Troisième année. — Vol. IV n° 24 — Mars 1892

1. M. F. Vielé-Griffin : Encore de M. Zola.

2. M. Paul Valéry : Purs Drames.

3. La Vérité sur la Russie.

4. M. Saint-Mieux : La Socialisation du langage.

5. M. Paul Adam : Souvenir sur les hommes et sur l'apparence de Dieu.

6. Bernard Lazare : Les Livres.

7. Notes et Notules.



ENTRETIENS. Politiques et littéraires. Directeur, Georges Vanor. — Paris, Librairie de l'Art indépendant.
Mensuels. 32 et 48 pages in-16.
N°1 : avril 1890.
Collaborateurs : Paul Adam, H. de Régnier, Fr. Vielé-Griffin, Bernard Lazare, Jules Laforgue (Inédits posthumes), A.-F. Herold, E. Dujardin, Pierre Quillard, André Gide, Stéphane Mallarmé, Remy de Gourmont, etc.

(Remy de Gourmont, Les Petites Revues, p. 12)


Deuxième année. — Vol. III n°19 — Octobre 1891

1. M. Paul Adam : L'Evolution Dramatique.

2. M. A. Germain : Ceux de l'Ecole.

3. M. Bernard Lacaze : Une Lettre.

4. M. Francis Vielé-Griffin : A propos des Chansons d'Amants.

5. Notes et Notules. (Livres, Musique, Théâtre, etc.)

NOTES ET NOTULES

M. Jean Moréas vient de fonder l'Ecole Romanitas ; nos souhaits de bienvenue à la nouvelle née. Nous nous en voudrions de critiquer trop durement une manie inoffensive et assez divertissante, en somme. Qui sait, au reste ? cette sorte de chose, ces groupements peuvent faciliter le pèlerinage passionné vers l'Art, dont M. Moréas n'est pas un des moindres enthousiastes : ne voit-on pas, tous les jours, se former des caravanes économiques à destination de la Suisse et même de la Terre-Sainte ? Nous nous permettrons seulement de recommander à M. Moréas à défaut de Pégase, le « Godard » piano-tricycle agrément, économie, lucre !

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Les Revues :

Le Mercure de France, très en beauté, profère des sollicitations pacifiques — M. Saint-Pol Roux est un admirateur utopiste : M. Emile Goudeau n'écrivait-il pas dans les Entretiens du 1er août 1890 : « Soyons camarades sur ce terrain (de l'Individualisme) au lieu de nous disputer âprement sur des thèses d'Ecole, et d'imiter les valets de cirque qui se gourment devant l'indifférence des chevaux et des bottes de foin. ») — Nous n'avons pas participé aux Interviews récentes, et si nous avons pris place au banquet fraternel de février, nous n'avons pu prévoir ni empêcher les nouveaux mouvements de M. Moréas auxquels, ajoutons-le, nous ne voyons aucun inconvénient littéraire.

M. Aurier étudie le tragique Henry de Groux.

Encore dans le Mercure de France : de remarquables proses de Pierre Quillard et de Rémy de Gourmont ; de Jules Bois et Henri Albert, une intéressante traduction de l'Hylo et Mehalla de Jean Paul ; des vers de Tailhade, une critique d'Alfred Val[l]ette sur l'Enquête de M. J. Huret.

L'Art moderne, cite à la date du 15 septembre cette lettre de M. Maeterlinck.

A la date du 15 septembre (la lettre nous est tardivement parvenue), Maurice Maeterlinck nous a écrit :

« Je reviens de voyage, et j'apprends qu'on a profité de mon absence pour m'infliger le prix triennal de littérature dramatique. Je n'ai pas encore reçu avis officiel de ce malheur, mais vous pouvez annoncer dès à présent que je refuse cette couronne imprévue. »

Nous lisons dans l'En dehors :

« Nous avons entendu le rédacteur en chef d'un des journaux dont les dessins sont les plus dépouillés d'artifices dire à peu près ceci :

— Ce qu'il y a d'embêtant tout de même, pour nous autres artistes, c'est d'être interdit en compagnie si mêlée : tel journal, non, vrai ! c'est dégoûtant !

L'avouerais-je d'un ton très humble : ces subtiles différences m'échappent. Ce n'est pas parce que l'on viendra me citer le nom de trois ou quatre célébrités du genre que j'en demeurerai sans réplique. Entre Emile Blain et Armand Silvestre mes préférences ballotteront...

Si les pseudo-artistes en question, aujourd'hui sensuels ou même lubriques, demain, dans une conception, se révélaient penseurs, alors oui, l'on pourrait dire que ce sont les mouvements divers d'un tempérament : mais non, après les demi nudités suggestives et les boniments à sous-entendu, d'autres encore, et toujours et toujours.

Il est réellement très crâne de soutenir qu'il se trouve une volonté artiste dans tous ces rabâchages, dans ce labeur de ruminants...

Devant l'excitation voulue, tous les pornographes sont égaux. »

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Les Livres :

Les Amours jaunes, de Tristan Corbière (réédit. Vanier). Nous publiions, il y a peu, des notes de Jules Laforgue sur ce curieux poète. — Complétons-les par ce parallèle que l'auteur des Moralités légendaires (lecture recommandée à M. H. Fouquier) a tracé lui-même (1) ... « Si j'ai l'âme de Corbière un peu, c'est dans sa nuance bretonne et c'est naturel (2) ; quant à ses procédés, point n'en suis ; ce sont triplés et plus spontanés, ceux d'Anatole, de Manette Salomon, de Banville, de Charles Demailly, des Frères Zemganno et des pitres déchirants de La Faustin. Corbière a du chic et j'ai de l'humour ; Corbière papillote et je roronne :,je vis d'une philosophie absolue et non de tics ; je suis bon à tous et non insaisissable de fringance ; je n'ai pas l'amour jaune, mais blanc et violet gros deuil ; — enfin, Corbière ne s'occupe ni de la strophe ni des rimes (sauf comme tremplin à concetti} et jamais de rythmes, et je m'en suis occupé au point d'en apporter de nouvelles et de nouveaux ; — j'ai voulu faire de la symphonie et de la mélodie, et Corbière joue de l'éternel crin-crin que vous savez... »

Strophes d'Amant, par Julien Leclercq (Lemerre édit..).

Stupeur, poèmes par G.-C. Toussaint (Vanier).

Le Vice filial, par Paul Adam (Kolb.)

Sensations d'Italie, par Paul Bourget (Lemerre).

La Famille d'Armelles, par Jean Marras (Bailly).

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Les intérêts immédiats de M. Wilder et Nuitter s'opposeraient-ils à ce qu'à côté de leurs détestables traductions « en vers » des drames wagnériens, l'on en entreprît une traduction en bonne prose ?

Au fait, puisque le Verdi s'est longtemps chanté en italien pour le plus grand plaisir des dilettanti, pourquoi ne chanterait-on on pas Lohengrin en allemand — là, tout franchement ?


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On se souvient du Départ, de la Bête humaine — le nombre d'exemplaires dépassait-il 45,000 ? — en tous cas, voici quel serait le chiffre du Retour, de l'Argent : 45,000 exemplaires non vendus : ce ne serait plus le crac du livre, mais le livre du crac. Toutefois, le service militaire obligatoire et la menace d'une guerre européenne, toujours imminente, promettent un meilleur écoulement de La Débacle où le viol se pratiquera dans le sous-sol des villages incendiés, où la trahison de Bazaine s'expliquera par des raisons de sexualité, où se lira, surtout, une scatologisation dramatique des affres botelliennes de la ferme de Baille-belle.

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Le titre Dieu, en tant qu'honorifique, peut appartenir à Victor Hugo — en co-propriété, toutefois, avec notre Créateur à tous — en tant que titre d'ouvrage il peut être revendiqué à bon droit par les éditeurs d'Actes et Paroles dont l'auteur en prit publiquement possession dans la préface d'un ouvrage non sans valeur intitulé la Légende des Siècles — où sont annoncés simultanément une « fin de Satan » et un « Dieu » : notre tempérament nous permet, néanmoins, de considérer ce dernier titre comme étant la propriété exclusive de M. Paul Adam, et cela contre toute vraisemblance.

(1) Dans le journal Lutèce, 4 octobre 1885.

(2) Jules Laforgue était d'origine bretonne.

pp. 148-152


Troisième année. — Vol. IV n° 25 — Avril 1892


1. Rémy de Gourmont : L'idéalisme.

2. Pierre Quillard : L'anarchie par la littérature.

3. Edmond Cousturier : Curiosités mécéniennes.

4. H. de Régnier : Le combat dans la forêt.

5. F. Vielé-Griffin : Autobiographie de Walt Whitman.

6. Bernard Lazare : Des critiques et de la critique.

7.............................. Les Livres.

8. Notes et Notules.


N° 34. — TOME VI 10 Janvier 1893

Quatrième année — Deuxième Période

Avertissement

Paul Adam : Critique des Mœurs.

Konrad Alberti : La Jeune France.

Paul Claudel : Chant à cinq heures.

Pierre Veber : La Légende de Rotschild.

Paul Adam : Dieu.

Henri de Régnier : Notes dramatiques.

Gabriel Fabre : Notes sur la musique.

Bernard Lazare : Les Livres.

B. L. : Revue des Revues. — Memento.


N° 35. — TOME VI 23 Janvier 1893

Quatrième année — Deuxième Période

A. Hamon : Elus. — Electeurs.

Paul Adam : Dieu (suite).

Francis Vielé-Griffin : Saint Martinien, poésie.

Tristan Bernard : Au Pays des petits verres.

Paul Adam : Critique des Mœurs.

Edmond Cousturier : Notes d'Art.

Henri de Régnier : Notes dramatiques.

Bernard Lazare : Les Livres.

B. L. : Revue des Revues. — Memento.


N° 36. — TOME VI 10 Février 1893

Quatrième année — Deuxième Période

Georges Vanor : Le Drame Wagnérien.

Paul Adam : Dieu (suite).

Henri Bordeaux : Les Paysans.

Emile Cottinet : Poésies : Fresque. — Nocturne. Histoire de Sem et Japhet.

Gabriel Mourey : J.-L. Forain.

Paul Adam : Critique des Mœurs.

Henri de Régnier : Notes dramatiques.

Bernard Lazare : Les Livres.

B. L. : Revue des Revues. — Memento.


N° 37. — TOME VI 23 Février 1893

Quatrième année — Deuxième Période

Henri de Régnier : Charles Baudelaire.

Paul Adam : Dieu (suite).

Ferdinand Herold : Quelques notes sur la Patrie et le Patriotisme.

Camille Mauclair : Ex-Voto (poésie).

Paul Adam : Critique des Mœurs.

Edmond Cousturier : Notes d'Art.

Henri de Régnier : Notes dramatiques.


N° 43. — TOME VI 25 Mai 1893

Quatrième année — Deuxième Période

Paul Adam : Dieu (suite).

Henri Bordeaux : Les premières poésies de Villiers de l'Isle-Adam (1re partie).

Saint-Pol Roux : Epilogue des Saisons humaines (suite).

Henry Malo : Indications politiques.

Henri de Malvost : Lettre musicale.

Bernard Lazare : Les Livres.

B. L. : Revue des Revues ; Memento.


293. LES ENTRETIENS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES. — Paris, avril 1890-1893. In-16. — Département des Imprimés. 8° Z. 13458.

Fondés chez l'éditeur Edmond Bailly par Henri de Régnier, Paul Adam, Georges Vanor, Bernard Lazare et F. Vielé-Griffin, les Entretiens politiques et littéraires furent une revue de combat et de critique. « On n'y ménageait guère, dit M. A. Fontainas, les renommées usurpées et les valeurs surfaites » ; elle était orientée vers un certain anarchisme intellectuel, et aussi vers les spéculations philosophiques et ésotériques, sous l'impulsion de son éditeur Bailly. Si le premier numéro donnait en guise de déclaration liminaire une définition du symbole empruntée à Carlyle, la liste de ses collaborateurs, liste où Henri Bordeaux, Henri Malo, Georges Lecomte et Emile Goudeau voisinent avec Saint-Pol-Roux, Mallarmé, P. Quillard, Dujardin, Herold, prouve assez que cette revue très vivante et variée n'était inféodée à aucun groupe littéraire.

(André Jaulme et Henri Moncel , Cinquantenaire du Symbolisme, Editions des Bibliothèques nationales, 1936, p. 60)