Miss Barney (l'Amazone) rue Jacob. Il semble en effet qu'on lise, mal, au fronton, ces mots : A l'Amitié ( P. Léautaud, Journal littéraire).


Il faudrait tout un livre pour dire Natalie Barney, et ce livre existe. C'est celui de Rémy de Gourmont : les Lettres à l'Amazone (Lucie Delarue-Mardrus).


Challes-les-Eaux — Château de Trivier, 20 août 28 septembre [1925].

[...] Me voici chez Lucienne Rouveyre dans un vaste château ancien, confortable, paisible et bien tenu. Depuis tant d'années qu'ici elle nous attendait ! Nathalie, arrivée avant nous, est repartie hier dans la nuit. Laborieuse à l'excès, cumulant toujours tout et le reste, elle a trouvé moyen en dix-huit jours de faire une cure à Aix pour ses douleurs, une à Challes pour sa gorge atteinte, de préparer avec André Rouveyre un volume composé d'une centaine de lettres que lui adressa son grand adorateur Rémy de Gourmont. André l'aide à classer tout cela et illustre la couverture et le volume de ses belles gravures sur bois ( Liane de Pougy, Mes cahiers bleus, Plon, 1977).


La mère de Liliane [de Rothschild] avait de l'amitié pour Natalie Barney [...]. Liliane a été élevée par une gouvernante qui ne jurait que par Gourmont et qui lui avait fait lire, en cachette, les Lettres à l'Amazone (Jean Chalon).


Mme Louise Faure-Favier, dans un petit billet de l'Eclair qu'elle intitule Deux Egéries, évoque l'image de Remy de Gourmont et note en quelques lignes cette « sensibilité nouvelle » qu'il a exprimée « au déclin de sa vie » dans les Lettres à l'Amazone. Mais il s'est glssé une petite erreur dans cette page. Les Lettres à l'Amazone ne viennent pas de nous être offertes, et elles ne son!, pas des lettres intimes elles ont été publiées dans le Mercure, en guise d'Epilogues, et ont paru ensuite en volume aux éditions des Maîtres du Livre. L'édition récente que vient de nous donner le Mercure n'est qu'une réimpression, qui contient une nouvelle lettre inédite, — la seule d'ailleurs qui n'avait pas été écrite pour l'impression (R. de Bury, « Les journaux », Mercure de France, 16 mars 1918, p. 320).


Texte

Table des lettres

Préface

I. Le souvenir.
II. Elévation.
III. Les deux sexes.
IV. Chasteté.
V L'amour nu.
VI. Mysticisme.
VII. L'absence.
VIII. La volonté.
IX. La sympathie.
X. Le plaisir.
XI. L'amour.



XII Soi-même.
XIII. Mécanismes.
XIV. Un conte.
XV. retour.
XVI. Survivances.
XVII. Invitation à l'ennui.
XVIII. Tirésias.
XIX. Le satyre.
XX. La sensation.
XXI. L'oubli.
XXII. Exaltation.


XXIII. Suite du précédent chapitre.
XXIV. Une et toutes.
XXV. Analyses.
XXVI. Contradictions.
XXVII. Le désir.
XXVIII. Retours.
XXIX. Episode.
XXX. Le rythme.
XXXI La nature.
XXXIII. Physique.

A consulter : Natalie Barney