ÉCHOS

Mort de Charles-Théophile Féret. — Le poète Charles-Théophile Féret est mort le 9 août, à Colombes, à 74 ans (il était né à Quillebeuf en 1854).

Le plus original représentant de la littérature normande contemporaine », a dit de lui Van Bever dans son Anthologie des poètes du Terroir ; bon nombre d'écrivains normands considéraient en effet comme un maître l’auteur de la Normandie exaltée, dont la première édition avait été publiée, aux frais de l'auteur, en 1902 et qui avait reparu, en mai dernier, après avoir obtenu le « Prix des Vikings ». Cette attribution ne faisait que consacrer une renommée déjà bien établie chez les curieux de littérature régionaliste. Tour à tour lyriques, colorés et pittoresques, les vers de Féret sont dans la tradition des meilleurs satiriques du XVIe siècle. Sa Normandie exaltée est une véritable épopée scandinave, consacrée aux villes normandes et à leurs grands hommes. (Féret n'excluait de son culte que Malherbe, à qui il reprochait d'avoir fait la guerre aux provincialisrnes...)

Il laisse cinq autres recueils de vers : Le Verger des Muses, L'Arc d'Ulysse, Les Couronnes, Le Bourdeau des neuf pucelles, Le livre des Ballades ; du théâtre : Maître François Villon, cinq actes en prose, Ginette (un amour de Ronsard), un acte en vers ; de la critique : Du Bidet au Pégase (les poétesses normandes de Marie de France à Lucie Delarue-Mardrus), Les Cendres d'Ernest Millet, Etude sur Henri Beauclair, Le palinod de Normandie, Les Origines normandes de François Villon, Les poètes originaires de la Ferté-Macé, Etude sur Léo Trezenik ; un roman : La Réincarnation de Claude Le Petit ; des contes et nouvelles : Les Contes de Quillebeuf ; une Anthologie critique des poètes Normands de 1900 à 1920 ; un Essai sur l'Histoire de la Poésie Normande (dans l'Anthologie des poètes Normands, de Floury) ; des préfaces pour les Rimes paysannes de Robert Campion ; pour les Voyages à travers la couleur locale, de Charles Boulen ; pour Le poète virois Albert Le Voisvenel, etc.

Parmi ses inédits, nous connaissons une très originale tentative de monographie historique : Les Amours de Jacqueline Pascal, dont le titre et le sujet sont bien faits pour déconcerter, mais où l'auteur a su réaliser une étonnante silhouette d'enfant prodige. — L[EON] D[EFFOU]X.

Mercure de France, 1er septembre 128, pp. 502-503.

Note des Amateurs : cet article a été repris avec des variantes dans L’Ami du lettré. Année artistique et littéraire pour 1929, Les Éditions de France, pp. 154-156.