John Charpentier, « La réaction parnassienne et le renouveau de la fantaisie »,
Mercure de France, 15 mars 1925, p. 594-

LA RÉACTION PARNASSIENNE
ET LE RENOUVEAU DE LA FANTAISIE

… La poésie va devenir raisonnable, ce qui est sa manière de perdre toute raison d’être.

REMY DE GOURMONT : Notice sur Saint-Amant.

Lorsque Baudelaire meurt, en 1867, la réaction poétique triomphe qui s'est produite contre le Romantisme, une vingtaine d'années plus tôt, et dont les protagonistes ont été groupés par Catulle Mendès dans la Revue Fantaisiste fondée en 1859, puis peu après par Louis-Xavier de Ricard dans l’Art et enfin dans le Parnasse Contemporain (1).

L'esprit qui anime la nouvelle école ou — ainsi qu'on disait — le nouveau cénacle, n'est pas, comme on pourrait le croire, inspiré par le génie de l'auteur des Fleurs du Mal. Sans doute, cette école honore-t-elle en lui le parfait artiste, l'écrivain dont l'œuvre est une protestation contre « la poésie trop peu serrée de Lamartine et de Musset » (2) ; mais elle ne le suit pas dans ses recherches musicales, sa curiosité du modernisme et son approfondissement du sens du mystère. Ses maîtres sont, parmi les survivants du Romantisme, Victor Hugo et surtout Théophile Gautier ; et parmi les contemporains ou les cadets de Baudelaire, Leconte de Lisle et Théodore de Banville. Si les Parnassiens se réclament, en outre, d'Al- [la suite sur Gallica].