ÉCHOS

Mort de l'abbé Bremond. — Quelques mots au sujet de Lenine. — Disparition d'une statue de Voltaire. — Aurélien Scholl et les « jeunes ». — La législation criminelle aux Etats-Unis. — Le Sottisier universel.

Mort de l'abbé Bremond. — L'abbé Henri Bremond est mort à Arthez-Asson (Basses-Pyrénées), le jeudi 17 août, des suites d'une longue maladie. Il était né à Aix-en-Provence le 31 juillet 1865.

Prêtre au diocèse d'Aix, il fit chez les Jésuites un long séjour et collabora à la revue Etudes, où il donna des articles sur Mallarmé, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin. Son premier travail; un essai de trente pages sur Le Prêtre et la formation littéraire des enfants, parut tout d'abord à la Quinzaine, puis en un « tirage à part » signé « P.-H. Bremond S. J. » en 1899, imprimé à La Chapelle-Montligeon. En 1904, il entra dans le clergé séculier.

Historien, essayiste et critique, il ne laisse pas moins de quarante-deux volumes ou plaquettes dont voici les principaux : L'inquiétude religieuse, 1901 ; Ames religieuses, 1902 ; L'Enfant et la Vie, 1902 ; Le Bienheureux Thomas More, 1904 ; Le Charme d'Athènes, 1905 ; Newman : I. Le développement du dogme chrétien. II. Psychologie de la Foi. III. La Vie chrétienne, 1905-1906 ; Gerbet, 1907 ; La Provence mystique au XVIIe siècle, 1908 ; Apologie pour Fénelon, 1910 ; Sainte Chantal, 1912 ; Sainte Catherine d'Alexandrie, 1918 ; Pour le Romantisme, 1923 ; Les deux musiques de la Prose, 1924 ; Le Roman et l'Histoire d'une Conversion : Ulric Guttenguer et Sainte-Beuve, 1925 ; De la Poésie pure, 1926 ; L'Abbé Tempête : Armand de Rancé, 1929 ; Divertissements devant l'Arche, 1930.

Son œuvre la plus justement célèbre : L'Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu'à nos jours, commença de paraître en 1916 avec l'Humanisme dévot (1580-1660) et ce premier volume contient des études sur saint François de Sales et Yves de Paris. La série qui, dans la pensée de l'auteur, devait comprendre quatorze volumes, s'arrête malheureusement au neuvième, publié l'année dernière.

A la fin de l'année 1925, à la suite d'une lecture faite, sur la Poésie pure, à la séance publique des cinq Académies, où il était délégué de l'Académie française (son élection, au fauteuil de Mgr Duchesne, est du 22 mai 1924), une vive controverse s'engagea, qui fit connaître son nom du grand public. La polémique fut particulièrement vive avec Paul Souday.

Sa rencontre avec Maurice Barrès (Athènes, 1900) eut sur celui-ci une profonde influence dont la trace est surtout sensible dans le Jardin sur l'Oronte.

L'abbé Bremond était membre fondateur de la Société J.-K. Huysmans il consacra plusieurs études à l'auteur d'En route ; son dernier article, aux Nouvelles littéraires, en octobre de l'an dernier, est un parallèle entre Huysmans et Bloy. — L. DX.

Mercure de France, 1er septembre 1933, p. 506-507.