Gérard de Martha (1853- 1935) |
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ÉCHOS Prix littéraires. Une figure originale Gérard de Martha. Maxime Du Camp et les obsèques de Victor Hugo. Lettres inédites de Victor Hugo à Léningrad. A propos des « Sonnets du Docteur ». A propos d'un hymne à la mémoire d'Orsini. Edgar Poe, O'Brien et Thomas de Quincey. Le Sottisier universel. Une figure originale Gérard de Martha. Antonin Julien, dit Gérard de Martha, poète et prosateur poitevin, est décédé en février 1935, à l'âge de 82 ans. Il méritait mieux qu'une réputation locale. Dessinateur, bibliophile, amateur d'estampes, d'horlogerie et de ferronnerie anciennes, il fut, de surcroît, un fantaisiste de race, dont la tournure d'esprit s'apparentait à celle d'un Derème et d'un Klingsor. Il tint aussi à la lignée des Lemice-Terrieux français. A leur commun dommage sans doute, et au nôtre, Anatole France et lui ne se sont pas connus. Ses amis les plus intimes n'ont appris sa disparition qu'à la réception d'une Lettre posthume, versifiée par lui, les priant de rester chez eux, désireux qu'il était de s'en aller seul au cimetière. Il la tenait en réserve depuis près de quarante années, en prévision de cet événement attendu, après l'avoir fait illustrer par le maître graveur Albert Bessé de dessins en couleurs : une Mort ricanante y esquisse un entrechat, en pinçant une mandoline engageante, au milieu d'une guirlande de formes nues, savamment dégradées... Gérard de Martha a laissé son œuvre publiée, en plaquettes somptueusement habillées de cuirs, de soies et de fers rares par l'amour du relieur espagnol Moralès, à la Bibliothèque municipale de sa ville natale, Poitiers, que son capuchon légendaire n'avait jamais quittée. La physionomie sympathique et pittoresque de ce curieux gentilhomme des Lettres valait un souvenir. A l'auteur émacié des Hors-d'œuvre d'un Rond-de-Cuir, il fallait une Epitaphe. EPITAPHE Ci-gît, n'emportant rien, pas même un capuchon, Horace eût fréquenté ce séduisant cochon, Il eut par-dessus tout l'amour des belles formes. Chez lui l'amant fut pur et l'ami fut fidèle. OMER SAGNES. Mercure de France, 1er juin 1935, p. 440. |