ACHILLE PAYSANT

Achille Paysant est né à Villepail (Mayenne), le 27 septembre 1841. Il est mort à Paris, le 8 octobre 1927. Agé de 86 ans, il était depuis la mort d'Achille Millien, le doyen des poètes français.

Professeur à Juilly, chez les Oratoriens, puis à Stanislas, et enfin à Henri IV pendant près de quarante ans, il ne voulut jamais avoir d'autres élèves que ceux des petites classes, et il fut le maître incomparable qui cultivait le cœur en même temps que l'esprit, enseignait le devoir austère en lui donnant tous les attraits de la joie. Il composa pour les enfants nombre de pièces charmantes qui sont dans toutes les mémoires et dans toutes les anthologies. Mais il écrivit aussi pour les hommes ; et, aux grands comme aux petits, il enseigna le bonheur dans la simplicité et la bonté, la résignation dans la douleur, l'enthousiasme devant la nature et le suprême réconfort de la foi. Son premier recueil, En Famille, parut en 1888. C'est seulement vingt-quatre ans après, en 1912, qu'il publia le second : Vers Dieu. Son œuvre éditée tient dans deux volumes ; mais il laisse une œuvre inédite considérable et notamment le manuscrit d'un recueil idéal pour les petits enfants : Minima Minimis.

Achille Paysant relève de la plus pure tradition classique. Ses rythmes sont harmonieux et variés, souples et ingénieux. Ils sont très fréquemment créés par lui. Sa poésie est la substance de toute une vie de fervent idéaliste et de brave homme, de labeur et d'abnégation, d'affection et de pitié. Le poète ne s'y pose pas en apôtre ni en inspiré. Il a l'humilité, l'ingénuité d'un François d'Assise. Comme lui, il parle aux fleurs et s'entretient avec les oiseaux. Mais il ne va pas « Vers Dieu » comme le Poverello, spontanément, dans un irrésistible abandon. Il va vers Dieu en suivant les fluctuations de la vie, au fur et à mesure que son humanité découvre, dégage le divin dans la création et dans la créature.

Aimer, c'est pardonner, donner et se donner !

Le poète qui a su renfermer ainsi, en un vers définitif, l'infini de l'amour humain ; l'homme qui, toute sa vie, a su mettre en pratique cette divine formule, était digne d'être aimé et a mérité de se survivre. L'Académie lui attribua un de ses plus beaux prix de poésie et l'œuvre de Littérature spiritualiste, fondée par deux poètes, Claire Virenque et Charles de Pomairols, lui décerna un grand prix d'honneur qu'elle institua uniquement pour lui.

ERNEST PRÉVOST.

(L'Ami du lettré. Année littéraire & artistique pour 1929, Les Editions de France, 1928, pp. 151-152)