Notice

1° Edition originale :

Le Latin mystique : les poètes de l'antiphonaire et la symbolique au moyen âge. Préface de J.-K. Huysmans, qui sera remplacée par une préface de Gourmont dans les éditions postérieures. Miniature de Filiger. Grand in-8 de 400 pages, publié par le Mercure de France en 1892 (1 wathman, 1 hollande van Gelder, 1 vergé des Vosges, 7 japon pourpre cardinalice, 9 japon violet-évêque, 10 hollande, 190 papier teinté). A sa parution, le 20 septembre, il y avait 126 exemplaires de souscrits.

« Le Latin Mystique, c'est vraiment huit cents ans de poésie, huit cents ans de poésie latine méconnue, méprisée par ignorance et par dogmatisme, qui se dévoilent à nous. Gourmont a voulu prouver qu'après Virgile, après Cicéron, après Claudien, le dernier des écrivains latins que l'Université tolérait, la langue latine avait continué de vivre longtemps, et qu'elle avait produit jusqu'au XIIIe siècle, et au delà, des oeuvres belles, variées, originales souvent ». (Noël Arnaud)

« Les premiers souscripteurs de cet ouvrage sont : MM. Pierre Quillard, ex. sur wathman, à 40 fr. ; l'abbé Mugnier, 2 ex. ; C. Landry, 1 ex. ; P.-N. Roinard, 1 ex. ; Saint-Pol-Roux, 1 ex. ; Alfred Vallette, 1 ex. ; Frédéric Serrien, 1 ex. » (« Echos divers et communications », Mercure de France, n° 28, avril 1892).

Grands lecteurs du Latin mystique : Georges Bataille, Blaise Cendrars, Frédéric Lefèvre, Henry Miller... (aux Amateurs de compléter la liste).

Coll. particulière.

2° Autres éditions :

Crès, 1913, « un volume in-8° (177 m/m x 255 m/m), imprimé sur vergé gothique. Frontispice par Maurice Denis, Ornements décoratifs par Roger Deverin. Prix : 15 francs. Ce livre a été tiré à neuf cent vingt-cinq exemplaires, soit : 30 exemplaires sur papier de Chine (dont 5 hors commerce) numérotés de 1 à 25 et de 26 à 30, prix : 40 fr. ; 19 exemplaires sur Japon impérial (dont 4 hors commerce) numérotés de 31 à 45 et de 46 à 49, prix : 40 fr. ; 1 exemplaire sur papier de Rives (hors commerce) n° 50; 875 exemplaires sur vergé gothique (dont 25 hors commerce) numérotés de 51 à 900 et de 901 à 925, prix : 15 fr. ». La préface de Gourmont a aussi été recueillie dans la cinquième série des Promenades littéraires (1913), sous le titre : « Une littérature inconnue ».

Crès, 1921

Mercure de France, 1930. Apparition signalée dans le Mercure de France du 1er novembre 1930, p. 766

« Les Introuvables », Editions d'aujourd'hui, 1980

Présenté par Charles Dantzig, « Collection Alphée », Editions du Rocher, 1990

Présenté par Pierre Laurens, Les Belles Lettres/essais, 2010

3° Envoi :

A la vente Jules Renard (fév. 1921), Le Latin mystique « sur Japon pourpre cardinalice », avec cette dédicace : « A.J.R... qui démarque la nature ! Remy de Gourmont », a été vendu 345 francs (Imprimerie gourmontienne, n°III, 1921).

4° Recensement des exemplaires (1 wathman, 1 hollande van Gelder, 1 vergé des Vosges, 7 japon pourpre cardinalice, 9 japon violet-évêque, 10 hollande, 190 papier teinté) :

B.N.F., département des Livres imprimés, fonds Barrès. Z. Barrès 8568

n° 73 (mardi 20 janvier 2004, Bretagne Enchères, Rennes)

Vu dans le catalogue Tajan, Livres anciens et modernes, vendredi 28 novembre 2003 à 14 h 30, Hôtel Drouot salle 2, 9 rue Drouot, 750009 Paris :

87 Le Latin mystique. Mercure de France, 1892 ; grand in-8° maroquin rouge, encadrement à froid sur les plats, fleurons aux angles, jeux de losanges à l'intérieur desquels fleurons et fleurs de lys sont estampés à froid, filet sur les coupes ; dos cinq nerfs orné de motifs à froid ; bordure intérieure ornée de filets à froid et dorés, doublure et gardes de soie rouge, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés, étui. (Gruel)

Edition originale. Un des 7 exemplaires sur Japon pourpre cardinalice signé par l'auteur. Reliée en tête, une lettre autographe signée de Gourmont sur le même papier, en date du 12 juin 1892 : « (...)je ne dois à nul (hormis de nécessaires services) donner des exemplaires du Latin mystique, mais que vous soyez à cette règle l'unique exception me plaira... Je suis, monsieur, votre humble frère en Saint-Bernard. »

En fin de volume, un article d'Anatole France sur le livre de Gourmont, paru dans L'Echo de Paris, est ajouté à l'exemplaire. La couverture est ornée d'une composition originale de Filiger.

Soie de la contregarde décollée. Mors frottés.

Ex libris Guy de Montlivault. 3500/4000 €

Note des Amateurs : serait-ce l'exemple de Léon Bloy (voir infra) ?

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Echos

122, rue du Bac, 5 mai 92.

Mon cher ami,

Vous vous plaignez, paraît-il, de mon silence et mon entrée que vous croyez finale dans le Nirvana. L'explication, c'est que je suis en train de vendre du papier et c'est un métier très rude parce qu'il faut d'abord l'acheter sous un format pour le revendre plié selon tel mode.

Je me suis donc mis à publier, par souscription, un ouvrage, que j'eus l'imprudence d'écrire sur les poètes latins dits et crus décadents, depuis Claudien jusqu'à l'auteur du Stabat au treizième siècle. J'ai fait fabriquer du papier exprès, couleur des bas de Monseigneur ; tout le monde en veut, il n'y en a plus. Vous voyez que mon commerce marche. Je pense à un papyrus nuance des jarretières cardinales ; je connais quelques délicieux mattoïdes qui se jetteraient dessus.

Vous verrez tout cela en détail dans le numéro du Mercure que je vous envoie. (Et, entre parenthèses, si vous voulez vous tenir au courant de la littérature, je vous la recommande, cette revue ; c'est plein de comptes rendus, livres, revues, etc., des plus complets.) [...]

(Lettre à Emile Barbé, Imprimerie gourmontienne, n° 3,1921).

La documentation de ses livres, qui semble merveilleuse au premier abord, était, en réalité, fort rudimentaire. Son art en ce genre de travaux était celui d'un cuisinier supérieur, alchimiste habile et qui tire de vulgaires herbes, d'ordinaires viandes, les coulis les plus raffinés, les sauces les plus pointues. Toute la partie d'A Rebours sur la poésie latine de la décadence est condensée du vaste travail d'Ebert, qui ne cite presque jamais aucun texte. C'est sur les analyses de ce lourd et docte professeur que des Esseintes piqua ses ingénieuses épithètes. D'un mot pittoresque, Huysmans résume souvent toute une page, tout un chapitre du consciencieux Allemand, et en somme, si la vérité classique est dans L'Histoire générale de la littérature en Occident, la vérité impressionniste est dans A Rebours. Huysmans fut fort étonné de mon travail sur les poètes latins du moyen âge, dont l'idée venait pourtant de chez des Esseintes. Cela lui donna le goût de cette langue faisandée qu'il ne connaissait guère que de seconde main : la singulière préface du Latin mystique montre que ses connaissances philologiques étaient des plus restreintes. Il s'en passa très bien. Cet A Rebours, que j'admirais alors peut-être à l'excès, est resté pour moi un des livres les plus curieux de notre temps et qui vient dans son genre à la suite de Bouvard et Pécuchet (R. G.).

20 mai [1892]

Vu Remy de Gourmont dans son modeste intérieur de la rue du Bac. Sa robe de chambre est un froc de capucin. Son Latin mystique est lent à paraître ; faute de l'éditeur. Des exemplaires seront en papier violet-évêque et rouge-cardinal. « On ne s'intéresse pas à la littérature aujourd'hui », me répète-t-il d'une voix timide et légèrement bégayante. La littérature consiste à écrire, sur du papier extravagant, à l'usage de quinze maniaques. (Journal de l'abbé Mugnier ).

6 juin 1892.

Monsieur, je suis un latiniste plutôt débile. Le document ci-joint (1) vous le prouvera. Cependant, j'ai l'honneur de croire le latin et surtout le latin d'église, qu'il vous plaît d'appeler « mystique », incomparablement plus valide que toutes les langues prétendues vivantes. Je rêve donc de posséder votre livre dont le coût m'intimide et me déconcerte. Il pourrait m'être profitable pour certain travail difficile que je prépare depuis longtemps sur l'époque de Philippe-Auguste. Veuillez croire en outre qu'il me serait infiniment agréable de le tenir de vous-même. J'ignore si cette largesse vous est possible et, à la vérité, je n'y ai aucun droit, n'ayant été, jusqu'à ce jour, ni votre ami ni votre ennemi. Quelle que soit votre réponse ou la profondeur de votre silence, soyez assuré. Monsieur, de ma considération littéraire.

LÉON BLOY.

Bien que le faible tirage de son livre ne lui permît aucun service de presse, Remy de Gourmont fit aimablement exception en faveur de Léon Bloy qui reçut l'un des 220 exemplaires de l'édition originale du Latin mystique. (Joseph Bollery, Léon Bloy. Sa maturité - Sa mort)

(1) Lettre encyclique (en latin) aux Evêques pour plaider la cause de la béatification de Christophe Colomb, Paris, 1890.

J'aurais pu l'être, mais je n'ai jamais été des intimes de Rémy de Gourmont. Et pourtant, depuis quarante ans, je ne crois pas avoir publié un livre ou un écrit sans que son nom y figure ou que je ne le cite d'une façon ou de l'autre. C'est dire combien profondément j'ai subi l'emprise du maître que je m'étais choisi à vingt ans. Tout ce que j'ai appris dans les livres c'est à ses livres que je le dois car j'ai lu tous les livres qu'il cite, mais j'ai surtout appris dans la fréquentation de ses propres ouvrages l'usage des mots et le maniement de la langue. Un livre comme Le Latin mystique a été pour moi une date, une date de naissance intellectuelle. Je la célèbre tous les ans en m'achetant un tome de la Patrologie, mais aussi en souvenir de l'antiphonaire qu'il portait ce jour-là sous le bras et qu'il emporta chez lui, 71, rue des Saints-Pères, où je le vis disparaître. (Blaise Cendrars, Bourlinguer)

Un livre l'avait beaucoup marqué, Le Latin mystique de Remy de Gourmont, où il est rapporté que les moines, pendant la récitation et l'extase, changent la prosodie et la séquence musicale. (Miriam Cendrars)

Cendrars s'est libéré très vite de ses ascendants, Remy de Gourmont au premier chef, principalement par son Latin mystique dont on retrouve l'accent dans Séquences et même dans Pâques à New York (T'Serstevens).

Arrivé à la Bibliothèque impériale, il y entra, machinalement. Il parcourait, distrait, des catalogues, quand son œil se fixa soudain et il eut un petit frisson : « Remy de Gourmont,  Le Latin mystiqueles poètes de l'antiphonaire et la symbolique au Moyen Age, Paris, 1892 ; édition des souscripteurs. » Il remplit un bulletin et commanda le livre pour le lendemain matin. [...] Il était très content. Il n'avait jamais pu se procurer le livre de Remy de Gourmont ; depuis longtemps, il désirait le lire. Le Latin mystique ! Son esprit, comme d'un tremplin, rebondissait. [...] Pour se calmer, il se récita, à mi-voix, le Coucher du soleil romantique, de Baudelaire (Blaise Cendrars, Aujourd'hui, suivi de Essais et réflexions, Denoël, 1987).

M. André de Gourmont nous a communiqué un souvenir très savoureux. Après la parution du Latin mystique Rémy était un homme heureux : « Voilà un livre, disait-il, que je pourrai offrir à mon curé ! » (Léon Blouet, « Mon paroissien, Rémy de Gourmont »)

Dans le désarroi de l'exode de 1940, il jette sur le verso d'une enveloppe ouverte en deux, datée du 26 juillet 1940 à Nice, quelques réflexions sur la souffrance que lui cause l'éloignement de sa bilbliothèque.

Parmi les auteurs ou les livres qui lui manquent alors, il note, à côté du Latin mystique de Rémy de Gourmont, les livres de Delteil, de Montherlant, de La Varende. (Un auteur, Jean de La Varende ; un critique, Frédéric Lefèvre, présentés par Nicole Villeroux)

M. de Ventrelong. – Seuls les esprits portés au paradoxe ont chance de dire des vérités.

Jean-Marc. – Ceci est une apologie de Diderot et de Remy de Gourmont.

M. de Ventrelong. – C'est que notre dernier sage est parfois admirable. Ainsi, dans cette préface nouvelle qu'il a ajoutée à l'édition récente du Latin mystique, ces remarques sur la langue écrite et la langue parlée, quel utile complément aux articles et aux brochures de Marcel Boulenger ! (« Dans la bibliothèque », Almanach littéraire Crès, 1914)

Vu dans le catalogue de Thierry Bodin, Les Autographes, n° 101, juillet 2002 : 213. Henry MILLER (1891-1980) écrivain américain : L.A.S., [Big Sur] 19 août 1951, à Pierre LALEURE ; 1 page in-fol., adresse ; en français. Il le remercie de l'envoi de 5 livres dont Le Latin mystique de Remy de GOURMONT presque introuvable [...] [source : Eric Brault].

Descendant à Saint-Wandrille, nous allâmes y visiter Maeterlinck [...]. Maeterlinck parla à Gourmont du Latin mystique, puis me chuchota : « Cet homme est une bouteille à encre. » (Natalie Barney, Aventures de l'esprit)

Lettre de Remy de Gourmont à Alfred Vallette

Léon Bloy, « La langue de Dieu », Mercure de France, mars 1893, Belluaires et Porchers, Stock, 1905 & Nouvelle Imprimerie Gourmontienne, n° 1, automne 2000

Anne Boyer, « Un livre-culte », La Quinzaine littéraire, n° 1015, 16-31 mai 2010, p. 14

Saint-George de Bouhélier, « Le Latin mystique », L'Académie française, fév. 1893

Jean Céard , « Le latin mystique de Gourmont », p. 171-182, Les Décadents à l'école des Alexandrins, colloque international des 30 nov.-1er déc. 1996 à l'université de Valenciennes, études rassemblées et présentées par Perrine Galand-Hallyn, Presses Universitaires de Valenciennes, 1996, 318 p.

Myriam Cendrars, Blaise Cendrars, Balland, 1984, p. 175-177

Victor Charbonnel, « Les Mystiques dans la littérature présente, 3e partie : A travers les Chapelles mystiques », Mercure de France, mars 1896, p. 352-355

T.-T. Clayton , « Le Latin mystique », Little Review, février-mars 1919

Marcel Coulon, « Regard sur l'Anthologie », Les Marges, n° 47, mars 1914, p. 198

A. Diepenbrock, « Le Latin mystique », De Nieuwe Gids, décembre 1892 [Voir : R. de M., « Journaux et revues », Mercure de France, mars 1893, p. 280]

F. Erens, « L'Ennemi des lois de Barrès ; L'Ecornifleur de Jules Renard ; Le Latin mystique de Remy de Gourmont », De Nieuwe Gids , février 1893

Anatole France, La Vie littéraire : « Remy de Gourmont. Le Latin mystique. », Le Temps du 11 décembre 1892. Repris dans la Vie littéraire, 5e série, « Coll. le Zodiaque », Calmann-Lévy, 1949

Gaëlle Guyot, « Le Latin mystique et ses masques », Léon Bloy 6, Bloy critique , La Revue des Lettres modernes, Lettres modernes Minard, Paris-Caen, 2005, p. 115-146

« Alle radici della Physique de l'amour, le Latin mystique », Remy de Gourmont : atti del Convegno di Monselice, « Biblioteca francese 1 », Padoue, Unipress, 1997

Jean de Gourmont, « Le Latin mystique », Mercure de France, 1er décembre 1913

Ch.-V. L., « Le Latin mystique », Revue critique d'histoire et de littérature, janvier-juin 1893, p. 86-90

J. L., « Chronique : Les origines du Stabat mater », La Revue critique des idées et des livres, T. XXV, n° 149, 25 juin 1914, p. 731-734

Laffont-Bompiani, Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays, III, 3e édition, 1958, p. 168

Sébastien Lapaque, « A y gagner son latin », Le Figaro littéraire, jeudi 18 mars 2010, p. 5

L. Le Cardonnel, « Le Latin mystique », L'Ermitage, juin 1893

Frédéric Lefèvre, L'Adhésion, Aubanel, 1943, p. 125-130

Claude Rétat, « Le Latin mystique de Remy de Gourmont », in La Fabrique du Moyen Age au XIXe siècle, Champion, 2006, p. 971-973

Marcel Schwob, « Le Latin Mystique », Mercure de France, novembre 1892

Laurent Tailhade, « La verrière et l'ostensoir », Comœdia, 29 avril 1914

Karl D. Uitti, « Remarques sur le Latin mystique », colloque de Cerisy, vendredi 4 octobre 2002 (à paraître)

Ph. B, « Le Latin mystique, de Remy de Gourmont », Valeurs actuelles, 25 février 2010


« Les principales nouveautés : Rémy de Gourmont, Le Latin mystique », Revue des lectures, n°1, 15 janvier 1931, p. 111-112


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