Charles Foix.

Poète et savant. Il a réussi ce tour de force-là. En donnant de sa journée les trois quarts au laboratoire, un quart à sa clientèle, la nuit aux Lettres.

Sa vie, son ami le docteur Jean Vinchon, qui le connaissait depuis vingt-trois ans, me la résume :

Dès 1911, il paraît à ses maîtres de médecine une des têtes de sa génération. Ils aiment sa puissance de travail, son intelligence claire, sa conscience scientifique. Il est d'abord biologiste, puis, bientôt, se donne à la neurologie. C'est à elle qu'il voue ses travaux.

La guerre. Très malade au front français, en 1915, Charles Foix part l'an suivant pour l'Orient. C'est là qu'en lui naissent la vie intérieure, la poésie et bientôt la pure poésie : la mystique.

La terre est saturée d'antiquité. Le Vardar roule sous ses vapeurs chaudes. L'Olympe est là. Cela, avec les arbres anciens et les cascades de Verria, oasis macédonienne, nourrira le décor de sa pensée.

A son retour en France, Charles Foix sera nommé médecin des hôpitaux, au premier concours d'après la guerre. Agrégé de neurologie, il fera des « leçons » brillantes. Peu importe ; toute sa sève est désormais poésie. Et pour lui science et art ne sont que deux manières de méditer sur la nature, la vie, la mort.

21 mars 1927 ; date de sa mort, à l'âge de quarante-cinq ans. Charles Foix confiait à ses camarades le soin de défendre son œuvre.

J'en ai ici la partie imprimée. Trois volumes : Trilogies, Prométhée, Les Bassarides. Les personnages en sont les dieux qu'il avait reconnus en Thrace : celui du Feu, celui du Délire, et Orphée le pur, Orphée le déchiré, Orphée le crucifié, comme Prométhée.

Œuvre importante, et qui rappelle un peu les tragédies de Péladan. Des vers tout en rythme ; des drames tout en pensée, tout en mouvement, tout en dansante et grave philosophie. Ménades ivres de vérité.

Fernand DIVOIRE.

Charles Foix (décédé le 21 mars 1927), né à Salies-de-Béarn le 29 février 1882.

Œuvres : Une Trilogie ; Prométhée ; Les Bassarides.

Éditions Henry Jonquières, 21, rue Visconti, Paris.

Il préparait : Poèmes en prose ; Danses et Visages ; Un David ; Une Sapho ; Une Résurrection de Lazare ; et plusieurs romans et nouvelles.

(L'Ami du lettré. Année littéraire & artistique pour 1928, Grasset, 1928, pp. 175-176)

Document communiqué par Baptiste Essevaz-Roulet.

A consulter : Charles Foix