Annales politiques et littéraires, 1905.

1. « Le Latin Mystique », Mercure de France, novembre 1892 & Chroniques, Bernouard, 1928
2. « Proses moroses », Mercure de France, juillet 1894 & Chroniques, Bernouard, 1928


1. « Le Latin Mystique », Mercure de France, novembre 1892 & Chroniques, Bernouard, 1928, p. 189-199


2. « Proses moroses », Mercure de France, juillet 1894 & Chroniques, Bernouard, 1928, p. 201-202

De petites pages comme frottées de ciguë, entre lesquelles ont séché des brins d'ancolie, semées de mots suraigus et blêmes ; des phrases aux contours rapides, semblables à de simples coups de pinceau qui suggèrent tous les gestes de la vie par une ligne grasse ; des perversités promptes et acérées, et qui entrent en agonie dès qu'elles ont été conçues ; un monde minuscule de drames brefs, haletants qui tournoient follement ainsi que des petites toupies dans leurs derniers circuits ; des sentiments éphémères comme les renouveaux lassés des fins de passion.

A cent ans de distance, M. Remy de Gourmont a enclos dans ce livret oblong la science cruelle de l'âme et de la chair des Delaclos et des Sade (puisque par infortune ce mauvais écrivain est resté le meilleur représentant de son tour d'esprit) ; mais la perversité des « proses moroses » est plus nuancée et plus variée. Certes, Primary est un digne descendant de M. de Valmont ; comme lui, il écrirait: « J'aime de passion les mines de lendemain. Vous n'avez pas l'idée de celle-ci, c'était un embarras dans le maintien ! une difficulté dans la marche ! des yeux toujours baissés, et si gros, et si battus ! cette figure si ronde s'était tant allongée ! Rien n'était si plaisant ».

Mais Primary a inventé d'autres teintes de plaisir, que Valmont ne connaissait point. Il ne se contenterait pas de tourmenter la naïve Cécile Volanges ou la belle présidente ; il trouve de la jouissance à donner un faux espoir à la pauvre veuve d'un bijoutier, ou à saluer avec respect et déférence les mendiants qui lui tendent leurs chapeaux troués. Auprès de Valmont, Primary est un gourmet raffiné.

Tout le livre de M. de Gourmont est plein de ce raffinement; et ses histoires tuent avec ironie, tuent une seconde fois ce que le scepticisme athée du XVIIIe siècle avait tué déjà, tuent par un scepticisme religieux, comme l'opérateur des morts perce le cŒur de l'aimée avec une épingle qui ala forme d'une croix.


« Chroniques », Les Œuvres complètes de Marcel Schwob, Bernouard, 1928

Table des matières

Anatole France, 7

Ferdinand Brunetière, 13

Paul Bourget, 21

Buffalo Bill, 27

Un ami Littré, 33

La Belle Gabrielle, 45

Le Plébiscite Jonquières

Les Assassins, 53

L'Exécution, 59

Gustave Merlet, 65

Jean Richepin, 73

Théodore de Banville, 79

Paul Verlaine, 85

Barnum, 91

Rabelais, 90

Catulle Mendès, 107

François Villon, 111

Essai sur le parapluie, 117

Le Géant Egoïste, 123

Luscignole, 131

Blanches-Mains, 137

Les « Rouges » à Bâle, 143

Nidau, 149

La Main de gloire, 155

Rampsinit, 159

L'Origine, 165

Matoaka, 171

La Maison close, 175

En Lorraine, 179

Psychologie du Bonneteau, 183

Le Latin mystique, 189

Proses Moroses, 201

Annabella et Giovanni, 203

Le Dynamiteur, 217

Le Démon de l'absurde, 225

La Chambre blanche, 229

Hiésous, 233

Lettres à Valmont, 243


Nota bene : Proses moroses a été réédité en mars 2004 par les Editions A rebours.

A consulter :

Schwob vu par Gourmont

Site Marcel Schwob