Présentées par Roland Dorgelès, voici les Synthèses littéraires et extralittéraires de Gus Bofa. Quelle merveilleuse critique littéraire enclose dans ces petits tableaux synthétisant l'âme d'un écrivain et l'atmosphère de son œuvre. Ce serait sacrilège de traduire ces synthèses et de les délayer avec des mots. Pourtant, quelques exemples : un cabinet de toilette avec tous ses récipients et flacons divers, nageant dans la fadeur d'un rose poétique d'où émerge, éblouissante de clarté, une boîte de gyraldose : Marcel Prévost. Un bébé Cadum qui a l'expression et le sourire de : Pierre Benoît. Un philosophe un peu XVIIIe siècle se penche vers une femme nue couchée sur un lit de repos ; il examine à la loupe le mécanisme de son horloge secrète ; la dame a des bas bleus ; un chien héraldique songe : Remy de Gourmont,
Voici encore un Edgar Poe, en lignes contractées d'angoisse, un Paul Verlaine, ange somptueux et misérable dans un ciel si bleu, si calme, un Marcel Proust qui recherche le temps perdu dans un écheveau embrouillé de cheveux coupés en quatre... etc, etc. Les deux dernières synthèses, un carré noir : René Maran ; un carré où il n'y a rien : Max et Alex Fischer.
(Jean de Gourmont, « Littérature : Gus Bofa : Synthèses littéraires et extralittéraires présentées par Roland Dorgelès, Mornay », Mercure de France, 1er août 1923, p. 758-759.)
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