Le docteur Augustin Cabanès, né à Gourdon (Lot), d'une vieille famille quercynoise, le 30 avril 1862, est mort à Paris, le 5 mai 1928. Jusqu'à la fin de l'année précédente, les journalistes qui assurent la rubrique académique, voyaient tous les mardis se joindre à leur groupe cet homme nerveux et brun qui représentait, parmi eux, la polygraphie intelligente et érudite spécialisée dans les questions historiques et leurs rapports avec la littérature. Le Dr Cabanes, bon vulgarisateur, se plaisait autant parmi ses confrères de la presse que parmi les médecins. Il était bien connu dans les salles de rédaction et l'on citait volontiers, aux « échos », les anecdotes de tous genres qu'il réunissait chaque mois, depuis trente-cinq ans, dans sa Chronique médicale.

Docteur en médecine et docteur en pharmacie, il avait été quelque temps professeur à l'Institut des Hautes Etudes de Bruxelles; depuis 1890, il avait publié, à raison de deux et parfois trois volumes par an, d'innombrables ouvrages pleins de textes oubliés ou inédits. Citons : Marat inconnu, Balzac ignoré, les Curiosités de la Médecine, Napoléon jugé par un Anglais, le Cabinet secret de l'Histoire (6 volumes), les Morts mystérieuses de l'Histoire (6 volumes) ; Poisons et Sortilèges, la Névrose révolutionnaire, Remèdes d'autrefois, Légendes et Curiosités de l'Histoire, Mœurs intimes du passé, Fous couronnés, Folie d'Empereur, Une Allemande à la Cour de France, Chirurgiens et Blessés à travers l'Histoire, la Salle de Garde, Gayetez d'Esculape (avec le Dr Witkowski) ; Remèdes de Bonne femme (avec le Dr Barraud) ; Pauline Bonaparte, le Marquis de Sade, les Amoureux de Marie-Antoinette, l'Histoire éclairée par la Clinique, etc.

Bien avant la mode des « Vies romancées », il s'efforça d'écrire, dans un style familier, des biographies de personnages célèbres et réussit à mettre en valeur des petits faits significatifs négligés par ses prédécesseurs.

Il professait que le médecin doit avoir, comme on disait autrefois, des « clartés » sur tout : beaux-arts, belles-lettres, littérature, musique, théâtre, peinture, — et même il va sans dire, sur la médecine.

LÉON DEFFOUX.

(L'Ami du lettré. Année littéraire & artistique pour 1929, Les Editions de France, 1928, pp. 164-165)