Grâce à l'heureuse initiative de Micheline et de Michel Viard, le pignon du n°1 de la rue Rémy-de-Gourmont [sic] à Coutances est adorné du portrait de l'auteur de Sixtine. C'est Sylvain Delaroque qui a reproduit avec talent le bois gravé de Joseph Quesnel.

Photo Christian Buat


Le portrait de Joseph Quesnel semble largement inspiré de celui de P.-E. Vibert, reproduit dans Divertissements.

Médiathèque de Coutances
Musée de Coutances
Imagerie du Pou qui Grimpe. Joseph Quesnel del. et sculp.

A consulter :

Ouest-France

La Manche Libre

Un grand merci au MARCHE DU REVETEMENT, qui a fourni et monté gracieusement l'échafaudage :

Imagerie du Pou qui Grimpe. Joseph Quesnel del. et sculp.


Le vendredi 10 juin 2005 a eu lieu une manifestation, organisée par M. Yves Lamy, maire de Coutances.




Sylvain Delaroque

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A consulter :

La Manche Libre

Ouest-France


Allocution de Christian Buat :

En désirant que soit reproduit sur le pignon du 1 rue Rémy-de-Gourmont le portrait de l'auteur de la Petite Ville, Micheline et Michel Viard — ainsi que M. le Maire, chaleureux approbateur du projet —, couraient un risque, celui de voir suscitée la curiosité parfois moqueuse, voire la répulsion, que le modèle provoquait dans les lieux publics. Était-ce sa faute, confiait Remy de Gourmont à Pierre-Eugène Vibert, au café de Flore, s'il n'avait pas l'heur de plaire aux autres consommateurs ? « Tout le monde n'a pas le privilège d'être assez médiocre et banal pour passer inaperçu aux yeux des imbéciles. »

Gourmont était, on le sait, défiguré par un lupus tuberculeux, guéri, mais qui l'avait transformé, selon la vigoureuse image de Paul Guth, en « morceau de mâchefer ambulant ». Au point que son propre père, venu l'accueillir à la gare de Coutances, ne l'avait pas reconnu. Alors que ses deux fils, Jean et Remy étaient en face de lui, il avait dit à Jean : « Eh bien, où est Remy ? Tu ne l'as donc pas amené ? »

Dans ces conditions était-il raisonnable d'adorner sa maison d'un portrait de l'Ours à écrire ?

Oui. Et à double titre.

D'abord, il s'agit d'une production de l'Imagerie du Pou qui Grimpe : un bois gravé de Joseph Quesnel, ce qui légitime, s'il en était besoin, son inscription dans le paysage urbain coutançais.

Ensuite ce bois s'inspire largement d'un bois de Vibert. À la réception d'une première mouture, Gourmont avait répondu que ce portrait lui plaisait, autant que pouvait lui plaire une figure dont il n'était pas amoureux. « La ressemblance est évidente. Donc je vous remercie et vous fais mon compliment ».

Vibert comprit que la ressemblance était trop brutalement évidente et fit le portrait dont Joseph Quesnel s'est inspiré.

Et ce que dit Edouard Martinet du portrait de Vibert vaut en grande partie pour celui de Quesnel. À cette réserve près que le bois de Quesnel, plus épuré, présente, me semble-t-il, un Remy de Gourmont, plus jeune, plus ironique.

« Sous le front en coupole, dégagé et puissant, les yeux, inquisiteurs, interrogent, en face, le regard de l'interlocuteur. [...] On oublie alors que le bas du visage est torturé. On ne songe plus qu'à ces yeux qui brillent, superbes et sereins, comme deux étoiles, dans l'infini de l'intelligence souveraine.

Et du portrait de Vibert, qui se sentait dominé par ces yeux quand il travaillait en présence de Remy de Gourmont, se dégage une impression de beauté profonde, toute de calme majestueux, de volonté clairvoyante et d'harmonieux équilibre. [...] n'est-ce pas aussi l'impression qui se dégage des livres de Remy de Gourmont ?

[...] C'est l'hommage [...] le plus respectueux de sa pensée qu'on puisse rendre à celui qui a mis la physiologie à la base de la psychologie, que de confondre en une seule l'impression que nous fait la contemplation de son image et celle que nous laisse la lecture de son œuvre. Par son talent de peintre, Vibert a donné à la postérité de pouvoir rendre cet hommage à Remy de Gourmont. »

Permettez-moi de corriger cette dernière phrase : Par leur talent, Vibert, Quesnel et, aujourd'hui, Sylvain Delaroque ont donné à la postérité de pouvoir rendre cet hommage à Remy de Gourmont.

Ne pouvant m'arrêter sur les autres portraits de Gourmont, je me contenterai d'évoquer rapidement, puisqu'ils n'existent pas, ceux qu'auraient pu peindre Picasso et le douanier Rousseau.

À la vue du portrait d'Apollinaire par Picasso, Remy de Gourmont, qui approuvait les dissociations opérées par le cubisme, « ne souhaitait rien tant qu'un portrait cubiste de sa personne ». Picasso, introduit par le poète d'Alcools, et Gourmont se rencontrèrent, mais il n'y eut pas de suite.

Quant à Rousseau le douanier, on peut s'amuser à imaginer que Gourmont s'est bien gardé de lui demander son portrait, étant donné la façon dont il honora une commande pour l'Ymagier :

« [Il me] communiqua, raconte Gourmont, l'esquisse d'une seconde planche dont je lui avais fourni le sujet : sainte Madeleine au désert apercevant dans l'eau où elle puise la figure de son amant divin. Je crois qu'il me comprit mal, car il m'apporta un Jésus en caleçon de bain qui faisait la planche. Je doutai soudain de son génie. »

Si Gourmont va vivre désormais doublement à Coutances par son buste et son portrait, n'oubliez pas que vous pouvez le faire vivre chez vous autant de fois que vous le voulez par la lecture de ses œuvres.

Je cite, tout à fait, au hasard : Merlette, aux éditions Le Lanchon, Couleurs, aux éditions de la Part Commune, la Petite Ville, avec des bois de Quesnel aux éditions Séquences, et bientôt, Sixtine, aux éditions du Frisson esthétique.

Je crois savoir, par délit d'initié, qu'un distingué gourmontien, René Le Texier, aurait commis un article sur les fêtes pour l'inauguration du buste à paraître en juillet dans la Revue de la Manche. Il tient en tout cas le sujet de son prochain article : 1 rue Rémy-de-Gourmont.

Christian Buat, maître entoileur du site des Amateurs de Remy de Gourmont.


A consulter :

L's houmes conséqueints d'par chin