Nouvelles et textes littéraires français (2006) |
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Nouvelles et textes littéraires français, Editions de la Reconquête, 2006 338 pages sur papier cultura ; format 14,5x20 ; 21 euros + 6 euros de port TABLE JULES-BARBEY D'AUREVILLY : Alfred de Vigny. L'annonce de la publication par les Editions de la Reconquête d'une nouvelle de Gourmont ayant suscité quelques réactions, je tiens à dire que mon rôle est de transmettre toute information concernant Gourmont ou son époque. Après consultation du site de ces éditions ou de la note de l'éditeur, que je n'aurais pas spécialement reproduite dans d'autres circonstances, les Amateurs décideront de faire figurer ou non ce livre dans leur bibliothèque :
Note de l'éditeur On dit. On répète. « Les gens n'ont plus le temps de lire ! » « Notre jeunesse, préférant la fée virtuelle, n'a plus le goût pour la découverte, l'apprentissage et le plaisir par la bonne lecture... » Refrains souvent fredonnés, mais, comme tous les refrains à la mode, dépeignant malheureusement une certaine réalité. Pour tenter de remédier à sa façon à cet état de fait, Les Editions de La Reconquête se sont proposés de réunir un peu moins d'une trentaine de courts textes parmi les meilleurs auteurs de la langue française (il y a, bien sûr, quelques oublis). Rappelons-nous qu'une langue est l'expression d'une pensée - à ce propos, le monde académique anglo-saxon, apparemment moins borné que le nôtre, recommande l'étude du Grec et du Latin pour les modes de raisonnements uniques qu'ils apportent à l'étudiant ; rappelons-nous que notre belle langue est seule au monde par ses exceptionnelles qualités ; rappelons-nous que les tenants de l'éducation et de la culture font tout leur possible pour abrutir tout un chacun en imposant des textes qui n'ont, en vérité, aucun autre sens que celui d'une propagande mortifère. Le présent ouvrage est destiné à fournir une palette de styles et de nuances, et un éventail de talents qui déclencheront peut-être, nous l'espérons, des lectures plus approfondies. Il s'adresse tout particulièrement à l'homme ou la femme qui n'a pas le temps de lire un gros ouvrage, à celui ou à celle qui n'a la possibilité d'ouvrir un livre que pendant quelques arrêts de métro, à ceux qui ne peuvent emporter qu'un livre pendant leurs vacances, à l'étudiant impécunieux, auquel on aimerait faire un cadeau, qui est débordé par ses multiples activités, mais aimerait posséder une connaissance de la véritable culture française. Comme toujours, il s'agit également pour nous, de constituer une bibliothèque de référence. Nous avons disposé les textes par ordre alphabétique, sans souci de classification par période ou par genre. Nous débutons donc avec celui qui peut être considéré comme l'étalon du style, Jules-Barbey d'Aurevilly, et son étude sur le Journal d'un poète de Alfred de Vigny. Barbey d'Aurevilly n'était pas l'homme des longues distances, son style s'égare sur les quais déserts des grands romans entre deux trains d'action, comme si, préférant rêver, il en oubliait les correspondances ; il excellait par contre dans les nouvelles et les histoires courtes (son recueil Les Diaboliques ne contient pas la moindre imperfection) ; il était également un fabuleux critique, et nombre de nos contemporains exerçant ce difficile métier tirerait profit à étudier ses textes. Nous poursuivons avec un autre grand : Charles Baudelaire. Souvent décrié, souvent accusé à tort des pires maux (grâce au savant travail d'une critique posthume principalement athée. Cf. l'essai La perle et les pourceaux , de D. Habrekorn, dans Baudelaire par T. Gautier ; Ed de La Reconquête, 2005), Baudelaire était un grand catholique tourmenté. Nous proposons ici une facette de son œuvre moins connue que sa poésie : deux textes en prose dans lesquels il développe son humanisme bien particulier. A noter que si Barbey d'Aurevilly peut être considéré comme l'étalon du style, Baudelaire en est l'aboutissement. Nous voulons dire par là que depuis Baudelaire, le style n'a semble-t-il plus progressé sur la voie de l'inatteignable perfection, mais s'est perdu dans les méandres fangeux d'innombrables bras morts. Truculence, truculence quand tu nous tiens. Serge de Beketch, patron du Libre Journal papier (à lire religieusement, s'il vous plaît) et du Libre Journal sur les ondes (on ne prête qu'aux riches) est une des rares voix contemporaines qui a toujours les pieds sur la terre de toutes les époques (allons, un peu d'imagination !). Lire ses textes me rappelle les embarquements que je faisais dans les vieux autobus de la ligne 58 pour m'enfoncer dans la nuit noire de la grande capitale : il y avait du bruit, beaucoup de bruits formant alors la plus belle des musiques, des chocs sur des pavés qui n'étaient jamais parvenu à se joindre aux autres dans la platitude, des odeurs, et des courants d'air qui vous fouettaient le visage comme de grosses gifles affectueuses, et puis, si on le souhaitait, on pouvait toujours se mettre sur la plate-forme arrière, pour être dans la nuit balancé par l'antique suspension. Alors, c'était un futur passager qui courait pour attraper avec dextérité et élégance (Eh oui, les objets forçaient à une certaine élégance en ce temps là) le fin poteau et défaire la barrière de cuir ; alors, c'était le receveur qui venait tirer sur la chaîne pour faire sonner le timbre du départ en donnant deux coups du manche en bois sur le métal de l'armature... Léon Bloy fut le secrétaire de Barbey d'Aurevilly, c'est là, à l'ombre fraîche et rassérénante du Maître qu'il fit son apprentissage ; un apprentissage de la perfection dans l'emploi de la langue française, mâtiné de l'étude du bas-latin. Le résultat fut époustouflant : Léon Bloy s'était façonné une lame qui allait constamment le servir dans son vigoureux dépeçage de la bêtise et de l'ignominie, comme dans ses envolées les plus spirituelles. L'Oraison funèbre de Madame Yolande de Monterby est apparemment la première que Bossuet ait prononcée. Nous sommes en 1656, Bossuet pose les fondements de son style mesuré et solennel, si parfaitement adapté aux réflexions théologiques dans les profondeurs desquelles il entraîne auditeurs et lecteurs. Robert Brasillach, avant d'être un grand écrivain, fut certainement l'un des rares véritables intellectuels français du XXe siècle. Son lâche assassinant par de Gaulle et les communistes ne fut pas un hasard. Il fallait faire taire cette voix et cet esprit de l'intelligence, comme plus tard, dans un autre domaine, on annihilera les Paras. (Que l'on pense, sans être dominé par l'effroi, aux minus habens intellectuels, tels Sartre, Malraux et consort, qui monopoliseront la scène française par la suite). Paul Chack (également ignominieusement assassiné par les communistes et de Gaulle) et Claude Farrère, nous livrent un récit historique vivant. Une de ces pages où l'héroïsme côtoie l'absurde. Les ouvrages de Paul Chack sur l'histoire maritime demeurent et demeureront parmi les meilleurs ; et l'on consultera avec intérêt et circonspection les pages que l'éclectique Farrère consacra à Pierre Loti. Le buste de François-René Chateaubriand domine la ville de Rome du haut de la Viale Trinita dei Monti, près de la villa Médicis ; son regard de pierre contemple à jamais la déchirante cité où il sentit sur sa propre poitrine le cœur de Madame de Beaumont cesser de battre. Son tombeau, du promontoire du Grand-Bé, est tourné vers l'infini des horizons marins. Des altitudes aériennes éthérées qu'ils ont partagées, Chateaubriand nous livre son jugement sur Bonaparte ; jugement particulièrement méritoire et digne, puisque Chateaubriand manqua quelques fois d'être condamné au peloton par le même Bonaparte ; jugement inspiré par l'intelligence puisque Chateaubriand savait que c'était face à l'impitoyable rigueur du colosse, que son œuvre avait grandi. Avec sa générosité coutumière, Dominique Erulin nous offre un voyage. Un voyage dans les prisons de la raie-publique dans les années soixante, quand on y faisait mijoter doucement les paras. Du vécu, toujours du vécu, et un récit qui ne vous lâche pas du premier au dernier mot. Jean-Henri Fabre est l'auteur français le plus lu et le plus connu au Japon. Son œuvre a été traduite en de nombreuses langues, et seul peut-être l'ennuyeux Jules Vernes fait mieux sur ce terrain. On peut ici véritablement parler de génie français. « Petit » instituteur de campagne, il éleva son jardin de pierraille à la dimension de l'univers pour, à la suite de ses observations sur les petites bêtes noires qui bougent, y faire entrer la mythologie et le Deutéronome. Son style est clair, parfaitement construit ; ses narrations sont passionnantes ; son savoir, qu'il sait faire partager, est immense ; son humilité, elle, est digne d'un héros. Il faut voir sur les vieilles photos les machines qu'il construisit pour observer les créatures du petit. Toute sa famille l'aidait dans ses recherches et ses découvertes. Il est vrai que les temps étaient autres. Remy de Gourmont, auteur athée. Il débute toujours très bien ses écrits - Une nuit au Luxembourg , pour exemple - mais, son athéisme viscéral ne lui permet pas d'inscrire ses récits dans une logique divine, donc, bien souvent, la chose tombe à plat comme un triste soufflet. On lui doit cependant le Latin mystique, ouvrage de référence important sur la langue de Dieu. Il faut reconnaître que ce fin lettré était un artiste du style, et qu'aux coins de ses phrases se cachent des merveilles. Daniel Habrekorn, un de nos contemporains. Digne émule de Alphonse Allais, il est l'un des très rares à tenir le flambeau de la littérature humoristique. Ernest Hello. Nous avions remarqué que l'ouvrage L'Homme , que nous publions, était un de nos titres les moins demandés. Ce fut une surprise car ce livre est une lecture véritablement essentielle. Nous avons donc commissionné un « micro-trottoir » afin de connaître les raisons de ce manque d'enthousiasme et de curiosité. A la prise de connaissance des réponses de la douzaine de mille de personnes interrogées dans les capitales francophones, il apparaît une réponse commune : « c'est gros, et y a beaucoup de mots. » Bigre... Nous présentons donc ici un extrait de ce manuel pour pouvoir vivre sans devenir fou au XXI siècle. De Joris-Karl Huysmans, nous proposons La Bièvre, de son recueil Croquis parisiens. Nous aurions pu choisir n'importe quel autre texte de ce beau recueil. Le sire Jean de Joinville : ami et compagnon d'arme du roi saint Louis. C'est assez. Ambroise Paré était-il juge, journaliste ou chirurgien ? On peut se le demander quand la truculence quasi-rabelaisienne de son style se met en branle. Il est agréable de constater les ressources de l'inventivité humaine quand il s'agit de tromper son prochain ou de gagner son pain (ô horreur ! serait-ce donc la même chose ?), et de savoir qu'il fut un temps où un chat était appelé un chat. En effet, ce fut une époque qui abonde en descriptions de monstres de toutes sortes ; on prêtait au corps les turpitudes de l'esprit, et à l'esprit les difformités du corps ; souvent, on mélangeait les deux. On peut donc penser que rien n'était exagéré ni fabriqué dans ces descriptions de monstres, et que c'est tout bonnement nous qui ne savons plus lire, ou, plus simplement, ne savons plus regarder. (Pourtant, le 19 mars 2006, pour nous rappeler à ne pas douter, naquit en Belgique un agneau à 6 pattes - on parle d'amputer l'agneau afin de le rendre normal). Blaise Pascal, inventeur de la brouette, dont Léon Bloy a dit : « Un grand poète foudroyé par les mathématiques ! ». Charles-Ferdinand Ramuz, merveilleux conteur vaudois qui, avec une compassion relevant du tour de force, réussit à décrire la vie des gens de la montagne sans être méchant. Longtemps pressenti pour recevoir le prix Nobel de littérature, il fut écarté à cause de ses idées politiques. Oui, vous avez bien lu, il ne fut pas écarté à cause d'un engagement, d'écrits, ou d'actions politiques, mais à cause de « ses idées ». Encore une fois, ceux qui passent leur temps à donner à tout un chacun des leçons de morales montrent leur vrai visage ; de plus, comment peuvent-ils savoir - ces princes et princesses du matériel - ce qui se passe dans la complexité du crâne d'un individu en regardant sa moustache ou les couleurs de sa cravate ? Ceux qui connaissent les choses de la montagne (lumières, climats, paysages, dureté des rochers, pureté des fleurs...) seront étonnés par la justesse de ses descriptions. Philippe Régniez nous livre un de ses Contes des Îles égarées. Avec son style à souhait anguleux ou coulé, l'auteur continue à explorer la vie afin de pouvoir toujours s'émerveiller de son mystère. Saint-François de Sales, patron des journalistes, docteur de l'Eglise, connaissant parfaitement les troubles d'attention de l'esprit du commun, nous expose patiemment quelques principes essentiels. On reproche à Saint-John Perse d'avoir décrit le monde comme il était à son époque ; ou, oserons-nous le dire, comme il est. C'est là un grand crime, n'en doutons pas ! Pauvre Saint-Pol-Roux, sa douceur et sa bienveillance légendaires l'avaient repoussé jusqu'à la pointe du Finis-Terre. De même, son style empreint des mêmes qualités le repousse chez bon nombre aux confins de la mémoire, là où est tapi l'oubli. Marcel Schwob, dont la biographie donne le tournis, est un incontournable du court récit. Tirés d'un profond puits d'érudition, ses textes nous entraînent toujours dans l'histoire qui aurait pu être. L'appât, de Roger Vercel, est une petite merveille qui possède le ton du vécu. Contrairement au roman, la nouvelle possède toujours un caractère sombre, car c'est un terrible raccourci du destin. Ceux qui s'intéressent à l'exploration des pôles pourront lire avec profit son A l'assaut des pôles. Alfred de Vigny. Nous serions bien embarrassés d'écrire quoi ce soit sur Alfred de Vigny dans la mesure où, de plume de maître, le premier texte de ce recueil lui est consacré. N'oubliez pas de relire Servitude et grandeur militaires. Ayant été nous-mêmes un très mauvais élève du lycée François-Villon, nous ne pouvions oublier ce poète dont le seul nom si souvent répété influença sûrement nos présentes activités. Nos ennemis le savent bien, qui donnent à plaisir aux rues, aux édifices, à tout ce qu'ils peuvent, des noms de sinistres saltimbanques ou de principes abjects sortis de leurs cerveaux malades. |