ÉCHOS

Mort de Ruben Dario. — Mort de Charles de Pomairols. — Une lettre de M. Jean Marnold. — Une lettre de M. Guillaume Apollinaire. — Pour l'étude de la vie juive. — Héros et marchands. — La Francisation des noms de famille. — L'intérieur de l' « Achilleïon ». — Bulgares et Allemands. — Une « Ligue anti-allemande pour la défense de la musique française ». — Concours littéraire. — Varia.

Mort de Ruben Dario. Ruben Dario, qui vient de mourir au Nicaragua, sa patrie, avait transformé la poésie espagnole et hispano-américaine, l'avait francisée en quelque sorte. Il reste le maître incontesté de la nouvelle jeunesse d'Espagne et d'Amérique, Moins de sonorité, de « la musique avant toute chose », une versification moins figée et plus riche, une exquise modernité et souvent la langueur et la mélancolie verlainiennes, tels sont quelques-uns des traits de cet artiste raffiné et très savant, mystique et païen. Ses « Proses Profanes » et plusieurs de ses « Chants de Vie et d'Espérance » seront demain dans toutes les anthologies de langue espagnole.

Venu dès sa jeunesse à Paris, Ruben Dario s'attacha à Verlaine et à Mallarmé et s'éprit de cet art symboliste qui correspondait à la subtilité de son génie. C'est par l'influence de Ruben Dario que la littérature hispano-américaine est devenue la sœur de notre littérature symboliste. Il a développé, là-bas, chez ses disciples, le principe de l'individualisme en art et provoqué ainsi toute une pléiade de poètes et d'artistes. Il faut le dire très haut, et avec un sentiment de profonde gratitude, Ruben Dario, par son œuvre de génie, d'inspiration latine, et par sa grande et belle influence personnelle, a vraiment uni littérairement les deux sœurs latines la France et l'Amérique du Sud.

Mercure de France, 1er mars 1916, p. 186.