Emile Bernard : Les Palettes d'Eugène Delacroix et sa recherche de l'absolu du coloris
Gilbert Maire : La Personnalité de Baudelaire et la Critique biologique des « Fleurs du mal » (fin)
A.-Ferdinand Herold : Au fil du Rhône, sonnets
Paul Louis : La Crise du Parlementarisme
André Rouveyre : Visages : XXXIV. S. Pozzi
Edmond de Beaurepaire : Les Maisons de Jeux au Grand Siècle
Fritz Erler ( Marcel Montandon, trad.) : La Réforme scénique au Théâtre des Artistes à Munich
Georges Eekhoud : La Journée des Marchands de sable, conte

REVUE DE LA QUINZAINE

Remy de Gourmont : Epilogues : Dialogues des Amateurs : CI. L'Obsession
Pierre Quillard : Les Poèmes
Rachilde : Les Romans
Jean de Gourmont : Littérature
Edmond Barthèlemy : Histoire
Georges Bohn : Le Mouvement scientifique
Charles Merki : Archéologie, Voyages
José Théry : Question juridiques
Jacques Brieu : Esotérisme et Sciences psychiques
Charles-Henri Hirsch : Les Revues
R. de Bury : Les Journaux
André Fontainas : Les Théâtres
Jean Marnold : Musique
Henri Albert : Lettres allemandes
E. Séménoff : Lettres russes
Michel Mutermilch : Lettres polonaises
William Ritter : Lettres tchèques
Mercure : Publications récentes

Echos


LITTERATURE

Hippolyte Parigot : Renan. L'Egoïsme intellectuel, 1 vol. in-18, 3.50, Flammarion. — André Morize : L'Apologie du Luxe au XVIIIe siècle. Le Mondain et ses sources, 1 vol. in-16, H. Didier. — Gaston Boissier : L'Académie française sous l'Ancien régime, 1 vol. in-18, 3. 50, Hachette. — Maurice de Noisay : Lettre à MM. les Directeurs des journaux nationalistes à propos d'un article défini, 1 vol. in-12 de 50 p., Nouvelle Librairie Nationale. — Portraits d'hier : Léon Cladel, par Georges Normandy, 1 broch. in-8°, H. Fabre.


LES REVUES

La Revue illustrée : une anecdote sur Pierre Dupont . — Les Nouveaux horizons, etc. : le surhomme d'après M. Delclève. — La Revue : M. Auguste Rodin sur le « mystère dans l'art ». — Schéhérazade : petits poèmes clairs de Stéphane Mallarmé et petites proses mystérieuses de Mme Aurel. — Memento.

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MEMENTO. — Vers et Prose (octobre-novembre-décembre) publie un inédit de Stéphane Mallarmé ; Promenades au dedans et au dehors, par M. René Boylesve ; l'avant-propos de M. Paul Adam pour son nouveau roman Le Trust ; de M. Paul Fort : Mortcerf ; de M. Stuart Merrill, Le roi fou, etc., etc.

Le Correspondant (25 décembre) : La Chambre des lords, anonyme ; par Mme de Guinaumont : Le colonel de Loyal-Emigrant.

La Nouvelle Revue (1er janvier) : Les tendances du félibrige, par M. A. Praviel ; les Femmes de Racine : Iphigénie, par M. Laurent Tailhade.

La Grande Revue (25 décembre) : Le mouvement dans la poésie lyrique, conférence de M. Henri Ghéon.

La Nouvelle revue française (1er janvier) : Du vers français, par M. Michel Arnauld.— Une nouvelle du malheureux et grand Charles-Louis Philippe : Charles Blanchard, sa dernière œuvre, la meilleure peut-être de ce doux et puissant écrivain. — Le Journal sans date, de M. André Gide, montre les mille facettes de sa rare intelligence.

Les Faits (1er janvier) rédigés par MM. Ch. Régismanset, V. Litschfousse et S. Klein, résument en 16 pages les manifestations de la vie sociale pendant un mois, classées avec méthode. On y trouve des« mots » anciens et de neufs, très savoureux. Les défunts s'y rappellent à notre souvenir, témoin cette réplique que Scholl avait placée en son temps :

— « Monsieur, s'écriait Z...., je suis convaincu !

— « Rassurez vous, lui dit Emmanuel Arène, vous prendrez votre revanche !.. . »

Le Feu (1er janvier): M. J.-L. Vaudoyer étudie l'œuvre de M. Edmond Jaloux ; Mme Aurel nous montre Jean Dolent chez lui ; M. Louis Thomas chante une Ode à la Provence.

La Revue (1er janvier): Le droit et ses mensonges, par le comte Tolstoï.

Revue bleue (1er janvier) : L'interrogatoire de l'accusé, par M. R. Le Poittevin ; Le rôle de l'orateur populaire, par M. Marc Sangnier.

La Revue hebdomadaire (1er janvier) : M. A. Chaumeix : Les Critiques du rationalisme.

La Revue des Lettres et des Arts (1er janvier) : Un procès de Mirabeau à Grasse, par M. Henri Moris.

La Revue de Paris (1er janvier) : L'œuvre de Selma Lagerlöf, par Mme Martine Rémusat.


LES JOURNAUX

Livres scolaires (Le Gaulois, 12 janvier). — Le prix des femmes à New-York (La Dépêche, 8 janvier). — Une fantaisie de Saint-Pol-Roux (La Dépêche de Brest, 28 décembre). — L'origine de Chantecler (L'Eclair, 15 janvier). — Modèle de style (L'Intransigeant, 11 janvier). — Concours d'épigrammes (Comœdia, 14 janvier).

M. Maurice Barrès s'étonne, dans un article du Gaulois, que, dans les livres scolaires, on ait changé quelques exemples qui, pour la plupart, dataient de la Restauration. Il sera un peu moins question de Dieu, du déluge, de l'Assomption, et cela en vaudra mieux. Une grammaire ne doit pas être un résumé du catéchisme ni un abrégé de l'histoire sainte. Les enfants n'ont que trop de tendance à croire tout ce qu'ils lisent ; il est inutile de mettre sous leurs yeux des phrases comme : « Tous les peuples avaient un souvenir, une réminiscence confuse du déluge. » — Ce qui tend à rien moins qu'à mettre hors de conteste la véracité de la Bible. Mais voici, exposés par lui, les griefs de M. Barrès :

Prenons d'abord le plus innocent des manuels, la Grammaire française de Larive et Fleury, où il semble que la passion perde ses droits. Comparons deux éditions, celle de 1887 et celle de 1909, et nous verrons le chemin parcouru.

En 1887, « Dieu est grand ».Cet exemple paraît avoir des inconvénients en 1909, et l'on se donne la peine de le rayer pour y substituer : « Paris est grand. »

En 1887, on ne voit pas d'obstacle à imprimer que « Dieu est miséricordieux » ; mais en 1909, on enlève cette affirmation scandaleuse et on la remplace par cette autre : « Celle plaine est fertile. »

« L'hymne de l'Assomption est très belle », disait la grammaire en 1887, mais ce renseignement paraît trop clérical et l'on fait la dépense d'un remaniement où nous lisons : « Le poète Santeuil composa de très belles hymnes. »

Et qu'on ne nous dise pas qu'il s'agit de perfectionner les paradigmes, car à des phrases par elles-mêmes assez intéressantes, on substitue de simples bêtises. C'est ainsi qu'on pouvait lire en 1887 : « Tous les peuples avaient un souvenir, une réminiscence confuse du Déluge », et qu'en 1900 on lit : Les peuples de l'Italie avaient un souvenir, une réminiscence confuse des éruptions du Vésuve. »

En 1887, « les passagers d'un vaisseau près de périr lèvent les mains et les yeux au ciel pour implorer la protection divine ». Cela choque aujourd'hui l'intelligence de nos instituteurs, qui préfèrent cet exemple : « Quand le sang circule mal chez les malades, ils ont les pieds et les mains enflés. »

Dans un sentiment que je trouve ingénieux, agréable, on émaillait nos grammaires de citations empruntées à nos classiques. C'est ainsi qu'en 1887 on lisait.

J'ai mon Dieu que je sers, tu sers le tien, Joas.

Ce que ne peut plus supporter notre pédagogue moderne, qui substitue à ce vers de Racine cette phrase de son cru : « Les cultivateurs se servent de la marne pour amender leurs champs. »

J'avoue ne trouver en ces divers changements rien que de très raisonnable. Peut-être bien est-ce trop raisonnable, mais l'université n'est pas romantique. M. Barrès a-t-il été plus heureux, en découvrant dans le Manuel général de l'instruction primaire (n° du 30 décembre 1905) ce sonnet signé Ronsard ?

HORREUR DE LA GUERRE

Je voudrais voir les gens qui poussent à la guerre
Sur un champ de bataille, à l'heure où les corbeaux
Crèvent à coups de bec et mettent en lambeaux
Tous ces yeux et ces cœurs qui s'enflammaient naguère,

Tandis que flotte au loin le drapeau triomphant
Et que, parmi ceux-là qui gisent dans la plaine
Les doigts crispés, la bouche ouverte et sans haleine,
L'un reconnaît son frère et l'autre son enfant.

Oh ! je voudrais les voir, lorsque dans la mêlée
La gueule des canons crache à pleine volée
Des paquets de mitraille au nez des combattants ;

Les voir, tous ces gens-là, prêcher leurs théories
Devant ces fronts troués, ces poitrines meurtries
D'où la mort a chassé des âmes de vingt ans. RONSARD.

C'est plutôt du Clovis Hugues. Il faut défendre l'intégrité de Ronsard et protéger la naïveté des enfants. Mais s'agit-il bien d'un faux, alors inepte par sa grossièreté ? Serait-ce pas une simple erreur de signature ? S'agirait-il point de Ponsard ? mais c'est bien parnassien. Encore une question à soumettre à l'Intermédiaire.

§

Les Américains, qui ont fait tous les trusts, ont fait celui de la prostitution. M. L. Dumur nous en donne l'histoire, dans la Dépêche. Ce trust, connu sous le nom de Max Association, a des ramifications dans toutes les grandes villes des Etats-Unis ; il opère sous les auspices du Tammany, la grande organisation de gabegie politique et municipale :

C'est le trust qui envoya ses prostituées suivre l'armée russe pendant la guerre avec le Japon ; c'est lui qui fournit de femmes les camps des chercheurs d'or de l'Alaska et les équipes ouvrières du canal de Panama. Comme une pieuvre formidable, il étend sur les deux monde ses tentacules empoisonnés, pompant de toutes parts l'or produit par la débauche humaine.

D'après les statistiques, il y avait, il y a cinquante ans, à New-York, 6.000 prostituées, dont 60 pour cent étrangères. Aujourd'hui, l'importation annuelle, pour New-York seulement, est de 3.000 filles, et il s'en recrute environ 6.000 sur place, dans les quartiers Est de la ville. L'importation totale pour les Etats-Unis est de 15.000 par an : la plupart passent par New-York, d'où elles sont expédiées sur les divers marchés du trust. Parmi les pays exportateurs de prostituées, la France occupe actuellement le premier rang ; puis vient le Japon et, au troisième rang, la Chine.

Les Allemandes, Irlandaises, Polonaises, Russes, etc., tiennent aussi une place fort importante, peut-être supérieure, dans l'immense personnel du trust, mais celles-ci sont fournies surtout, comme anciennement, par le recrutement chez les immigrantes et font moins que les premières l'objet d'une importation spéciale.

Chaque femme fournie est payée à son fournisseur; elle est achetée comme une esclave. Il y a un cours pour le marché des femmes comme pour celui des valeurs mobilières. Les plus haut cotées, parce que les plus demandées, sont, comme on s'en doute, les Françaises. Une Française vaut de 2.500 à 5.000 fr., selon sa qualité ; les Japonaises se négocient entre 1.500 et 2.000 fr. ; les Chinoises, dans les villes de l'Ouest et au Transwaal, valent de 1.000 à 1.500 fr. pièce.

Si ces prix sont élevés, ils sont amplement motivés par les bénéfices que rapporte la traite. On a calculé, en effet, que chaque prostituée, à New-York, produisait en moyenne un bénéfice net de 10 dollars, soit cinquante francs par jour, plus de 18.000 fr. par an. On comprend dès lors de quelles ressources formidables disposent tes gros bonnets du trust pour les œuvres de corruption politique et électorale, fondement de leur puissance.

Celle-ci coûte d'ailleurs extrêmement cher. Rien que la police de New-York absorbe 7 millions de dollars par an. Qu'on suppute ce qu'il faut pour l'organisation entière des fonctionnaires municipaux, pour la justice, pour les députés du Corps législatif de l'Etat de New-York du concours desquels on a besoin afin d'éviter le vote de lois ruineuses, et même pour certains membres du Congrès de Washington, et l'on se rendra compte qu'il s'agit là de tout un énorme budget, aussi important que celui d'un grand service public ou d'un ministère, le ministère de la prostitution !

Et voilà le vertueux pays qui voudrait prohiber, comme pornographique, le roman français !

§

La Dépêche de Brest nous apprend que M. Saint-Pol-Roux, habillé en bonhomme Noël, grande barbe blanche, hotte de joujoux, etc., s'est amusé à faire une apparition à Camaret, où il a distribué des cadeaux aux enfants. La fête semble avoir été bien préparée et organisée avec soin. C'est sur un bateau que le bonhomme Noël est arrivé, débarquant au milieu de l'enthousiasma enfantin. Réalisation d'une légende par un poète demeuré jeune, plus jeune, peut-être, de cœur, que les enfants eux-mêmes.

§

En 1898, Le Rire publia un dessin représentant un coq, chantant au lever du soleil. La légende porte : VANITÉ.— Si je ne chantais pas le matin, savoir si le soleil se lèverait !... Le dessin, de Roubille, l'étonnant et fécond humouriste.

L'Eclair, qui reproduit légende et dessin, insinue que toute la fable de Chantecler est là dedans, et ceux qui connaissent le sujet de la pièce ne le contrediront pas.

§

De l'Intransigeant :

M. G. Deschamps écrit dans le Temps :

Est-ce que les « fuites » de Chantecler vont ouvrir une issue par où les poètes, tous les poètes pourront, comme les oiseaux de la Porte-Saint-Martin, prendre leur vol ? Les poètes sont, pour ainsi dire, emprisonnés dans les cadres d'une société trop encombrée de prose.

Il faut féliciter le Temps d'ouvrir ses colonnes à la prose si vivement imagée du brillant critique.

§

Le prix du concours d'épigrammes de Comœdia :

Puisqu'un si grand amour joint Maurras à Daudet,
Pourquoi, l'un étant sourd, l'autre n'est-il muet ?

R. DE BURY.


ÉCHOS

Une lettre de M. Endre Ady. — A propos de Stendhal et ses livres. — Mort de M. Frederick Greenwood. — La Réforme de l'orthographe. — The English Review. — Les sept défauts des romans japonais contemporains. — Pour l'adoption du français comme langue auxiliaire. — Trouvaille. — Un parc national en Suisse. — Livres rares et pots rares. — L'Art à Monte-Carlo. — Erratum. — Publications du Mercure de France. — Le Sottisier universel.