ÉCHOS

Mort d'Auguste Rodin. — Mort d'Adrien Bertrand. — La jeunesse de Léon Bloy. — Ministres poursuivis.— Les officiers français en Italie. — Au Vieux-Colombier. — La Boxe interdite à New-York. — La Main qui se souvient. Au service de la Chine. — Les savants anglais et les Académies allemandes. — Les Réservistes français du Canada.— La révolte de Luther. — Le centenaire de la mort d'Elvire. — A l'Académie Goncourt. — L'art en Amérique.— « Le Bourgmestre de Stilmond ». — Grand concours littéraire national. — L'abonnement au Mercure de France en 1918. — Erratum.

Mort d'Adrien Bertrand. — Adrien Bertrand, qui vient de mourir, avait obtenu un des deux prix Goncourt décernés l'an dernier. Il avait été blessé en 1914 et il est mort des suites de ses blessures. Il avait connu la guerre à l'ancienne et les combats de cavalerie. Il était chevalier de la Légion d'honneur et gardait précieusement un rare trophée de la guerre, de cette guerre de tranchées et d'infanterie : un sabre d'officier de cavalerie allemand.

Une plaie qu'il avait reçue à l'aorte l'emporte après trois ans de souffrances supportées stoïquement et sans qu'il interrompît son travail littéraire. Il avait obtenu le prix Goncourt avec l'Appel du sol et avait fait représenter au Théâtre Français sa Première Bérénice. Il allait paraître de lui un livre qui est tout imprimé et entièrement corrigé : L'orage sur le jardin de Candide.

Cette vie si bien remplie fut celle d'un bon écrivain et d'un honnête homme. Tandis qu'avant la guerre, il rédigeait les comptes-rendus parlementaires de l'Homme libre, il avait promis à un jeune écrivain un article sur un roman qui lui avait plu. La rédaction qui goûtait moins le livre retardait indéfiniment l'article qui restait sur le marbre. Adrien Bertrand alla trouver le secrétaire de la rédaction : « Je vous donne quatre jours, dit-il, pour que l'article paraisse, sans quoi je démissionne », et cette rubrique parlementaire constituait sa seule ressource à cette époque.

Adrien Bertrand laisse le souvenir d'un brave et bien des regrets.

Mercure de France, 1er décembre 1917, pp. 568-569.