SOMMAIRE

SOMMAIRE
Alfred Vallette : Notes sur l'Amour.
G.-Albert Aurier : Gigantomachie.
Adolphe Retté : Paradoxe sur la Poésie.
Rachilde : Le Rôdeur.
A.-Ferdinand Herold : Le Livre des Reines : Bellisende. Yzabel. Orable. Aélis. Ahès.
Louis Dumur : Petits aphorismes : Sur le Beau. Sur la Mort. Sur l'Ame.
Gaston Danville : In Animâ vili.
Pierre Quillard : Paul Adam.
Henri Albert : Friedrich Nietzsche.
Quasi : Mimes : Ballade pour célébrer la confuse Muflerie de ce temps, aussi bien en ce qui regarde les bonnes Mœurs que touchant les Arts et les Lettres.
P. Q. : A propos de « Lilith ».
Yvanohé Rambosson : Exposition des Peintres Néo-Impressionnistes.
G. D. : Théâtre Libre : Le Grappin. L'affranchie. Les Fossiles.

Mercure :Les Livres [extraits].

Lilith, par Remy de Gourmont (E. Girard). — V. présente livraison, p. 67.
Vers et Prose, par Stéphane Mallarmé, Morceaux choisis, avec un portrait par James M. N. Whistler (Perrin).
Souvenirs d'Egotisme, par STENDHAL (HENRI BEYLE), Autobiographie et Lettres inédites, publiés par CASIMIR STRYIENSKI (Charpentier).
Passagère, par PAUL BOSNETAIN (Lemerre).
Heures, par Francis Poictevin (A. Lemerre).

Journaux et Revues.

Choses d'Art.

Enquêtes et Curiosités.

Le Petit Caperon rouge.

Echos divers et Communications.


Passagère, par PAUL BOSNETAIN (Lemerre). — Roman captivant malgré son romanesque trop voulu ; mais c'est si joli toujours, l'histoire d'amour toujours la même, quand elle est neuve !... Un vieux excentrique met une annonce dans un journal pour demander la compagne que l'on doit rêver entre le ciel et l'eau, et il la découvre enfin. On part tous les deux. D'abord beaucoup de descriptions exotiques à la Pierre Loti, avec pourtant cette différence que les détails féministes sont plus mâlement traités (de-ci de-là des souvenirs du vieux Charlot, dirait-on !) ; et puis le havre de grâce en la personne de l'île de Ceylan, où l'on est heureux à bouche que prends-tu. Au beau milieu des joies, Elle meurt en coup de foudre. L'amant reste désemparé sur son vaisseau, qui gire autour du rond dans l'eau s'effaçant, et il ne sait jamais le vrai nom de cette femme.


ENQUÊTES ET CURIOSITÉS

Le Petit Caperon rouge. — M. E. Rolland a trouvé, et publié dans Mélusine, une version de ce conte assez différente de celle qui fut recueillie par Perrault. La voici :

II y avait une fois une petite fille qui allait voir sa grand'mère. Elle avait un panier où on lui avait mis une petite molette de beurre et des petits fromages. En chemin elle rencontra le loup, qui lui dit: Où vas-tu, petite ? — Je vais voir ma grand'mère. — Que lui portes-tu ? — Du beurre et des fromages. — Par quel chemin veux-tu passer, par celui des petites pierres ou par celui des épingles ? — Par celui des épingles pour lui en porter. — Ton panier t'embarrassera : donne-le moi, je te le porterai. Je veux passer par le chemin des pierres et nous nous trouverons à la porte de ta grand'mère.

La petite lui donne le panier. Le loup courut pour arriver le premier. Quand il fut à la porte, il frappa. — Qui est là ? — C'est votre petite fille. — Tire la bobinette et le loquet tombera. — Le loup étant entré tua la grand'mère. Il mit son sang dans un plat, sous la table, et la chair dans le placard, quand il en eut assez mangé. Puis il s'alla coucher dans le lit de la grand'mère.

La petite arriva, frappa, et le loup lui dit : Tire la bobinette, le loquet tombera. — Que m'apportes-tu, petite? — Je vous apporte des épingles. Je vous apportais du beurre et des fromages ; j'ai trouvé le loup qui me les a pris. J'avais peur qu'il me mange et je les lui ai donnés. — Tu as bien fait.

— Grand'mère, j'ai bien faim ! — Ouvre le placard, tu trouveras de la viande... — Tu manges la chair de ta grand'mère ! — Que dites-vous, que je mange votre chair ? — Je te dis de te dépêcher, pour venir te coucher. — Grand'mère, j'ai bien soif ! — Bois dans le plat qui est sous la table... — Tu bois le sang de ta grand'mère ! —Que dites-vous, grand'mère ? que je bois votre sang ! — Non, je te dis que j'ai cent ans. — Grand'mère, j'ai bien sommeil ! — Viens te coucher.— Grand'mère, que vous avez les jambes velues ! — C'est de vieillesse et de fatigue, j'ai tant traîné dans les bois et les terres. — Grand'mère, que vous avez les ongles longs ! — C'est de vieillesse... — Que vous avez les dents longues! — C'est pour te manger. — Le loup mangea la petite et s'en alla content.

Ainsi, quand vous trouverez par les chemins un homme qui voudra porter votre panier, vous ne l'écouterez pas, mais vous ferez votre chemin, parce qu'il pourrait bien vous manger.

A. Z.


ÉCHOS DIVERS ET COMMUNICATIONS

Œuvres Posthumes de G.-Albert Aurier

Nous avons publié une première liste de souscriptions dans notre numéro de décembre ; voici celles qui nous sont parvenues depuis :

EXEMPLAIRES JAPON (à 40 fr.) : M. le Dr Monnereau (par librairie Flammarion).

EXEMPLAIRES HOLLANDE (à 20 fr.) : MM. François Coulon, Jacques Robert, Louis de Saint-Jacques, Gaston Danville, Auguste Valade, Birlé, L. P. de Brinn' Gaubast.

EXEMPLAIRES PAPIER TEINTÉ (à 10 fr.) : MM. Albert Samain,Ch. Friedlander, Pierre Giat, Georges Mahu, Mme Jeanne Jacquemin, Jules Méry, Henry Leyret, Louis Rouart, Eugène Rouart, Saint-Pol-Roux, Joseph Fradet, Alfred Rousset, Charles Sluyts, Walther Nouvel, Albert Tissier, Armand Seguin, Bibliothèque de Châteauroux.

V. Feuille d'annonces en tête du présent numéro.

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Le premier tirage du Latin Mystique est épuisé. Une seconde édition est en vente (prix : 12 fr.) chez Léon Vanier et au Mercure de France (ici par correspondance seulement. Envoi franco).

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Notre Exposition d'un Projet de Timbre-Poste.

— L'État va mettre au concours un nouveau timbre-poste, et il n'est pas douteux que, comme toujours, il choisisse, parmi tant de projets qui lui seront soumis, une vignette sans grâce, quelque allégorie n'ayant aucun rapport avec l'art. Or, il nous paraît intéressant d'officieusement réaliser l'idée de M. Roger Marx — qui vient de mener une campagne contre la banalité de nos vignettes officielles et voudrait des compositions originales — en proposant ceci aux artistes qui ne croient point l'art incompatible avec cet objet : nous exposerons, en les publiant par planches dans notre numéro d'avril (paraissant le 25 mars), tous les projets de timbre-poste qui nous seront parvenus jusqu'au premier mars. Ne seront écartés que les envois d'une insuffisance manifeste ou ceux qui seraient de mauvaises plaisanteries. On entend bien que nous ne prétendons point nous ériger en juges et qu'il ne s'agit pas d'un concours, mais seulement d'une expérience tendant à prouver que l'Etat pourrait mieux faire que de toujours choisir ses vignettes dans la gravure industrielle.

Nous n'imposons aucune condition de forme, de dimension ni de procédé. Nous avertissons seulement : 1° que les dessins seront clichés, et que par conséquent il est préférable qu'ils soient en noir sur papier blanc ; 2° que les originaux seront réduits au quart : par exemple, quiconque désirerait la dimension du timbre de 15 centimes actuel devrait inscrire son dessin dans un rectangle de 92 sur 76 millimètres.

Les dessins (portant le nom et l'adresse de l'artiste devront être expédiés par la poste — ou déposés au Mercure de France le mardi, de 3 à 7 heures.

Il va de soi que les artistes étrangers ne sont pas exclus de cette expérience, et que nous publierons leurs envois.

§

On nous prie d'insérer la note et la lettre suivantes :

"MM. Abel Pelletier, Maurice Beaubourg et Camille Mauclair ont donné leur démission de rédacteurs à la Revue Indépendante, et déclarent n'avoir plus rien de commun avec la rédaction et l'administration de cette revue."

"Monsieur et cher confrère,

Voulez-vous me permettre de m'adresser à votre Revue pour rétablir dans son intégralité un article paru sous mon nom dans la Revue Indépendante d'octobre, et rendre le public juge du procédé qui en a causé la mutilation ?

J'avais écrit pour cette revue, sur M. R. de Gourmont, à propos de Lilith, un article peut-être sévère, mais, à coup sûr, dicté par la conviction et d'entière sincérité. (Je suis d'autant à l'aise pour avouer cela que je le dis dans cette maison où M. de Gourmont est un hôte apprécié ) L'article envoyé directement à l'imprimerie — comme de coutume —je priai le rédacteur en chef, M. Georges Bonnamour de me faire tenir les épreuves. Vers la fin du mois, ne recevant rien, je vins à la Revue ; le numéro était en retard. Dans la première huitaine de novembre j'y retournai : les épreuves étaient venues, corrigées, reparties... et M. Bonnamour m'annonça qu'il avait retranché environ une page à la fin de mon article. La raison ? Le nom de M. Saint-Pol-Roux ne devait pas être prononcé élogieusement dans la revue. Je protestai contre la désinvolture et l'inique du procédé, réclamant l'impression complète : le bon à tirer était donné, la revue devait paraître le lendemain. (En réalité, elle ne parut que quatre ou cinq jours après.) J'exigeai, alors, que le passage coupé fût rétabli dans le numéro suivant, à la fin des Petites polémiques mensuelles, sous la rubrique desquelles l'article avait paru. Et malgré l'acquiescement donné d'abord — acquiescement qui devint plus tard l'offre d'impression en suite d'un éreintement de M. Saint-Pol-Roux par un autre rédacteur, ce qui eût été, n'est-ce pas, très réjouissant — malgré la promesse donnée, la reconstitution n'a pas été faite.

Déjà froissé, d'ailleurs, d'être considéré comme solidaire d'attaques parfois injurieuses à l'adresse de personnalités qui ont au moins droit au respect, j'ai alors envoyé ma démission de rédacteur à cette revue et résolu de m'adresser à vous pour rétablir ainsi qu'il suit (1) l'article qu'une fantaisie de déplacé autoritarisme n'a fait paraître que tronqué. — Car je passe sous silence l'interpolation d'une note à tendances d'attaque personnelle et certaines coquilles que les épreuves, je veux croire mal corrigées, ont produites pour la discourtoisie de la polémique elle-même, d'une part, pour mon propre ridicule, de l'autre.

Agréez, etc...

ABEL PELLETIER."

(1) Lire, à la dernière page de l'article, après : "... les désigner d'avance" :

"Toutefois, si nul romancier ne saurait guère être mentionné, un poète, M. Saint-Pol-Roux, nous semble, parmi les spécialement psychiques, avoir, à certains égards, la compréhension exacte de l'époque où il vit et de ce que cette époque est en droit de demander à l'artiste qui la traverse. Et si nous ne partageons pas toutes ses idées, nous admirons pleinement le souci de modernité qui le préoccupe de plus en plus et l'idéo-réalisme qu'il a parfaitement compris comme pouvant être le seul mode de l'art auquel nous obligent nos complexes intellectualités."

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M. Ugo Valcarenghi, qui dirigea feu la Cronaca d'Arte, a fait à Milan, le 10 décembre dernier, une conférence ainsi annoncée : I veri décadenti del arte. M. Valcarenghi est un romancier de valeur et fort apprécié en Italie ; il a sur l'art des idées personnelles : mais il s'en est trop peu souvenu dans sa conférence, à laquelle nous assistions, et il nous semble qu'il est passé à côté de son sujet. — E. S.

§

Nombreuse compagnie, l'autre soir, chez Excoffier, au dîner des Têtes de Bois, où l'on fêtait la récente nomination de M. Roger Marx dans la Légion d'honneur. Sous la présidence de Jean Dolent, les peintres Eugène Carrière, Roll, Agache, Paul Vogler, Sérusier, Paul Ranson, Gabriel Biessy, Debon, Gaston Brun ; les sculpteurs Doublemard, Massoulle, Millet de Marcilly ; les graveurs A. Lépère, Léveillé, Clément Bellanger, Victor Jocillon, Henri Paillard ; l'architecte Trachsel ; le dessinateur Carloz Schwabe ; enfin Charles Morice [...].