Pétrarque (1304-1374) |
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ÉCHOS Une lettre de M. Carrington. Une lettre de M. Maurice Darin. La mort de Pétrarque. Napoléon et la religion. Une exposition d'œuvres d'art françaises à Stuttgart. Publications du Mercure de France. Le Sottisier universel. La Mort de Pétrarque. La vieille légende très romantique qui entourait la mort de Pétrarque, et qui a perpétué, de siècle en siècle, la vision du poète mort dans la solitude de son cabinet de travail, la tête sur un volume d'Homère, vient d'être détruite par la critique scientifique moderne. On a cru découvrir tout d'abord que si la tête du poète était tombée sur un livre, ce livre ne pouvait nullement être un poème d'Homère, mais qu'il s'agissait d'un manuscrit des Lettres de Cicéron. M. Léon Dorez pense en effet que Pétrarque est mort en travaillant à sa Vie de César, qui devait faire partie des Vies des Illustres. Une pièce de la Bibliothèque Nationale, et qui est précisément le manuscrit inachevé de la Vita Cœsaris, s'arrête sur un rappel du livre VIII des Lettres de Cicéron à Atticus. M. Léon Dorez est d'avis que, « seul le manuscrit des Lettres de Cicéron que Pétrarque avait ouvert, ou qu'il s'apprêtait à ouvrir pour y chercher le livre VIII des Lettres à Atticus et continuer la rédaction définitive de la biographie du grand homme romain, pourrait, si on le retrouvait, disputer ce funèbre honneur au volume de la Bibliothèque nationale ». Quelques critiques italiens nous affirment maintenant qu'on ne pourra jamais savoir sur quel livre est mort Pétrarque, car l'histoire de sa mort pendant le travail, dans son cabinet, où on ne le trouva que le lendemain, est, paraît-il, une pure légende. M. E. Sicardi déclare que cette légende a été répandue, et peut-être inventée, par Messer Giovanni Manzini della Motta, chancelier de Galeas Visconti, et admirateur posthume de Pétrarque. M. Sicardi cite une lettre, publiée pour la première fois par M. A. Zardo, écrite par Dondi, le médecin et l'ami de Pétrarque, le lendemain de la mort du poète. On sait que Pétrarque, vieux et fatigué, souffrait d'une épilepsie avec des formes accentuées de catalepsie. Le médecin Dondi fait allusion à ce mal, en écrivant à un de ses collègues, à la date du 19 juillet 1374 : « La nuit malheureuse qui vient de passer, précédant le jour où je t'écris cette lettre, nous a enlevé l'illustre et admirable Francesco Petrarca, accablé, après quelques heures, par le genre de maladie par laquelle, si tu te souviens, nous le vîmes frappé il y a quelques années..., etc. » Pétrarque, assisté probablement par son ami Dondi et par d'autres, n'a pu de toute façon mourir dans la solitude et au milieu du travail, quelques heures après avoir été nouvellement frappé par son terrible mal. Ainsi la légende funèbre séculaire du grand poète est détruite par l'histoire. Mercure de France, 1er juin 1907, p. 574-575. |