Le personnage vénéré de la maison, comme disent les Orientaux, était Rémy de Gourmont. Je n'ai jamais vu Rémy de Gourmont. J'ai reçu de lui des lettres tantôt querelleuses et tantôt chaleureuses, mais je ne l'ai jamais vu. Je n'ai d'ailleurs jamais fait quelque indiscret effort pour violer sa porte. Il était alors défiguré par une affection de la peau. Il ne quittait pas sa retraite. N'importe, il publiait, dans chaque fascicule du Mercure, en tête de la revue de la quinzaine, une sorte d'éditorial. Il appelait ces écrits fort justement Epilogues. Il y philosophait sans amertume ni aigreur, mais sur le mode sceptique et désinvolte qui était alors le style même de la maison. Vallette ne parlait de Gourmont qu'avec une amicale déférence et je peux affirmer qu'il devait le consulter dans les conjonctures de quelque gravité. C'était un des génies familiers de cette demeure.

(Mercure de France, 1er avril 1947)