LES JOURNAUX

La Beauté (L'Eclair, 19 novembre). — Les Argas (La Nature, 14 novembre). — Malthusianisme (Le Malthusien, novembre).

Une Américaine qui fait de la sculpture, Miss Berevidge, ayant proclamé qu'elle n'avait trouvé que parmi ses compatriotes le type de la beauté idéale, l'Eclair interrogea à ce sujet différents artistes et publia leurs réponses. Maintenant, il a demandé au Dr Paul Richer, artiste et médecin, notre Perrault, de résumer ces réponses et d'en faire la critique. La question n'est rien moins que celle du beau absolu. Les artistes d'aujourd'hui ne s'en préoccupent guère :

Il n'en est pas moins vrai, dit M. P. Richer, que, dans la recherche de ses modèles, tout artiste se fait une certaine idée en rapport avec son goût, avec ses sentiments. Mais cette idée, cet idéal, si l'on veut employer ce mot, n'a plus rien de tyrannique. Il n'est pas absolu, il est purement individuel, il change avec les temps et avec les hommes ; il faut même convenir qu'il est, somme toute, assez vague. Il a un peu le flou d'un rêve. II est comme insaisissable et fuit le plus souvent lorsque l'artiste tente de le fixer. C'est Michel-Ange qui dit : « Mon désir est toujours trompé quand ma statue sort du marbre comme une femme qui s'élance hors du bain. A travers de l'imagination, comme au travers de l'onde, on rêve des formes élégantes et pures qui perdent leur beauté une fois sous le soleil. » Quel artiste, son [la suite sur Gallica].

(R. de Bury, Mercure de France, 1er décembre 1908, p. 537-538)