Mort du poète Jean de Cours. — Jean de Cours est mort le 9 septembre, emporté par une hémorragie cérébrale. Les obsèques ont eu lieu, le 12 septembre, à Auch. Le convoi était conduit par M. Jacques de Cours, son frère, et M. Francis Vielé Griffin.

Le baron Jean de Cours était né le 3 novembre 1892, à Monlezun d'Armagnac, propriété de famille des de Cours. Ses parents vinrent s'installer à Auch, pour ses études qu'il commença au petit séminaire et poursuivit, à partir de la troisième, au lycée d'Auch. Très jeune il se sentit attiré par les études historiques, en même temps que se développaient ses dons de poète. Il prépara pendant quelque temps le concours de l'école des Chartes, mais renonça à son dessein, pour se donner avec passion à la poésie et à tout ce qui y touche. Son érudition historique, philosophique et littéraire était considérable à un âge où d'ordinaire on s'initie. Favorisée par une intelligence très brillante et une extrême sensibilité, elle lui évita beaucoup des tâtonnements et erreurs habituels aux talents qui éclosent. D'emblée il fut lui-même et conquit sa maîtrise.

Cherchant à éclaircir pour lui-même et pour les autres toutes les questions qu'il se posait, il était arrivé à concevoir une théorie vivante du Rythme et du Symbole, illustrée par toute la poésie classique. Cette conception intuitive, mais qui a la valeur d'une loi scientifique, il l'a approfondie par la connaissance de l'œuvre de Francis Vielé-Griffin et du maître lui-même, avec qui il se lia d'une amitié de qualité unique. Il écrivit une introduction au Choix de Poèmes de Francis Vielé-Griffin, paru aux éditions du Mercure de France, en 1923.

Mais il lui a consacré un important ouvrage où il traite à fond le problème du symbolisme et expose sa conception de la Poésie. Il devait apporter à son manuscrit les dernières retouches, quand la mort l'a surpris.

Il a écrit aussi un ouvrage sur le Rythme, élucidant toute une série de questions qu'il s'était posées à lui-même. Mais il ne l'avait pas encore publié.

Il collabora au Mercure de France, au Correspondant, à la Grande Revue, à la Phalange, à Rythme et Synthèse, à la Connaissance, à Notre Gascogne dont il fut membre du Comité de Rédaction — et il venait de fonder Poésie Pure, pour s'exprimer librement sur la poésie, l'art, la Beauté.

Il avait publié deux plaquettes de vers : Treize Chansons pour exprimer la vie, aux éditions de la Phalange, en 1920, et Suite tourangelle à la louange de Diane, aux éditions de la Connaissance en 1923.

Jean de Cours était une nature d'élite, douée de toutes les noblesses. Sa mort est une grande perte et qui sera douloureusement ressentie par tous ceux qui, d'esprit et de cœur purs, aimaient la Poésie et y croyaient. — C. C.

(Mercure de France, 15-X-1928, p. 496)