SONNET

à L. L. V. D. R. D. G.

L'été décoloré redevint grave et blond,
ce tout premier matin d'octobre où cette terre,
cette douce et sublime et sincère Emperière,
reprend dans son giron ce Remy de Gourmont.

O Nature au beau front diamanté de plomb,
ô solitaire, tu reprends ce solitaire !
Dans ta couche d'arome est le grand vulnéraire
pour ce cerveau brisé par le siècle félon.

O tombe de Gourmont, recouvre-toi d'aromes !
Devant ce trou (béant d'une immortalité),
Aspire le soupir du renouveau d'été !

Ah ! quel hasard heureux d'un agrégat d'atomes
pourrait nous reproduire, en un jet de clarté,
ce Gourmont dont la vie est morte entre les hommes !

Commentaires poétisés autour d'un sonnet sur le Père-Lachaise

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XII

Voici un convoi qui déverse ici, ce matin d'octobre, Rémy de Gourmont : quelques jours auparavant, il balbutiait entre ses vieux livres et son vieux chat ; maintenant, il expérimente la métaphysique suprême de la terre.

Charles-Adolphe Cantacuzène, Les Réalités roses, Perrin et Cie, 1918, p. 13 et p. 20.

[Communiqué par Damien Gonnessat, le 6 mai 2014.]

A consulter :

Mercure de France n° 429