ÉCHOS

Mort de Léon Bloy. — Les Noces d'argent du peintre Diriks. — Centenaire de Paul Féval. — Une devise d'avant-garde. — La Chine est un pays charmant. — Le bon gros Saint-Amant. — A travers l'Alaska. — Les Marais de Saint-Gond et Maurice Maeterlinck. — Au Vieux-Colombier. — Encore une lettre « inédite » de Baudelaire qui n'est pas inédite. — Expédition aux régions arctiques. — Le Jubilé de Dante Abghieri et le Saint-Siège apostolique. — Une matinée Edouard Dujardin à Genève. — La musique de « Tipperary ». — La Foire de Leipzig et les succédanés. — La Littérature tchèque et la Censure autrichienne. — Faux-sauniers. — Le pudding.

Centenaire de Paul Féval. — Le centenaire de Paul Féval, qui naquit à Rennes le 28 novembre 1817, a passé presque inaperçu. Les amateurs de romans de cape et d'épée, desquels était en sa jeunesse M. Elémir Bourges, nous saurons gré d'évoquer la mémoire de l'excellent conteur que fut Paul Féval. A côté de ses feuilletons où il rivalisait avec Eugène Sue, il a écrit des romans historiques tels que le Bossu et le Capitaine Fantôme où il tient sa place à côté de Dumas père. D'autre part, sa personnalité qu'on ne saurait lui contester éclate dans les contes de Bretagne, dans la Fée des Grèves, dans Madame Gil Blas. C'est un conteur de premier ordre et apte à bien rendre le mystère. Il a, du reste, écrit lui-même, sous forme de roman, une satire excellente du genre mystérieux et des élucubrations d'Anne Radcliffe : la Ville Vampire. On s'étonne que les éditeurs de romans à bon marché ne songent pas à reprendre ce fonds merveilleux et pour ainsi dire inépuisable. Il y a dans les Fils du Diable certain médecin portugais et une évocation du ghetto de Francfort qu'on lira toujours avec plaisir, fût-on esthéticien des anciens ou des nouveaux temps. C'est encore Paul Féval qui inventa la fameuse chanson chouanne.

Prends ton fusil, Grégoire !

Il avait un sens très vif de la poésie populaire et l'on ferait un bien agréable recueil avec les chansons de forme populaire qu'il composa et sema dans ses ouvrages.

On sait qu'il mit à la scène avec un succès incroyable son roman le Bossu où Mélingue triompha. Depuis, le cinéma s'en empara. Les faiseurs de films trouveraient d'ailleurs ample matière dans l'œuvre du plus fécond, du plus varié, du plus lyrique de nos grands romanciers populaires du XIXe siècle, de ceux que plus tard on mettra peut-être au rang des poètes épiques.

Et Paul Féval avait dans son âme bretonne tout ce qu'il y a toujours de divinement poétique chez tous les auteurs bretons. C'est un je ne sais quoi de tendre, de fort, de mystérieux et d'un peu moqueur qui n'appartient qu'à eux.

Mercure de France, 16 novembre 1917, pp. 375.