L'Ermitage (avril 1890-1895) (janvier 1897-?) |
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Cinquième année, n°10, octobre 1894 Notices bibliographiques : Edmond Pilon, « Histoires Magiques par Remy de Gourmont (Mercure de France), pp. 266-267 Si M. de Gourmont était graveur, son burin nous donnerait certainement le loisir d'admirer des planches effrayantes et somptueuses où se mêleraient une légion de femmes nues, de succubes, de fœtus, d'homuncules ou de faunes cornus, des démons infernaux aux têtes obscènes et fatidiques. Mais M. de Gourmont est conteur, conteur original et pervers. Il sait toutes les nuances et tous les degrés des voluptés possibles et impossibles. Tout l'esprit que Poe dépensa pour des singes, des chats, ou d'extraordinaires aventures, lui semble l'avoir réservé uniquement pour la faunesse, la satyre et l'animale qu'est la Femme. Il est attiré par cette Ève moderne, névrosée, morphinée, opiacée, hantée par des visions phalliques et qui jouit délicieusement des viols les plus hideux et qui se pâme éperdument des baisers les plus voraces, cependant que son âme, vainement, se grise à des raffinements d'art symbolique à des débauches, idéales de possessions de Rêves. M. de Gourmont est un peu comme ces vieux sorciers allemands qu'on imagine dans des laboratoires chimériques, hantés de bêtes fabuleuses, penchés sur une cornue où bout quelque horrible élixir ; des femmes partent pour le sabbat guidées par des chouettes, des étincelles volent autour de lui, des cauchemars s'élucident dans les récipients et de temps à autre l'opérateur s'arrête pour écrire une ou deux pages : et chaque fois c'est une histoire magique. Magiques, certes, ces histoires, depuis celle de Péhor, le démon qui s'empare de la vierge folle, qui la consume d'une flamme érotique est finit par la laisser en pourriture, depuis ce Secret de don Juan si justement saisi, le Suaire, jusqu'à l'Antre, le Cierge adultère, Stratagèmes. La Marguerite rouge est peut-être la meilleure du volume. En résumé beaucoup de talent et de style dépensés et un effort de plus chez un artiste qui a déjà beaucoup donné. Le livre est adorné d'une remarquable lithographie d'Henry de Groux. Edmond Pilon. [entoilé par Vincent Gogibu, février 2007] Cinquième année, n°11, novembre 1894 Notices bibliographiques : Edmond Pilon, « Proses Moroses par Remy de Gourmont (Mercure de France) », pp. 330-331 Ce petit livre, conçu d'une façon plus restreinte que les Histoires magiques, montre la variété du talent de M. de Gourmont. On pourrait lui reprocher d'avoir toujours les mêmes préoccupations et de s'attacher trop à la Bête de Luxure. Mais il le fait avec un tel art qu'on ne saurait le blâmer. De temps en temps un faciès bourgeois bien saisi au passage ; au début une page tout à fait cruelle : Distraction matinale ; une hantise perpétuelle des petites chéries, perverses toujours, songeuses encore, lesbiennes souvent. C'est un bijou de plus à joindre à la luxueuse collection des œuvres de M. de Gourmont. L'auteur de Lilith et de Théodat apporte, à l'édition de ses œuvres, un soin de bibliophile soucieux. Et plus tard on recherchera ces joyaux littéraires. Ed. Pilon. [entoilé par Vincent Gogibu, février 2007] Sixième année, n°6, juin 1895 Edmond Pilon, « Phocas » Treizième année, n°2, février 1902 Jean Castiglia a déniché cet exemplaire consacré à une enquête dont le point de départ fut un épilogue de Gourmont. clic Seizième année, tome II, n° 715, juillet 1905 Des pas sur le Sable, par M. Remy de Gourmont. Dix-septième année, tome II, n° 11, 15 novembre 1906 Lettres Familières du Chevalier de l'Isle pendant l'année 1783. N. B. : dans la bibliographie, une note sur Une nuit au Luxembourg, par Rémy de Gourmont (Mercure)
Je collaborais quelquefois à l'Ermitage. Remy de Gourmont également. Il y créa dans chaque numéro une Chronique stendhalienne qui fut, je crois bien, la première du genre. (Léautaud, Passe-Temps)
Quand j'ai connu Mazel en 1895, il ne dirigeait déjà plus la revue l'Ermitage, qu'il avait fondée quelques années auparavant et qui tint une place importante dans le mouvement symboliste. L'Ermitage commença à paraître en Avril 1890, presque en même temps que le Mercure de France, la Plume et les Entretiens politiques et littéraires. Les jeunes gens qui fondèrent l'Ermitage, en se partageant les frais d'impression, étaient de simples étudiants. Ils se réunissaient dans une salle aujourd'hui disparue du côté du Jardin des Plantes. La plupart sont devenus magistrats sérieux ou doctes médecins ; aucun d'eux n'est resté dans la littérature, à l'exception d'Henri Mazel, qui donna tout de suite à sa revue une allure sérieuse, en y publiant des articles de critique et de sociologie. Si l'Ermitage eût trouvé des ressources pécuniaires, il eût certainement pris la place que devait occuper le Mercure de France, et Mazel y eût tenu le rôle de maître de chœur, au milieu d'une pléiade de jeunes écrivains qui se sont tous fait un nom dans les Arts, la Philosophie ou la Littérature : Régnier, Germain, Valin Bouyer, Robert Ritter, Soulier, Moréas, Merill, Viélé-Griffin, Herold, Bernard Lazare, Quillard, Pierre Louys, Retté, Dorchain, Lemoyne, Paul Masson, Jules Renard, Béranger, Boylesve, Rebell, Gide, Paul Fort, Des Gâchons, etc. (Antoine Albalat, Souvenirs de la vie littéraire, Crès, 1924, p. 125)
Lettre de Jacques Rivière à Henri Fournier du 7 septembre 1905 : [...] Question Ermitage : Évidemment il faut des protections. Je croyais les petites revues plus disposées que les grandes à accueillir le vrai mérite. Mais l'Ermitage ne crève pas assez de faim. Il ne prend que des noms. L'essentiel serait, je crois, de plaire d'abord à un type intelligent, qui vous pousserait ensuite. J'avais pensé pour mon compte à envoyer un article à Rémy de Gourmont. Je l'aurais intitulé : le choix d'une attitude ou la « composition du maintien ». Je l'ai commencé et abandonné. Je voulais y raconter les hésitations d'un jeune homme sur l'attitude à choisir dans la vie quotidienne, sur le masque de soi à présenter aux indifférents. Par là j'étais amené à parler de Barrès et de son enseignement. C'est cette partie que j'avais écrite avec assez d'enthousiasme mais qui n'a pas tardé à me dégoûter et à passer au panier. C'est pourquoi Rémy de Gourmont continuera à ignorer mon nom [...]. (Jacques Rivière & Alain-Fournier, Correspondance , I, avril 1904-avril 1907, Gallimard, 1991, p. 123)
294. L'ERMITAGE. Paris, 1890-1895. In-8°. Département des Imprimés. 8° Z. 13756. Fondée en avril 1890 par Henri Mazel, qui la dirigea jusqu'en 1893, cette petite revue était à l'origine destinée à publier les comédies d'une compagnie d'auteurs-acteurs amateurs, le Joyeux Lussac-Club, mais, dès son premier numéro, elle donnait un programme symboliste, différenciant nettement la génération montante du Romantisme et du Naturalisme. Adolphe Retté et René Tardiveaux (René Boylesve) en furent, dès 1892, les secrétaires de la rédaction ; ce poste fut occupé plus tard par Stuart Merrill, Louis Le Cardonnel et Hugues Rebell. Bientôt, l'Ermitage devint un des organes les plus actifs du symbolisme tout en faisant une place à l'École romane; il compta parmi ses collaborateurs Pierre Louys, Degron, Henri de Régnier, Rambosson, Vielé-Griffin, Laurent Tailhade, Ch. Maurras. Dès le début, l'Ermitage donna des articles d'histoire, de philosophie, de sociologie et des Chroniques régulières consacrées au théâtre (J. des Gâchons), aux beaux-arts (A. Germain), à la musique (Raymond Bouyer), aux sciences occultes (Pierre Valin), à l'art à l'étranger (W. Ritter), préludant ainsi à l'œuvre de synthèse que devait réaliser plus complètement le Mercure de France Une nouvelle série de l'Ermitage parut en 1897 sous la direction d'Edouard Ducoté, avec la collaboration de Remy de Gourmont, Charles Guérin, Henry Ghéon, Paul Claudel, (L'Échange), Francis Jammes (Jean de Noarrieu), André Gide, etc. (André Jaulme et Henri Moncel , Cinquantenaire du Symbolisme, Editions des Bibliothèques nationales, 1936, pp. 60-61)
A consulter : Pierre Lachasse, « Autour de l'Ermitage », André Gide & Edouard Ducoté. Corrrespondance, 1895-1921, Centre d'Etudes Gidiennes, 2002 , |