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œuvre, pourtant toute de lumière et de beauté !
Le nationaliste est enclin à un genre de niaiserie bien particulier. Il ne peut comprendre que les nations européennes soient, elles aussi atteintes de la vanité patriotique. Il est fier des cuirassés français qui s'appellent Bouvines, Magenta, Solférino ; mais si les Anglais nomment des bateaux Azincourt ou Trafalgar, le nationaliste n'est pas loin d'y voir une provocation. A quand Waterloo ? s'écrie-t-il. Et pourquoi pas ? Qu'on nous laisse le temps de réfléchir un peu et de nous demander si Waterloo ne fut pas un bienfait pour le monde entier et d'abord pour la France.
La boutique du marchand de couleurs. - Il s'agit du bonhomme qui a gagné un demi-million à la loterie de l'Exposition. Selon un journaliste, terrassé par l'enthousiasme, "sa boutique est devenue un véritable lieu de pèlerinage". L'expression est heureuse, car il s'agit bien d'un culte. Sans doute, ce respect religieux pour l'argent n'est pas précisément une manifestation nouvelle de l'âme humaine, mais la forme qu'il prend apparaît cependant bien curieuse. Il y a dans ce pèlerinage quelque chose de pieux qui ressemble à un sentiment dévoyé ; chez ces braves gens, nulle haine ; aucun mouvement d'envie pour
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