ÉCHOS

Mort de Jérôme K. Jérôme. — Mort de Georges Dubosc. — Mort d'Albert Savine. —L'anniversaire de la mort d'Emile Zola, — Prix littéraires — Le vrai Georges Eekhoud. — « Mon faubourg Schaerbeek », par Georges Eekhoud.— A propos du IVe centenaire de Philippe II. — Une lettre de M. Albalat. — A Glozel. — Une thèse- sur le « Mercure de France ». — La seconde mort du Comte Primoli. — Le tarif des « pêcheurs à la ligne » en 1843. — Le Sottisier universel. — Publications du « Mercure de France ».

Mort d'Albert Savine. — Albert Savine, homme de lettres et éditeur, vient de mourir à l'âge de 69 ans.

Il avait débuté, vers 1882, comme lecteur à la librairie E. Giraud, 18, rue Drouot. M. J.-H. Rosny aîné a décrit, dans Torches et Lumignons, cette boutique d'où sortirent de beaux ou de curieux livres : Le Crépuscule des Dieux et Sous la Hache, d'Elémir Bourges ; Madame X..., d'Albert Pinard ; Tous quatre, de Paul Margueritte ; Nell Horn, de Rosny ; des œuvres de Camille de Sainte-Croix, René Ghil, Oscar Méténier, etc.

Chez Giraud, Albert Savine édita ses premiers volumes : Les Etapes d'un naturaliste, impressions et critique, et Le Commandeur Mendoza, roman traduit du castillan de Juan Valéra (1885).

Peu après, ayant repris la firme de Giraud, il transporta « La Nouvelle Librairie parisienne 11,12, rue des Pyramides où il publia quelques-uns des livres marquants de cette époque : Les quarante médaillons de l'Académie française, de Barbey d'Aurevilly ; L'Agonie et Byzance, de Jean Lombard ; Sixtine, de Remy de Gourmont ; Un brelan d'ex-communiés et Christophe Colomb devant les taureaux, de Léon Bloy ; Biribi, de Georges Darien ; Vieux, d'Albert Aurier ; En Décor, de Paul Adam ; Le Bilatéral et Le Termite, de Rosny ; Elève-Martyr, de Marcel Luguet, etc.

Il eut en dépôt La Neva, recueil de vers de Louis Dumur, imprimé et paru à Saint-Pétersbourg.

Son fonds d'auteurs étrangers, très important, allait des poètes décadents portugais à Henrik Ibsen.

Lui-même fit de très nombreuses traductions d'écrivains anglais, portugais et surtout espagnols, ce qui explique qu'il figure dans Le Petit Bottin des Lettres et des Arts avec cette mention :

Le Buffon de la littérature espagnole. Grâce à lui nous en avons fini avec le traduttore, traditore.

Le grand événement de sa vie fut la publication de La France juive d'Edouard Drumont, Grand événement qui eut, pour cet homme sympathique et plein de fantaisie, des conséquences malheureuses. Il avait compté sur un succès plus grand encore que celui qui accueillit cet ouvrage.

Après avoir quitté sa maison d'édition, il travailla pour ses collègues de la veille, fonda des collections de mémoires historiques, de traductions et, jusqu'à ces dernières années, passait la plus grande partie de son temps dans la grande salle de la Bibliothèque Nationale. — L. DX [Léon Deffoux].

Mercure de France, 1er juillet 1927, pp. 248-249.