Charles-Théophile Féret par Georges Laisney.

Voici comment Charles-Théophile Féret (1858-1928) se présente lui-même (?) dans Anthologie des poètes normands contemporains (1903) :

Ch.-Th. Féret est de Quillebœuf, prononcez Kilbeu, ville fondée à l'estuaire de la Seine par les danois de Kilboë.

C'est une petite ville déchue, autrefois glorieuse, capitale du Roumois, justement nommée « la cité des Pilotes », pépinière de marins, naguère d'héroïques flibustiers. Elle a gardé longtemps ses vieilles maisons, ses vieilles mœurs, une langue très voisine de celle du Pollet ; c'est une ville à part en Normandie. Encore aujourd'hui elle semble à peine réveillée du seizième siècle, voir[e] du onzième ! Tout cela explique le poète d'un normannysme farouche qui a écrit :

Moi, barbare danois des îles Faroër,
En l'honneur de l'aïeul aux gabares d'enfer
Dont la proue écarlate ensanglante la mer,
J'ai dans ces vers forgé l'or conquis et le fer !...
Le parler du vaincu sonne dans ma harangue...
Pas son âme !...

Féret a quarante-quatre ans. Sauf une plaquette de vers publiée en 1886, il n'écrit que depuis trois ans à peine. Le caractère de son œuvre est nettement racique. Il a collaboré à la Revue Normande, au Pays Normand, à la Province, au Journal de Rouen, au Nouvelliste de Rouen, régulièrement à la Gerbe, Normande, à la Normandie Historique.

Il dirige la Vie Normande. Il a fondé la Société des Poètes de Normandie. Il n'écrit dans aucun journal de Paris.

Vers : Les Faunesses, 1886 (chez Giraud, 88 pages), Louvain, la Normandie exaltée (1902, chez Dumont, 42, rue Barbey-de-Jouy, 205 pages).

Prose : Contes de Quillebœuf et du Roumois, le Sixième Précepte, l'Enfant de Mademoiselle Dousse, les Chauffeurs, Sœur Barbue, Frère de Norwège ; conte de Noël : la Fille du Menuisier ; conte gaulois : Hennachius ; conte latin : Venus Medicinalis.

Critique : 1° Léo Trézenik ; 2° Du mécanisme des images chez les poètes Normands contemporains ; 3° Les écrivains normands contemporains.


Vu par Lucie Delarue-Mardrus :

Et comment, ne me souviendrais-je pas aussi de Charles-Théophile Féret, ce grand Normand que j'appelais « notre Leconte de Lisle à nous », fier poète et commerçant habile, dont La Normandie Exaltée et bien d'autres œuvres honorent tant notre province ?

Pour celui-là je représentais une sorte de divinité que, par ferveur tremblante, il préférait ne pas trop souvent voir.

Ce fut lui qui, le premier, me donna mon titre de duchesse de Normandie, titre que les Normands veulent bien me conserver, pour mon amusement et ma fierté.

Fernand Fleuret et moi, soutenus par Charles Le Goffic, maniâmes la hache d'abordage pour faire avoir à ce méconnu le Prix des Vikings. Il en fut le premier lauréat. Il devait mourir peu de temps après, emportant sur une tête vieillie la seule couronne qui lui fut enfin consentie pour la constance de son lyrisme que rien ne pouvait décourager (Mes Mémoires, Gallimard, 1938, p. 165).


Vu par Georges Laisney :

« Mais, sous la tunique du berger virgilien, dessous la robe de l'archer furieux, paraissent (il prend tous les aspects pour saisir la beauté) les pieds fourchus d'un faune et voici qu'éclate

Un grand rire de bouc sacrilège et salace...

Héritier de Saint-Amant, Féret n'en renie point la « truculence obscène » et combien irrévérencieusement chiffonne les robes des « sœurs neuvaines »

Thalie a fait quelques frasques
Chez les satyres bouquins...

Est-ce un trait normand ? Malherbe fut parfois appelé : le satyre [1]...»

[...] « Nos poètes font partie de nos richesses. Féret dira Corneille à la table de marbre, Bois-Robert, Saint-Amant, Fontenelle, Maupassant, Rémy de Gourmont... »

[1] Rappelons que l'auteur des Lettres d'un satyre est apparenté à Malherbe (note des Amateurs).


Sur Charles-Théophile Féret :

Camille Cé, « A Ch.-Th. Féret », La Feuille en 4, novembre 1928

Camille Cé, « Charles-Théophile Féret, poëte normand », Revue d'études normandes, n° 8 — juin 1909, p. 289-294 ; n° 9, juillet 1909, p. 351-357

Camille Cé, « Notre Féret », La Revue normande, n° 131 — printemps 1935, p. 62-72

Marcel Duhamel, « Les poèmes », Mercure de France, 1er mai 1912 p. 142-143

Robert Duquesne, Quillebeuf et Charles-Théophile Féret, Evreux, 1929

Fernand Fleuret, « Charles-Théophile Féret », De Gilles de Rais à Guillaume Apollinaire, Mercure de France, 1933, p. 219-256

André Fontainas, « Ch.-Th. Féret : L'Arc d'Ulysse », Mercure de France, 1er août 1919, p. 492-493

André Fontainas, « Ch.-Th. Féret : Le Verger des muses et des satyres bouquins », Mercure de France, 1er mars 1925, p. 458-459

André Fontainas, « Ch.-Th. Féret : La Normandie exaltée », Mercure de France, 1er novembre 1921, p. 747-748

André Fontainas, « Charles-Théophile Féret : Le Livret des ballades », Mercure de France, 15 juillet 1926, p. 408-409

André Fontainas, « Ch.-Th. Féret : La Normandie exaltée », Mercure de France, 1er octobre 1928, p. 169-170

Raoul Gain, « La Barque de cuir, de Ch.-Th. Féret », La Mouette n°94, octobre 1925, p. 248-249

Raoul Gain, « Notre Féret », Artistes et écrivains normands, n°24, 15 décembre 1934, p. 1-5

Jean de Gourmont, « Charles-Théophile Féret : Poétesses normandes. Du bidet au pégase. Chroniques en vers et en prose », Mercure de France, 1er août 1908 p. 499

Jean de Gourmont, « Charles-Théophile Féret : Anthologie critique des Poètes normands de 1900 à 1920 », Mercure de France, 1er décembre 1920, p. 465-468

Jean de Gourmont, « Ed. Spalikowski : Etudes de littérature normande contemporaine », Mercure de France, 1er juillet 1924, p. 192-194

Julien Guillemard, « Les livres : Un impromptu chez le duc de Choiseul », La Mouette, novembre 1923, p. 302.

Julien Guillemard, « [article sur Notre Ch.-Th. Féret, par Gaston Le Révérend] », Le Petit Havre, 15 décembre 1933

Yves Jacob, Les Grands moments littéraires de Normandie du XVIIIe siècle à nos jours, Editions Charles Corlet, 1981, p. 125-131

Jehan le Povre Moyne, « Le Verger des Muses et des Satyres bouquins, de Ch.-Th. Féret », La Mouette n°84, décembre 1924, p. 288

Roger Joassard , Charles-Théophile Féret, fondateur de la Société des écrivains normands en 1923 : une étude biographique, L’Esnèque, 1981

Georges Laisney , « Charles-Théophile Féret », Terre normande, n° 6, mars-avril 1947, p.16-17

Gabriel-Ursin Langé, « Glose sur le Louvain de Féret », Artistes et écrivains normands, n°15, 15 janvier 1934, p. 45-46

Gabriel-Ursin Langé, « Note en marge de l'Arc d'Ulysse », Artistes et écrivains normands, n°29, 15 mai 1935, p. 165

Henri Le Bret, « Le Verger des muses, de Ch.-Th. Féret », Normandy-Revue, n°4, 30 avril 1914, p. 53-55

André Lemoine, thèse sur Féret [?]

Gaston Le Révérend, « Dits et devis sur l'Arc d'Ulysse », Normandie, n°23-24, mars-avril 1919, p. 17-22

Gaston Le Révérend, Notre Ch.-Th. Féret, Imprimerie centrale de Basse-Normandie, 1934

Jean Mabire, « Les poètes normands et l'idée nordique. Charles-Théophile Féret », Heimdal, n° 6, décembre 1972, p.12-15

Jean Mabire, « Deux poètes normands chantent Bayeux », Heimdal, n° 10, hiver 73, p.22-23

« Jean Mabire », Heimdal, n° 28, automne 1979, p. 47-48

Jean Mabire, « Charles-Théophile Féret », Des poètes normands et de l'héritage nordique, Editions Antée, octobre 2003, p.167-176

Charles Merki, « Voyages : Ch.-Th. Féret, André Lebey, Edmond Spalikowski et divers écrivains régionaux : Normandie et Normands d'aujourd'hui », Mercure de France, 1er août 1928, p. 666-669

Erik Norois , « Le Florilège poétique, de Charles-Théophile Féret », Terre normande, n° 6, mars-avril 1947, p.18

Raymond Postal : « Les Livres, le Théâtre et les Idées : l'Arc d'Ulysse, poèmes par Charles-Théophile Féret (Crès, éditeur, 1919) », La Revue normande n° 37-39, juillet-septembre 1919

Georges Prévot, « Clément Marot est-il normand » La Grande Revue, août 1923, reproduit dans « Les revues », Chronique des lettres françaises, n°6, nov.-déc. 1923, p. 781-782

Rachilde, « Le sixième précepte », Mercure de France, septembre 1900, p. 764

Yvanohé Rambosson, « Publications d'art », Mercure de France, juillet 1902, p. 255

Maurice Souriau, « La Poésie en Normandie », La Revue normande, n° 58-59, mai-juin 1921, p. 85-90

Edmond Spalikowski, Charles-Théophile Féret (Témoignages et Souvenirs), Jouan et Bigot, Caen, s. d. [1929 ?]

Edmond Spalikowski, « Féret et Roinard », Artistes et écrivains normands, n°14, 15 décembre 1933

Almanach des lettres françaises et étrangères, publié sous la direction de Léon Treich, Editions Georges Crès & Cie, dimanche 20 janvier 1924, p. 78

Hommage à Ch.-Th. Féret, par Lucie Delarue-Mardus, Camille Cé, A. galopin, J. Boulenger, H. Dutheil, F. Fleuret, Raoul Gain, A.-M. Gossez, Julien Guillemard, G.-U. Langé, M. Lebarbier, Ph. Lebesgue, A. Lemoine, G. Le Révérend, R. Postal, Cl. Préaux, Edmond Spalikowski, Pierre Varenne, Francis Yard, etc. — Illustrations de F. Yard, Raphaël Brault, H.-E. Burel, A.-M. Le Petit, etc. — Poèmes inédits de Féret [parution prévue en 1935]

Les Treize, « Les Lettres : La Normandie exaltée, par Ch.-Th. Féret », L'Intransigeant, 30 mai 1921, p. 2

« La poésie : Le poète Charles-Théophile Féret », Nouvelle Revue française, n° 122, 1er novembre1923

« La poésie : La Barque de cuir, par Charles-Théophile Féret », Nouvelle Revue française, n° 150, mars 1926

« Ch.-Th. Féret, La Normandie exaltée », Revue des lectures, 1928, p. 961

Charles-Théophile Féret

Né à Quillebœuf, à l'estuaire de la Seine, Ch.-T. Féret est certainement le plus grand poète normand de notre époque. Plus d'une pièce de son Bourdeau, qu'on ne peut évidemment mettre entre toutes les mains, n'est point inférieure aux meilleures Priapées de Maynard. Féret a beaucoup produit : des vers, les Faunesses, la Normandie exaltée, des contes, l'Arc d'Ulysse, les Couronnes, etc. ; des romans, l'Enfant de Mlle Dousse, Sœur Barbue, Frère de Norvège, les Chauffeurs, le Sixième prétexte, la Fille du menuisier, Hennachius, Venus Medicinalis, la Réincarnation de Claude le Petit, etc. ; des pièces de théâtre : Maître François Villon ; des satires : Du Bidet au Pégase (les poétesses normandes de Marie de France à Mme Delarue-Mardrus), le Verger des Muses ; des livres de critique : Léo Trézenik, les Origines normandes de François Villon, Du Mécanisme des images chez les poètes normands contemporains, etc.

Ch.-T. Féret, qui a dépassé la soixantaine, pourrait bien être le type de l'écrivain méconnu.]

(Almanach des lettres françaises et étrangères, publié sous la direction de Léon Treich, Editions Georges Crès & Cie, dimanche 20 janvier 1924, p. 78)

L[éon] D[effou]x, « Echos : Mort de Charles-Théophile Féret », Mercure de France, 1er septembre 1928, p. 502-503


De Charles-Théophile Féret :

« Le mécanisme des images. — Chez les poètes normands contemporains », La Normandie, n° 1, janvier 1903, p. 30-35

« Alain Chartier », Normandy-Revue, n°4, 30 avril 1914, p. 56

« Pour une morte », Les Marges n°65, 1er septembre 1919

« A Jean de Gourmont. Sonnet », Images de Paris, septembre 1920

« La mort de maître François Villon », Belle-Lettres, juillet 1922

« Pour Rémy de Gourmont », Le Figaro (supplément littéraire), 1er octobre 1922

« Pour Rémy de Gourmont », Belle-Lettres, octobre 1922

« Ballades », La Muse française, 10 novembre 1925


A consulter :

La Petite Ville

Ronsard, époux des nymphes

Le Livret des ballades

Anthologie des poètes normands contemporains

Anthologie critique des poètes normands

Remy de Gourmont vu par Charles-Théophile Féret

Scripsi n° 1