Notice, Echos , Texte

Sous les sombres sapins sexagénaires dont les branches s'alourdissaient vers les pelouses jaunies, côte à côte ils allaient.

Notice

1° Edition originale :

Sixtine, roman de la vie cérébrale, comme il se présente lui-même, est dédié à Villiers de l'Isle-Adam. C'est un in-18, publié en 1890 par Albert Savine, 12, rue des Pyramides, Paris et mis en vente le 20 septembre d'après le Mercure de France du même mois. En épigraphe :

..... Status evanescentiae.
LEIBNITZ.

Il est annoncé du même auteur comme sous presse ou en préparation :

1° ROMANS, CONTES, POÈMES EN PROSE

Patrice, dernier du nom.

L'Ostensoir.

Proses moroses.

Contes bleuâtres.

2° CRITIQUE LITTÉRAIRE

Les Décadents de jadis.
Villiers de l'Isle-Adam :

Notes et documents inédits.

Manuscrit (source : Bibliothèque du colonel Daniel Sickles, Trésors de la littérature française des XIXe et XXe siècles, livres et manuscrits, deuxième partie, Drouot, 28 et 29 novembre 1990) . Le manuscrit de Sixtine a été acquis par le Conseil général de la Manche pour la somme de vingt-et-un mille euros en 2002 et a été exposé lors de l'exposition Remy de Gourmont, l'Ours à écrire (Archives départementales de la Manche, 20 septembre-9 novembre 2002). Autres expositions : Bibliothèque Jacques-Prévert, Cherbourg-Octeville, 1er avril-31 mai 2003.

3° Autres éditions :

Mercure de France

In-16 avec un frontispice et un fleuron de Georges d'Espagnat et un fac-similé du manuscrit, Collection des chefs-d'œuvre, La Connaissance, 1923. Tiré à 990 exemplaires, dont 25 sur Japon impérial, 400 sur Hollande van Gelder, 365 sur vergé teinté Lafuma. Le texte a été composé à la main et tiré sur les presses de Champollion de Jules Ceas et Fils, maîtres-imprimeurs à Valence-sur-Rhône.

10/18, 1982 (suivi de Lettres à Sixtine et précédé d'une belle préface d'Hubert Juin)

Sixtine, illustration de Kim Line Sum Suol & reproduction de 24 pages du manuscrit, postface de Christian Buat, Editions du Frisson Esthétique, Saint-Lô, 30 octobre 2005. Ouvrage publié avec le concours du Centre régional des lettres de Basse-Normandie. ISBN : 2-9523358-0-X Prix public : 25€

Very woman. A cerebral novel, traduit par J.-L. Barrets, New York, Nicholas.-L. Brown, 1922.

Sykstyna, romans z życia cerebralnego, traduction et préface de Julian Rogoziński, Czytelnik, Varsovie,1979

Sixtine, romanzo della vita cerebrale, traduit par M. Balatti, postface de T. Goruppi, Serra e Riva editori, Milan,1982

4° Envoi :

à M. Charles Blanchet :

à J.-K. Huÿsmans

5° Recensement des exemplaires (huit exemplaires sur Hollande) :


Echos

4 novembre [1890]. Sixtine, par R. de Gourmont : un délayage bien fait. C'est plein de belles choses grises, de gens qui raisonnent et ne vivent pas. Les noms mêmes sont distingués, prétentieux. Du Barrès, avec moins d'esprit. Et puis, aussi, des souvenirs de procédés latins qui l'obligent à faire toujours suivre un mot d'une épithète quelconque. Il donne une énorme importance au cogito de Descartes, et oublie que c'est une banalité ou simplement, peut-être, un jeu de mots. C'est d'un joli pathos. Je vous dis que nous revenons à Mlle de Scudéry. Un livre tout entier dominé par l'idée kantienne. C'est un livre superbe pour le cas qu'il fait de Villiers de L'Isle-Adam.

5 novembre. Ça finit, Sixtine, par la mort d'un parapluie [...].

Ier décembre. On a la sensation, en lisant Sixtine, de tremper le bout de ses doigts dans du velours où il y aurait des épingles. Le velours, il s'étale. Les épingles, elles piquent (Jules Renard, Journal).

Rachilde a créé, avec [Monsieur Vénus], un genre dont je croyais que le Gourmont de Sixtine avait l'honneur ; mais Sixtine est postérieur de six ans. « Roman cérébral », porte le sous-titre de Sixtine. Non moins que Robert d'Entragues, Raoule de Vénérande est un pur produit cérébral. Tous deux, sans parenté proche avec aucun héros de roman, se ressemblent comme frère et sœur, bien que leurs aventures n'aient rien de commun. Et même leur comparaison conduirait à reconnaître que la création du premier ressortit plus à l'artifice, celle de la seconde à l'instinct ; que le symbolisme romancier de Rachilde part d'une source plus naturelle que celle dont le symbolisme de Gourmont jaillit... (Marcel Coulon, « L'imagination de Rachilde », Anatomie littéraire, Librairie des Lettres, Paris, s. d.)

Jean-Pierre Bertrand , Michel Biron, Jacques Dubois, Jeannine Paque, Le Roman célibataire. D'A Rebours à Paludes. José Corti, 1996

F. Boissin, « Sixtine », Polybiblion, t. XLI, 1891

Blaise Cendrars, Dites-nous, monsieur Blaise Cendrars…, réponses aux enquêtes littéraires de 1919 à 1957, recueillies, annotées et préfacées par Hughes Richard, Éditions Rencontre, Lausanne, 1969, p. 169 (enquête parue dans Point de vue – Images du monde, 12e année, nouvelle série, n°397, 21 janvier 1956, p. 20-21)

Pour quel auteur avez-vous la plus vive admiration ?

Un livre qui a beaucoup compté pour moi, c’est Sixtine, de Rémy de Gourmont.

L. Deffoux & P. Dufay, Anthologie du pastiche, tome second, Les Editions G. Crès & Cie, 1926

Le Naturalisme et le Symbolisme. Nous avons vu que M. Alfred Vallette, alors qu'il publiait, dans le Scapin, Monsieur Babylas – dont, en librairie, l'éditeur Tresse devait faire le Vierge – reconnaissait que l'école symboliste avait marché de conserve avec l'école naturaliste.

M. Mallarmé est contemporain de Zola, constatait-il, et si Champfleury et Balzac précèdent Zola qui incarne le naturalisme, Alfred de Vigny et Baudelaire précèdent M. Mallarmé qui incarne le symbolisme... Le vrai suggestif qui fait penser est d'une difficulté d'exécution aussi grande au moins que l'invention d'un symbole. (Le Scapin, 16 octobre 1886.)

Sixtine, « roman de la vie cérébrale », par Remy de Gourmont (Paris, Savine, 1890 ; in-12) est, en quelque sorte, le modèle du roman symboliste. Or, il vient en partie d'A Rebours de J.-K. Huysmans, et le principal personnage, Hubert d'Entragues, ne ressemble pas moins à des Esseintes que celui-ci à M. Folantin de A Vau-l'eau, qui est le type même du roman naturaliste. De la recherche des biftecks tendres à la poursuite de la femme esthète, il n'y a que la valeur d'une nuance de style.

Louis Denise, « Sixtine », Mercure de France, novembre 1890

Fernand Drijkoningen, « Rapport à... Gourmont », in Rapports, Het Franse Boek, LXII, Amsterdam, 1992

Fernand Drijkoningen, « Tour d'Ivoire et Communication, Sixtine de Gourmont », in (En)jeux de la communication romanesque, Christa Stevens, Amsterdam ; Atlanta, GA, Rodopi, 1994

Tiziana Goruppi, « Les schopenhauerdeurs », in Paul Valéry et le Politique, L'Harmattan, Paris, 1994

Alexia Kalantzis, Le monologue intérieur dans l'œuvre romanesque de Remy de Gourmont : Sixtine, Les Chevaux de Diomède, Un cœur virginal, Université Paris-IV Sorbonne, juin 2002

André Karatson, « Les arcanes de l'idéalisme (réception esthétique de Schopenhauer dans Sixtine de Gourmont) », in Schopenhauer et la création littéraire en Europe, sous la direction d'Anne Henry, Paris, Méridien-Klincksieck, 1989.

L. Kreider, « Sixtine », Studi di letteratura francese, 9, 1983

Jean-Nicolas llIouz, Le Symbolisme, Le Livre de poche, « Références », n°582, 2004, p.138-139

Louis Laloy, « Sixtine », Comœdia, 18 mars 1923, p. 3

Marcel Longuet, « A propos de La Révolte », Bretagne, 17e année, n°163, août 1938, p. 249-250

A. M. [Albert Mockel], « Petite chronique », « Sixtine, par Remy de Gourmont », La Wallonie, t. V, 4e année, 1890, p. 387-388

Lucien Muhlfeld, « Chronique de littérature », La Revue blanche, novembre 1891, p. 146-149

Montserrat Morales Peco, « Aspectos de la enunciacon narrativa en Sixtine de Gourmont », p. 307-320, Actas del II coloquio sobre los estudios de filologia francesa en la universidad espanola, (Almagro, 3-5 de mayo de 1993, edicion preparada por Juan Bravo Castillo, Cuenca, Servicio de Publ de la Univ de Castilla-La Mancha, 1994

Adolphe Retté, « Considérations sentimentales à propos de Sixtine », L'Ermitage, n° 11, nov.1891

Ivanna Rosi
- « I colori di Sixtine, Percezione visiva, imagine mentale, metafora », pp. 3-15, Remy de Gourmont : atti del Convegno di Monselice, a cura de Patrizio Tucci, « Biblioteca francese 1 », Unipress, Padoue, 1997, 300 p.
- « Les couleurs de Sixtine : perception visuelle, images mentales, métaphores », Gourmont, Editions de l'Herne, 2003, pp. 224-233

Camille de Sainte-Croix, « Sixtine », La Bataille, 21 octobre 1890

Anna-Maria Scaiola , « Una traduzione di Sixtine », Micromégas, n° 2-3, mai-décembre 1982

Richard Schryock, « L'autoréférentialité dans la littérature décadente-symboliste. De l'illisible au social », pp. 78-88, Symposium, XLVIII, 1994-1995

Jérôme Solal, « D'Entragues et des Esseintes : le seuil secret », Gourmont, Editions de l'Herne, 2003, p. 211-223

Karl-D. Uitti, « Le problème de Sixtine : rhétorique et structure », Modern Language Notes, 82, Baltimore, 1967

« Un livre à redécouvrir : Sixtine de Rémy de Gourmont », La Manche libre, édition de Coutances, 25 décembre 2005

René-Pierrre Colin, « Remy de Gourmont, Sixtine, Editions du Frisson Esthétique, 2005 », Cahiers Paul Léautaud, n° 39-40, 2006, p. 123-124

Céline Guénolé, « Sixtine, une œuvre majeure de Remy de Gourmont rééditée par Esther Flon », Le Viquet, n° 151, Pâques 2006, p. 3-5

Nicolas Malais, « Actuelles. Vient de paraître : Sixtine de Remy de Gourmont », Le Magazine du bibliophile, n° 51, mars 2006, p. 6





Céline Guénolé, « Sixtine réédité au Mercure de France », La Presse de la Manche, 28 décembre 2016

« Sixtine rentre à la maison...», Histoires littéraires, n° 71, juillet-août-septembre 2017

Nota bene :

Parcourant Histoires littéraires pour voir s'il était compte rendu des Dialogues des amateurs (j'avais demandé à Garnier de faire le service, mais j'ignore si cette demande a été suivie d'effet), je suis tombé sur le compte rendu de Sixtine, dont j'ignorais l'existence, sinon je n'eusse pas manqué de dénoncer plus tôt la malhonnêteté intellectuelle du rédacteur. « Avouons, conclut-il, pour terminer que l'établissement du texte par Christian Buat ne laisse pas sans une certaine perplexité lorsqu'il explique dans une notice finale avoir établi le texte « à partir de l'édition originale (...), corrigée le cas échéant par celle du Mercure de France (1910) ou par celle de La Connaissance (1922) ». N'aurait-il pas été plus simple de choisir (en évitant l'édition posthume de 1922) ? Quoi qu'il en soit, on se réjouit que ce beau volume apporte de nouveaux lecteurs à l'œuvre clef de Gourmont. »

Consulter trois éditions, serait-ce comme « manger l'herbe d'autrui », un crime abominable ? Mais il est bien évident que ce qui me fait réagir, ce ne sont pas les lignes qui précèdent, bien que je ne saisisse guère le pourquoi d'un tel reproche, dans la mesure où il est probable que Jean de Gourmont n'a pas été étranger à l'édition de La Connaissance. Ce qui me fait réagir, c'est que n'ait pas été signalé que mon édition a été établie à partir du manuscrit original, ce qui a permis de signaler des variantes intéressantes et surtout de faire des corrections qui rendent plus clairs certains passages (dont l'obscurité ne ressortissait pas à l'écriture symboliste !). Attirer l'attention sur l'accessoire et omettre l'essentiel, c'est bien, je le répète, de la malhonnêteté intellectuelle.


A consulter :

Sixtine & Sixtine

Texte

Gallica